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samedi 22 janvier 2022

Ukraine : vers un conflit armé entre la Russie et les USA ?


 

Nicolas Gauthier 21 janvier 2022

Sommes-nous au bord d’une guerre ouverte opposant Russie et Ukraine, avec des USA prêts à l’intervention armée en Europe ?

 C’est ce que laissent croire certains médias, jamais en retard de sensationnalisme ; c’est également ce que murmure la Maison-Blanche. 

Mais il est vrai que pour l’administration américaine, il s’agit là d’un ancestral mode de fonctionnement consistant à toujours agiter le chiffon rouge de périls plus ou moins imaginaires : invasion du Vieux continent par l’URSS, armes de destruction massives irakiennes, nucléaire iranien et autres menaces hypothétiques.

Pourtant, du côté de Washington, dont la politique de la canonnière demeure le sempiternel argument, les nuances subsistent. Ainsi, Joe Biden affirme-t-il ce 19 janvier : « Si des forces militaires russes franchissent la frontière de l’Ukraine, cela constituera une nouvelle invasion qui attirera une réponse rapide, sévère des États-Unis et de leurs alliés », alors que le même jour, Anthony Blinken, le chef de sa diplomatie en visite à Kiev, prône une « voie pacifique ».  Qui croire ? C’était à peine moins confus du temps de Donald Trump.

Tout d’abord, on objectera que les USA se voulant encore “gendarmes du monde” ne sont pas exactement les mieux placés pour dénoncer les « invasions » de tel ou tel pays tiers, alors que depuis leur création, en 1776, ils n’ont cessé de faire de même, que ce soit dans leur propre sphère d’influence – l’Amérique latine –, ou dans des zones plus lointaines, Corée, Vietnam, Proche et Moyen-Orient. Dire que ce sont les mêmes qui décrètent qui est « État-voyou » ou pas, qui fait partie de « l’Axe du mal » ou non, voilà qui ne manque pas de sel.

Puis, les « alliés » de l’Otan, cache-sexe des USA en Europe. Autre blague, quand on sait le coup de Jarnac de la Maison-Blanche, lors de la vente avortée de nos aux Australiens. Sans oublier les sanctions financières infligées à nos entreprises tricolores au nom de « l’extraterritorialité du dollar »…

Et la Russie ? Ne jamais oublier l'Histoire : l’Ukraine est berceau de la Russie, tout comme le Kosovo demeure celui de la Serbie.

Et l’Europe ? Géant économique, quoique ce soit de moins en moins vrai, est aussi nain politique, gangrené au plus haut de ses instances dirigeantes par le lobbying américain.

Et la France ? Il y a certes les velléités d’Emmanuel Macron qui pense parfois juste – son diagnostic sur « la cérébrale de l’Otan », par exemple –, mais qui ne va jamais jusqu’au bout de ses audaces, n’ayant aucune envie de se brouiller avec le puissant protecteur américain. En son temps, avait dû affronter les mêmes forces, lorsque refusant de participer à l'expédition américaine en Irak, en 2003.

Alors, sommes-nous à la veille d’une guerre sur le sol européen ? Pour Bruno Drewski, maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisation orientales, interrogé par FranceInfo, ce 19 janvier, « Vladimir Poutine s’adresse directement aux USA, considérant que l’Otan n’est que leur instrument. […] Ce qui peut évidemment fâcher les Européens. […] C’est une victoire pour Moscou, mais plus largement une victoire du bon sens, parce que de toute façon, les deux puissances sont condamnées à s’entendre. […] Poutine a placé la barre très haut en déclarant qu’après tout, il pourrait aussi placer des troupes russes à Cuba pour rappeler qu’on peut aussi se rapprocher des frontières des USA. »

Dernière question : est-ce le rôle de la France de jouer, une fois de plus, le rôle d’éternels harkis pour les États-Unis ?

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