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dimanche 6 mars 2022

Je viens d’un pays qui n’existe plus, je viens d’un paradis perdu…


 
 
 
 Alexandre Dumaine 5 mars 2022

Sera-t-il permis de s’offrir un petit quart d’heure de nostalgie ? Même au risque de ne recevoir pour toute réponse qu’un « OK boomer ! » méprisant ? Allons-y sans peur.

J’ai connu un pays…

J’ai connu un pays où l’école primaire des filles était séparée (et voisine) de l’école primaire des garçons, où l’on chantait « Les filles à la vanille, les gars au chocolat ».

J’ai connu un pays où l’instituteur communiste (il vendait chaque dimanche matin L’Humanité Dimanche et Pif Gadget devant la boutique du boulanger) était exigeant et nous apprenait à lire, à compter, à penser, sans craindre d’être contesté. Et où le même instituteur, lors de la « classe de neige » (qui durait un mois), nous emmenait à la messe, selon le vœu de nos parents.

J’ai connu un pays où nous n’avions pas de réfrigérateur mais une glacière, avec la venue régulière du livreur de glace.

J’ai connu un pays où personne n’aurait eu l’idée de se promener dans la rue avec des baskets.

J’ai connu un pays où les policiers se trouvaient dans une petite guérite blanche au centre des carrefours et y réglaient la circulation avec un bâton blanc.

J’ai connu un pays où ni nous ni nos voisins n’avaient de voiture, et où nous partions en en train, puis en taxi (voire à pied).

J’ai connu un pays où l’on pouvait laisser de longues heures son vélo dans un village, sans antivol et sans crainte de se le voir dérober.

J’ai connu un pays où, pour téléphoner, on actionnait un levier qui avertissait une opératrice à qui l’on dictait le numéro de téléphone souhaité.

J’ai connu un pays où n’existait qu’une seule chaîne de télévision (ce qui n’avait d’ailleurs pas d’importance, puisque chez nous, il n’y avait pas la télévision).

J’ai connu un pays où un garçon pouvait rêver de devenir pilote de sans être accusé d’être un pollueur et un destructeur de la planète.

J’ai connu un pays où l’on savait qu’un voisin de notre rue était mort, car la porte de l’immeuble où il résidait était ornée de décorations funèbres.

J’ai connu un pays où l’on pouvait recevoir chaque mois un salaire par chèque sans avoir de compte bancaire.

J’ai connu un pays où il n’y avait pas de sur les autoroutes ni d’obligation de la ceinture de sécurité.

J’ai connu un pays où il y avait des wagons de 1re classe dans le métro.

J’ai connu un pays où tout fumait, dans la cour du lycée, dans les émissions télévisées, dans les avions, dans les trains, dans les autobus, partout.

J’ai connu un pays où le Parti communiste collait des affiches « Fabriquons français », « Avec Marchais, produisons français ! » ; où le maire communiste de Vitry-sur-Seine attaquait un foyer d’immigrés maliens à coup de bulldozer pour protester contre l’excès d’immigration.

Tout n’était pas rose ni parfait, dans ce pays disparu. Et pourtant, comme le chantait le grand Brassens, « passant par là quelque vingt ans plus tard, il a le sentiment qu’il le regrette » (« La Princesse et le Croque-notes »).

1 commentaire:

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