Fait divers. Une veuve de 87 ans, Renée, s’est fait dépouiller de 150 euros qu’elle retirait dans une agence du Crédit agricole de Dijon.
« Un monsieur qui était là m’a pris mes sous au distributeur, nous explique-t-elle au téléphone, encore traumatisée. Quand j’ai voulu les récupérer, il m’a poussée et je suis tombée. J’ai des égratignures. » Renée a été emmenée au commissariat où elle a pu porter plainte. Amaury Bucco, journaliste police-justice sur CNews, explique ce que représentent ces 150 euros dans la vie de Renée : « Elle dispose de 958,30 € par mois, avec lesquels elle doit payer son loyer, son gaz, son électricité, sa mutuelle, les télécoms et son assurance. À l’arrivée, il lui reste un budget de 50 € par semaine pour se nourrir. Ces 150 euros qu'on lui a volés représentaient donc beaucoup. Plus exactement trois semaines de courses. » Comme si cela ne suffisait pas d’être pauvre en 2023 en France quand on est âgé, il faut encore se faire agresser et dépouiller du peu qu’on a.
En soi, cette agression est d’une banalité totale. Les agressions de personnes âgées par des jeunes hommes (mineurs parfois) devant les distributeurs sont monnaie courante et l’on ne tentera pas d’en dresser la liste exhaustive. Citons, outre des cas similaires à Dijon, le week-end dernier, des faits dans le Cher (Avord, Saint-Florent-sur-Cher, Levet), dans le Rhône (Brindas), dans le Lot (Cahors), en Ille-et-Vilaine (Mordelles, La Mézière, Melesse, Chartres-de-Bretagne, Saint-Grégoire), dans le Tarn-et-Garonne (Montauban), en Seine-et-Marne (où un Rom a été condamné pour 14 agressions de ce genre !). Comme pour les voitures écraseuses il y a quelques années, comme pour les coups de couteau, comme pour les incendies d’églises, la question se pose et l’on aimerait que des sociologues et des criminologues y répondent : à partir de combien de fois un « fait divers » n’est-il plus si divers que ça mais devient un « fait de société » significatif et appelant une réponse appropriée ?
Ce qui n’est pas banal, dans le cas de Renée, c’est la réaction des policiers. Elle explique à Boulevard Voltaire : « Ils voulaient m’accompagner au distributeur pour que je retire de nouveau les 150 euros dont j’ai besoin pour faire mes courses. J’ai dit non, je ne peux plus rien retirer, c’est tout ce qui me restait. Alors ils ont fait une collecte entre eux et ils m’ont donné un petit quelque chose. Les policiers ont été vraiment très gentils. » C’est près de 100 euros qui lui ont été remis. Espérons que dans un second temps, la banque remboursera Renée, la jurisprudence semblant en faveur des agressés dans des situations de ce genre – ne le serait-elle pas, le Crédit agricole s’honorerait de traiter sa cliente avec élégance en la créditant de cette somme.
Alors, tout le monde déteste la police ? Non, pas Renée qui, grâce à quelques policiers d’un commissariat de Dijon, pourra se nourrir en attendant de percevoir sa pension du mois d’août.
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