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vendredi 14 janvier 2022

Coup fumant au Sénat : faut-il vraiment regretter la disparition de la démocratie ?


 


parÉric Verhaeghe
14 janvier 202

Hier, un coup fumant au Sénat a permis à Castaner, président du groupe LREM, d'interrompre les travaux de la comission paritaire qui aurait pu se mettre d'accord sur les amendements adoptés par les sénateurs. 
 
Il est de notoriété publique que ces amendements sont intervenus après une pression extravagante exercée par Valérie Pécresse et Gérard Larcher sur les Républicains. Au fond, une fois de plus, les institutions de la Vè République ont montré, dans cette affaire de passe vaccinal, qu'elles ne fonctionnaient plus, et qu'elles ne garantissaient plus la démocratie. Faut-il vraiment le regretter ?
 

 

Le coup fumant est parti du Sénat, hier : Bruno Retailleau, président du groupe Républicains, a lancé un tweet avant la fin de la commission mixte paritaire où les parlementaires tentaient de se mettre d’accord sur un texte concernant le passe vaccinal. 

Selon les rumeurs, la majorité LREM de l’Assemblée était prête à céder sur le contrôle d’identité dans les bars et les restaurants. Tout le reste (notamment la fin du passe vaccinal sous un certain seuil d’hospitalisation) devait être remis en cause. 

Avant la fin de la séance, Retailleau a crié victoire, et Castaner a pris prétexte de cette annonce avant la fin de travaux pour quitter la salle. Constitutionnellement, une fois le conclave arrêté, il ne peut reprendre…

La bourde de Retailleau était-elle délibérée ? ou bien totalement innocente ? Elle servait en tout cas sur un plateau un prétexte pour que LREM ne s’embarrasse plus d’amendements péniblement votés au Sénat. 

Le passe vaccinal et la démocratie

Sur le fond, on a quand même un problème. 

Qu’on soit vacciné ou pas, le passe vaccinal introduit une rupture dans l’histoire de notre démocratie. Jamais on avait instauré une telle discrimination officielle et consciente, une telle réduction de droits pour un groupe minoritaire porteur d’un choix de conscience parfaitement légal. 

Où peut s’arrêter cette logique ?

Demain, ceux qui croiront en un Dieu plutôt qu’en tel autre seront à leur tour privés de certains droits ?

Quel que soit le camp auquel on appartient, un choix aussi important, aussi systémique, ne peut légitimement intervenir sans une véritable délibération démocratique. 

C’est bien entendu au contraire que l’on assiste : texte déposé entre Noël et Nouvel An, débattu en urgence, dans des délais record, avec des pressions maximales sur les parlementaires pour qu’ils “votent bien”. 

Et bien entendu une presse subventionnée qui lâche les chiens et ment délibérément. On signalera ainsi que toutes les informations gênantes sont systématiquement passées sous silence, au bénéfice d’une propagande éhontée en faveur du vaccin. 

Comment Philippe Bas et Retailleau ont tué la démocratie

Le passage au Sénat, chargé en principe d’être un contre-pouvoir, a prouvé que la démocratie était complètement morte. 

Les Républicains y sont majoritaires, mais le groupe s’est organisé pour faire taire les “dissidents”, simplement coupables d’avoir un doute sur l’innocuité du vaccin. 

Ainsi, Gérard Larcher, soutien de Pécresse, entendait bien que le partage des voix au sein du groupe Républicains de l’Assemblée ne se reproduise pas au Sénat. Pas question de déplaire à Valérie ! ni de laisser entendre qu’elle ne tient pas ses troupes. 

Philippe Bas, qui porte, en bon conseiller d’Etat, l’idéologie de la sécurité sociale et du vaccin, en a rajouté : il rapportait sur le texte, et s’est fait le gardien de toutes les mesures liberticides imposées par le gouvernement. 

Bruno Retailleau, président de groupe et époux de médecin, n’a pas donné dans la dentelle : il a fait le “whip” et s’est chargé de menacer les récalcitrants des pires feux de l’enfer s’ils ne votaient pas le texte. 

Sic transit democratiam. 

Pécresse et Macron, même combat

Bref, en France, on peut altérer gravement les libertés publiques sans que le principal parti d’opposition ne s’y oppose !

Et tout cela pour se ranger aux tocades de la candidate à la présidentielle, dont le programme est tout sauf libéral. 

Valérie Pécresse est une ardente partisane du passe vaccinal. 

Elle appartient à cette caste, qui se retrouve également dans Emmanuel Macron, pour qui la discrimination est un mode de vie. 

Si elle devait se retrouver au second tour face à Emmanuel Macron, il nous faudrait donc choisir entre la peste et le choléra. 

La nécrose de nos institutions, une bénédiction

Je sais que beaucoup de Français sont catastrophés de cette situation, parce qu’ils considèrent que cette tyrannie (au sens de Saint-Thomas d’Aquin), c’est-à-dire cette oppression des minorités par la majorité, ne les représente plus. 

Je prétends pour ma part qu’il faut se réjouir de cette nécrose de nos institutions. 

Que les institutions de la Vè République ne fonctionnent plus reste la meilleure façon de s’en débarrasser. 

Certes, transitoirement, provisoirement, la disparition des contre-pouvoirs permet à Macron ou à Pécresse de prendre des positions liberticides sans rencontrer de difficulté immédiate (encore que…). 

Mais le calcul à long terme est totalement suicidaire : les institutions perdent tout leur crédit démocratique et se transforment en simple machine d’oppression, en entreprise d’obéissance qui accumule contre elle une haine grandissante de la part d’une fraction grandissante de la population. 

Le fruit sera bientôt mûr pour tomber, et la caste mondialisée qui se gave de l’illusion absurde que le peuple français est un ramassis de veaux soumis tombera en même temps. 

Jour après jour, l’évidence saute en effet aux yeux : ce régime est désormais l’expression d’un intérêt de caste, et il n’a pas d’autre ambition que de servir cette caste. 

Macron et Pécresse, en quelques semaines, auront fait plus pour la chute de la Vè République que n’importe quel opposant ne l’aurait fait. 

Réjouissons-nous !

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