Aurore Bergé est l'une de ces belles personnes comme la Macronie en compte tant.
Pugnace, les convictions chevillées au corps, celle qui fut durant ses primes années d'engagement politique un soutien de Nathalie Kosciusko-Morizet, Sarkozy, Juppé, Pécresse, Fillon (on vous livre ça dans le désordre, tellement on s'y perd), présidait depuis juin 2022 et jusqu’à ce 20 juillet 2023 le groupe Renaissance à l'Assemblée nationale. Longtemps qu’elle rongeait son frein dans l’espoir de décrocher une timbale ministérielle. On se souvient qu’en juillet 2020, si on avait évité la crise ministérielle, on n’avait pas échappé à la crise de larmes lorsqu’elle avait appris qu’elle ne faisait pas partie des nouveaux ministres d’un énième remaniement, avait révélé Le Point (la première intéressée avait démenti). Elle qui pourtant avait « tout donné à la Macronie », comme elle l’aurait alors confié. Visiblement, ça n’avait pas suffi.
À ce sujet — Aurore Bergé tente sa chance ailleurs
Mais ce 20 juillet, ça y est. Enfin ! Elle hérite du maroquin des Solidarités et de la Cohésion sociale. On n’ose pas dire en remplacement de Jean-Christophe Combe, vu que cet ancien patron de la Croix-Rouge était inconnu du pékin moyen. C’est donc un « profil politique » qui entre au gouvernement. On dit qu’elle aurait aimé la Culture ou l’Éducation nationale. Mais bon, on ne va pas faire la fine bouche, l’essentiel, c’est d’être ministre. Un profil politique nécessaire (suffisant, on verra bien…) pour renforcer une équipe gouvernementale et un Emmanuel Macron passablement essorés après une première année de second quinquennat disons... assez « compliquée », entre un vote aux forceps du budget et de la réforme des retraites et un pays frappé par des émeutes pires qu’en 2005, et ce, avec une Assemblée nationale où la Macronie ne dispose plus de la majorité absolue.
Aurore Bergé est une combattante comme, du reste, son petit camarade Gabriel Attal qui monte en grade en prenant l’Éducation nationale. Des tempéraments de guerrier pour faire face à des mois, voire des années qui ne s’annoncent pas réjouissants (entre guerre en Ukraine et pouvoir d’achat des Français qui va encore en prendre un coup avec les augmentations successives du coût de l’électricité…). Une fois encore, cela suffira-t-il ? Mais il faut bien tout essayer. Tant qu'on n'a pas tout donné, on n'a rien donné et tant qu'on n'a pas tout essayé, on n'a rien essayé.Une question nous vient à l’esprit : en nommant Bergé aux Solidarités, Macron a-t-il fait preuve de malice ? Certes, le chef de l’État offre à Élisabeth Borne une flingueuse de première bourre. Les séances de questions – et de réponses ! - d’actualité à l’Assemblée nationale sont une promesse de belles saillies en perspective… Vivement la rentrée ! Dans le viseur d’Aurore Bergé, on imagine qu’il y aura évidemment LFI, mais surtout le RN. Car là est désormais le vrai danger pour Emmanuel Macron et pour celui ou celle qui sera appelé à postuler pour « poursuivre son œuvre ». Durant les mois chaotiques qui viennent de s’écouler, Marine Le Pen n’a cessé d’engranger les dividendes, si l’on peut s’exprimer ainsi, du chaos dont Emmanuel Macron est en partie responsable et, dans tous les cas, comptable. Elle est désormais, de façon incontestable, le principal opposant - le seul crédible, diront certains - face à Macron. Dans ce contexte, il est certain que ce dernier n’a pas besoin d’ambulances frappées de la croix rouge mais de chars d’assaut. D’où la nomination de Bergé, qui déteste le RN comme elle respire. Malice de Macron, disions-nous. En effet, il a souvent été reproché à Aurore Bergé de la « jouer solo ». Il faudra donc qu’elle apprenne ce qu’est la solidarité gouvernementale. Cela ne devrait pas être trop compliqué pour celle qui a tant attendu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.