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samedi 26 février 2022

Guerre d’Ukraine – Le Bilan – Jour 2 – Point de fin de soirée


 

 parcourrier-strateges 

26 février 2022

La guerre d’Ukraine s’est intensifiée pendant la nuit mais on peut se demander, à l’heure du déjeuner ce vendredi 25 février dans quelle mesure elle aurait trouvé une issue diplomatique.
 
Cependant, dans l’après-midi, les Américains et les radicaux ukrainiens ont forcé le président à ne pas donner suite à sa propre proposition. L’après-midi du 25 février a été l’occasion d’une surenchère verbale des responsables occidentaux (à l’exception notable de Nicolas Sarkozy). Mais en début de soirée, le président Zelensky expliquait se sentir bien seul. Et ceci d’autant plus que l’armée russe avance méthodiquement – plus lentement peut-être que ce qui était attendu – avec une concentration particulière de l’effort sur la capitale, Kiev.

 

Dans la nuit:  Ursula von der Leyen annonce que le les dirigeants européens se sont mis d’accord pour imposer des sanctions à 70% du système bancaire et du marché russe.

6h30 De fortes explosions ont été entendues à Kiev. En revanche, les affrontements semblent avoir cessé au petit matin à Kharkiv. Le secrétaire d’Etat américain confirme que Kiev est sur le point d’être encerclée par des troupes russes.

09h00: Depuis hier, les Ukrainiens se parent de plusieurs succès: avions abattus, soldats russes tués mais aucune photo probante n’a été montré jusqu’à maintenant.  Le ministre britannique de la Défense parle de 450 soldats russes tués. Mais sans apporter de preuves non plus.

09h45: L’agence nucléaire ukrainienne tente de lancer un sujet attrape-médias occidentaux: les radiations auraient augmenté autour de Tchernobyl. En fait les Russes ont pris le site hier, pour éviter une manipulation par le gouvernement ukrainien.

Depuis 9h30, les troupes russes avancent pour prendre Kiev au sol. Elles approchent par le nord et le nord-est

10h30: Suite aux déclarations incendiaires du Premier ministre Boris Johnson, qui affirme vouloir briser l’économie russe, la Russie a restreint l’accès de son espace aérien aux avions britanniques. 

10h50: Le Ministère de la Défense ukrainien appelle tous les civils à se joindre pour défendre le pays contre l’envahisseur et à fabriquer des cocktails Molotov

11h50: la Turquie, bien que membre de l’OTAN, refuse de bloquer le passage par les détroits aux navires de guerre russe.

12h00: des bataillons tchétchènes de l’armée russe sont signalés dans Kiev. pendant ce temps le gouvernement français a fait ajouter le drapeau ukrainien sur l’interface de l’application #TousAntiCovid.

12h15: sortant d’un entretien avec Emmanuel Macron, François Hollande appelle à “plus de sanctions“.

13h00: “La Russie est prête à entamer des négociations avec l’Ukraine à un niveau élevé” (Vladimir Poutine). Cette déclaration est une confirmation de ce qu’avait dit Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères après que le président ukrainien ait dit sa disposition à négocier la neutralité de l’Ukraine. Il faut dire que les troupes russes se rapprochent des bâtiments gouvernementaux à Kiev. Le président chinois Xi Jinping s’est entretenu avec le président russe et encourage les négociations.

13h30: Nicolas Sarkozy sort à son tour d’un entretien avec Emmanuel Macron. Il tient des propos autrement sérieux que François Hollande: “La voie du dialogue, de la diplomatie, de la discussion est difficile, souvent décevante, mais il n’y a pas d’alternative, il faut donc continuer dans cette voie. Si la France ne le fait pas, personne ne le fera pas à la place de la France”.

14h00: Des renforts russes venus de Tchernobyl arrivent en renfort à l’aéroport Antonov de Gostomel pour aider les parachutistes qui s’étaient emparés de cette base aérienne militaire hier.  Partout où ils le peuvent, en effet, les soldats ukrainiens résistent.

On apprend que le Pape s’est rendu ce matin à l’ambassade de Russie auprès du Saint-Siège pour faire part de sa préoccupation quant au conflit.

14h45: Richard Ferrand lit un message du président Macron à l’Assemblée: ” Cette épreuve vient confirmer à chacun que notre Europe n’est pas une union de consommateurs mais bien ce projet politique de citoyens attachés à des valeurs et principes communs. C’est à ce titre que l’UE doit pleinement devenir une puissance plus souveraine en matière énergétique technologique et militaire”. On ne peut pas dire que le Président manque de constance dans son message. Savoir si ce message a prise sur le réel est une autre question.

15h10: Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères annonce qu’il y aura aussi de nouvelles sanctions contre la Biélorussie.

15h15: En difficulté ces derniers mois à cause de sa gestion désastreuse de la crise du COVID-19, Boris Johnson vit la crise ukrainienne comme une rédemption: il vient de pousser son cri quotidien pour toujours plus de sanctions envers la Russie. Les Britanniques poussent en particulier à expulser les Russes de Swift. (Ils sont rejoints sur ce terrain par les Français tandis que les Allemands et les Italiens s’y opposent).

