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vendredi 11 février 2022

Passe vaccinal : la femme médecin de santé publique qui fait tomber les sénateurs de leurs fauteuils



 
parLaurianeB
10 février 2022

La Commission des affaires sociales s’est réunie mardi 8 février pour entendre le Docteur Alice Desbiolles, médecin de santé publique et épidémiologiste. 
 
En 1h et 45 minutes, avec un calme Olympien, l’intervenante met en pièces détachées le passe vaccinal, démonte la stratégie sanitaire gouvernementale, désosse les schémas de modélisation, abat les fondations de la vaccination des enfants et donne une bonne leçon de déontologie médicale à toute l’assemblée. Les sénateurs, n’ayant pas l’habitude d’entendre une voix si dissonante sur la gestion du Covid, sont ressortis de cet entretien complètement désarçonnés (mais nous ça va).

Les Sénateurs ont dû se mordre les doigts d’avoir invité cette médecin de santé publique. En voulant se donner l’illusion de donner la parole à tous les bords, ils n’avaient peut être pas soupçonné à quel point cette dernière n’a pas l’air d’avoir peur des représailles venant de ses pairs. Oups. 


L'instauration du passe vaccinal ne repose sur aucun critère scientifique

Pour rappel la Commission des affaires sociales est en charge de contrôler l’action du gouvernement dans la mise en place du passe vaccinal. Ses travaux ont débuté le 1er février et elle a 6 mois pour remettre un rapport et formuler des propositions.

La Sénatrice Chantal Deseyne intervient la première en donnant son ressenti sur la décision de changer le passe sanitaire en passe vaccinal. Elle a l’impression que c’est un outil qui sert uniquement à renforcer (voire à forcer tout court) la vaccination, mais jusqu’à présent aucune donné scientifique probante n’est venue étayer cette décision (ce que nous vous avions rapporté une première fois ici). Peut-on mesurer l’impact du dispositif et est-il toujours nécessaire ?

La réponse du Docteure Desbiolles est sans appel, il n’existe à ce jour aucun rationnel scientifique ou donnée probante su l’efficacité du passe sanitaire ni aucune étude de bonne qualité avec un fort niveau de preuve.

De plus, les différents passes ont effectivement renforcé la vaccination, mais pas chez les personnes les plus vulnérables. Il n’aide en rien à pondérer la saturation des hôpitaux puisqu’un rapport interne récent de l’AP-HP précise que la plupart des déprogrammations d’interventions sont dues à un départ du personnel soignant.

Une étude du conseil d’analyse économique considère bien que 4000 morts ont pu être évités grâce à la mise en place de ce dispositif mais un des ses auteurs est membre du conseil de scientifique, on ne peut pas recommander un outil et juger impartialement de son efficacité.

En réalité, ce qui a contribué à la mise en place du passe vaccinal, ce sont les données de modélisation, pour lesquelles le médecin en santé publique émet de grandes réserves – sans blague. 

Des outils de mesure remplis de biais

Depuis mars 2020, il y a un recours systématique aux modélisations pour justifier les décisions de santé publique. Alice Desbiolles explique que les modélisations ont un niveau de preuve extrêmement faible, elles n’ont pas vocation à servir de base pour instaurer de telles mesures contraignantes sur la population.

Qui plus est, aucune évaluation a posteriori sur la confrontation des modèles avec le réel n’a été effectuée.

Par exemple, la base de décision à l’implémentation du passe sanitaire dépend de l’avis du conseil scientifique datant du 6 juillet 2021 , partant de l’hypothèse que les vaccins réduisent le risque d’hospitalisation de 95%, le risque d’infection de 80% et de transmission de 50%.

L’intervenante remet aussi en cause la neutralité des bulletins épidémiologiques hebdomadaires publiés par Santé Publique France. Le dernier en date indique que la part de patients ne présentant pas de comorbidités a augmenté, en oubliant de préciser plus de 80% des patients actuellement en réanimation ont au moins une comorbidité. En plus, le surpoids a disparu des facteurs de risques et toutes les classes d’âge sont mélangées.

TousAntiCovid rapporte un nombre de patients hospitalisés en réanimation et en soins critiques, mais en soins continus l’indicateur de référence est le nombre de lits. Comment peut-on comparer plusieurs services avec un indicateur différent ?

