Dimanche 5 mars, un homme était arrêté en gare de Versailles. Prié de présenter son titre de transport, ce dernier a refusé sous prétexte que l’agent SNCF qui le contrôlait était une femme.
Une seconde salariée, venue porter secours à sa collègue, a quant à elle été poussée au sol avant que l’individu ne lui marche sur les pieds pour s’échapper. C’est grâce à l’intervention d’un troisième agent que le fauteur de troubles a finalement été interpellé. Il devrait être présenté au tribunal ce mardi.
L’événement, loin d’être isolé, fait écho à ce témoignage, publié sur Twitter, d’une policière de terrain. Sous le pseudonyme de Juliette Alpha, la policière rapportait, le 15 février dernier, la croissance exponentielle de cas où des hommes, lors de contrôles ou d’interpellations, refusent de s’adresser à des femmes : « Un phénomène que nous trouvons particulièrement inquiétant avec mes collègues et auquel je suis, personnellement, quotidiennement confrontée lors de contrôles d'identité, interpellations ou tout simplement interactions avec le public : le "Je ne parle pas aux femmes". » Le phénomène fait l’objet d’une « augmentation quasi exponentielle ces dernières années », ajoute-t-elle. À ce récit de l’agent répondent beaucoup de témoignages : cette agente immobilière à qui l’on rétorque « Je ne visite pas avec une femme et je n’achèterai pas à une femme ». Cet obstétricien toulousain à qui des conjoints refusent de confier leur femme. Ce professeur à qui l’on impose le « pas de vague » face aux répliques misogynes venues de certains élèves…
Pour la jeune femme, le phénomène ne s’explique pas : « Alors, phénomène culturel, religieux, générationnel, reproduction bête et simple de ce qu'ils entendent ? », questionne-t-elle, sur Twitter. Les réponses fusent, variées : « L’ego masculin peut être complètement puéril », répond l’un, quand un autre argue que « la plupart des hommes acceptent de se faire réprimander plus facilement par un homme que par une femme ». D’autres proposent des explications d’un tout autre ordre, comme ce twittos, qui pointe du doigt les « hommes d’une certaine culture ». « Une constante chez les Anglais », ironise un autre. Si plusieurs interprétations peuvent valoir, il est toutefois à prendre en compte que ce phénomène est présenté par Juliette Alpha comme récent, puisque survenu « ces dernières années ». Toute ressemblance avec un autre phénomène, qui a lui aussi explosé ces dernières années, serait bien sûr fortuite.
D’autres difficultés ont, quant à elles, émergé bien plus récemment : la plate-forme Élan interculturel, créée en 2008, illustre ces obstacles nouveaux dont il est difficile de nier qu’ils sont directement liés à un choc de cultures. Née de l’initiative de cinq femmes immigrées en France, la plate-forme vise à « encourager les échanges et le dialogue interculturel pour faciliter la communication entre les personnes et, ainsi, "mieux vivre" la diversité culturelle ». Une reconnaissance formelle que cette diversité peut créer des « problèmes de communication », tels qu’évoqués plus haut. Justement, l’un des cas pratiques que l’on peut trouver sur le site est titré ainsi : « Refus de s’adresser à des femmes ». La narratrice développe ensuite le propos : « Dans le cadre d’une consultation lors d’une permanence d’une association accompagnant des personnes migrantes et réfugiées. On s’installe à une table avec l’homme en question, mais lorsqu’on lui a demandé d’exposer son problème, il nous a dit qu’il voulait s’adresser à un homme et refusait de parler aux femmes. » L’exemple parle de lui-même, de même que le florilège d’autres cas survenus dans toutes sortes de situations, mais avec cette constante de toujours avoir pour protagonistes ces « hommes d’une certaine culture ».
Comment ne pas penser, en ce sens, à cet incident, survenu en 2021 lors de la Coupe du monde des clubs, où le cheikh qatari a refusé de serrer la main à des joueuses ? Certains ont justifié cette « indélicatesse » par les gestes barrières recommandées en temps de Covid. La maladie se transmet sans doute par les femmes, puisque le cheikh a serré la main aux hommes sans sourciller. Qui n’a pas vu cette vidéo de Letizia d’Espagne, largement ignorée par l’ambassadeur d’Iran qui venait de serrer la main à son mari. Encore le Covid ? Une maladresse, un oubli sans doute ?
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