16h00: Apparemment, l’autorité du président ukrainien n’est pas suffisante pour faire accepter qu’il entame des négociations avec le gouvernement russe (10 000 armes ont été  distribuées à des combattants volontaires sans aucun contrôle). Le prétexte invoqué pour interrompre les conversations qui avaient commencé avec le gouvernement russe a été le refus que cela se tienne à Minsk. Du coup, Vladimir Poutine adresse un message aux soldats ukrainiens leur suggérant de se débarrasser de “la clique de néo-nazis et de drogués” qui ont pris en otage le peuple ukrainien.

16h30: La région du Latium annonce renoncer à fabriquer sur son territoire des vaccins Sputnik.

16h45: Le Conseil de l’Europe suspend la participation des représentants russes mais ne vote pas l’expulsion de la Russie.

17h00: La Serbie et la Géorgie ont annoncé qu’elles resteraient neutres dans le conflit.

17h30: Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres parle d’une situation qui devient dramatique en Ukraine, entre les personnes quittant le pays et les civils chassés de chez eux par les bombardements. Cependant, sur le terrain, les observateurs rapportent une situation plus contrastée: en particulier, une partie de la population apparaît indifférente à ce qui se passe et attendre le dénouement pour se rallier au vainqueur.

17h45: Après avoir été mis sous pression toute la journée par les médias, François Fillon, une fois de plus, ne tient pas le choc, et démissionne de ses mandats d’administrateur dans des entreprises russes.

18h00: tandis que la Pologne et la Finlande souhaitent que RT arrête de diffuser, la Russie limite l’usage de Facebook.  Et Twitter envisage de censurer les “récits alternatifs” sur la guerre en Ukraine.

18h30: Le président ukrainien Zelensky assure être toujours à Kiev malgré les rumeurs insistantes sur son départ.

19h00: Jens Stoltenberg affirme, sous prétexte que la Russie veut un retour à la situation de 1997, que les objectifs de la Russie “ne se limitent pas à l’Ukraine”. “Il n’y a pas de sécurité en Europe sans un lien transatlantique fort”. Il annonce l’augmentation du soutien à l’Ukraine. Et il annonce que l’OTAN soutiendra plus particulièrement si nécessaire le Bosnie-Herzégovine, la Moldavie et la Géorgie.

19h30: Joe Biden s’est entretenu avec Vladimir Zelensky pour le dissuader de négocier “sous la pression”.

19h45: la Tour Eiffel illuminée aux couleurs de l’Ukraine. Mais au fait qui prend des décisions de ce genre?

21h: Il se confirme que l’économie allemande va souffrir du conflit: la semaine du 28 février, la production des usines Volkswagen à Zwickau et Dresde sera interrompue du fait de l’arrêt des usines fournisseuses de composantes en Ukraine.

22h: Bilan de la situation militaire:

 

La carte ci-dessus permet de bien comprendre comment s’y prennent les Russes. Les zones en rouge sont contrôlées par l’armée russe. Les zones en orange sont celles en train de passer sous contrôle de l’armée russe. Les territoires en-deça des lignes rouges sont ceux ou des combats ont lieu entre l’armée russe et l’armée ukrainienne. Il semble que l’armée russe avait attendu plus de redditions rapides ou de ralliements d’unités ukrainiennes – comme cela s’était passé en 2014 en Crimée. En fait, l’armée ukrainienne est sur le pied de guerre depuis 2014; quand elle n’est pas mise sous pression par les unités paramilitaires à mentalité fasciste, elles sont satisfaites de la promesse de Zelensky d’augmenter les soldes d’un tiers…d’ici Pâques.

Le plan russe initial semble avoir été: frappes aériennes ciblées et multiples pour détruire l’infrastructure et la logistique de l’armée ukrainienne puis progression terrestre à partir de points d’appuis (Crimée, républiques du Donbass, territoire biélorusse) pour avancer rapidement sur des points stratégiques, en comptant sur un ralliement rapide de la plupart des unités ukrainiennes. En fait, les troupes ukrainiennes ne se rendent pas aussi vite que prévu, même si elles subissent des pertes importantes. Il y a eu des destructions de matériel russe, après vérification:par exemple à Bucha, banlieue nord-ouest de Kiev, un convoi russe a perdu 10% de ses hommes. Et puis les Russes ne touchent pas, pour l’instant les communications, pour que la population se désolidarise de l’armée.

Du coup, les frappes aériennes ont repris l’après-midi et la soirée du 25 février sur Starokonstantinov (pour détruire des drones achetés à la Turquie) sur Jytomir (pour éviter envoi de renforts à Kiev), Nikolaïev (pour détruire les dépôts de carburant de l’armée), Kharkov (là aussi dépôts de carburant). les combats se sont intensifiés autour de Mélitopol, près de la mer d’Azov. L’armée russe semble à l’heure qu’il est avoir concentré plus de moyens à Kiev, dans l’espoir d’importer la décision demain 26 février.  En conséquence de quoi, des unités de l’armée ukrainienne sont ramenées du Donbass vers Kiev.

On voit se répandre l’idée que ce serait plus dur que prévu pour les Russes. En fait, au-delà du fait que les redditions sont moins importantes que prévu, c’est le gouvernement russe qui a choisi les modalités de l’opération – et en particulier le risque d’une avancée lente comme on cherche à minimiser les pertes parmi les civils. On peut supposer que Vladimir Poutine décidera de faire monter en puissance l’armée pour éviter la prolongation des hostilités.

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