Elle regrette également le manque de données s’agissant des enfants. Sur les causes de soit disant décès Covid chez l’enfant et sur l’efficacité de la vaccination chez les 11-18 ans, Santé Publique France ne communique qu’à l’oral, et pour cause …

Les études concernant la vaccination des enfants ne sont pas probantes

La sénatrice Laurence Cohen interroge sur l’utilité de la vaccination des enfants, vu que les écoles sont fortement touchées par l’épidémie. Pour rappel, l’évaluation du vaccin à destination des enfants est toujours en cours jusque 2026 selon ClinicalTrials.gov.

Selon Mme Desbiolles, le virus circule partout, les écoles ne sont que la représentation de la circulation virale à l’échelle du pays. La vaccination des plus jeunes sur ce type de virus peut être une  stratégie contreproductive. En Allemagne par exemple, lorsqu’on a mis en place la vaccination contre la varicelle, on a observé une forte augmentation  du nombre de formes graves de varicelle chez les adultes vaccinés.

Le suivi médian des sujets de l’étude en cours est de 2 mois et le panel représente peu de personnes. Pour la Docteure il est clair que l’étude n’est pas assez probante pour mettre en lumière de potentiels effets indésirables.

Enfin, elle rappelle que le port du masque dans les écoles ne fait l’objet d’aucun rationnel scientifique ni d’aucun essai clinique de bonne qualité. L’OMS ne recommande pas de faire l’activité physique avec un masque « On impose des choses aux enfants en dépit du bon sens et de données sérieuses ».

Merci, Madame, nous sommes toujours en attente d’un éclair de génie de la part du Conseil d’Etat.

La stratégie zéro covid est vouée à l’échec, alors pourquoi persister ?

 

La sénatrice Emilienne Poumirol demande elle s’il est possible de faire un éventuel mea culpa et de changer de stratégie, elle qui a toujours plaidé pour la vaccination obligatoire.

La vaccination obligatoire en population générale fait partie de la Stratégie dite « zéro covid », qui a été abandonnée dans la plupart des pays qui ont tenté de la pratiquer.

Il existe des réservoirs animaux, il est totalement illusoire de prétendre pouvoir éradiquer un virus de cette nature par la vaccination. De plus, le risque d’échappement vaccinal induisant une pression de sélection est réel (simulé par un modèle du CRNS en 2022). 

Enfin – l’apothéose de l’entretien, du miel à mes oreilles – elle rappelle le principe le plus basique qui soit et qui n’aurait jamais dû être oublié : on ne protège pas un individu contre son gré. L’obligation vaccinale n’a pas sa place dans sa vision de la médecine, qui a vocation à être suggestive, et pas normative. Le respect du consentement des personnes est un élément majeur de la progression du droit des patients, consacré par la loi Kouchner de 2002.

Aller dans le sens d’une telle démarche romprait définitivement le lien de confiance entre la population et les scientifiques, les politiques et la médecine.

L’audition se termine dans une ambiance tendue, certains Sénateurs n’acceptant pas l’idée de remettre en cause la stratégie adoptée jusqu’alors. Alice Desbiolles conclu en mettant les pendules à l’heure – et en énonçant ce principe cher à tout juriste : « La charge de la preuve de l’efficacité d’une politique publique incombe à la puissance qui l’a mise en place, ce n’est pas à moi de démontrer que cela fonctionne ou que cela ne fonctionne pas ».


Nous saluons ici la parfaite déontologie dont a fait preuve Alice Desbiolles tout au long de son audition. Quand certains Sénateurs minimisent et ricanent au fait de présenter un passe pour accéder à l’hôpital et qu’on lui répond « oui mais c’est un passe sanitaire, pas vaccinal …» elle récite à la lettre le serment d’Hippocrate. Et oui, l’éthique, ça calme.

Toute sa démonstration est parfaitement sourcée, de bout-en-bout, dans des termes clairs et précis (il y en a pour qui c’est le métier), contrairement à d’autres président de conseil scientifique qui viennent les mains dans les poches affublés d’une assurance déconcertante et d’une attitude qui laisserait presque penser que c’est l’auditionné qui auditionne.

Le Président de séance Alain Milon ne sait pas trop comment conclure la séance et se dit perturbé car trop de scientifiques ont un point de vue différent. Tant mieux, les choses avancent, mercredi 9 janvier a été décidé la mise en place d’une nouvelle commission d’enquête sénatoriale sur les effets secondaires des vaccins.

On y arrive.

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