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samedi 29 janvier 2022

7 % de croissance en France en 2021, une bonne nouvelle, vraiment ?


 
 
 
 Jean-Baptiste Giraud 28 janvier 2022

On se plaint depuis des années du faible niveau en maths des collégiens, lycéens et étudiants français. 

C’est la seule explication rationnelle pour comprendre comment des gens sérieux peuvent déboucher le champagne et pousser des « cocorico » sonores à l’annonce des 7 % de croissance française en 2021.

Le ministre de l’économie, qui n’est pourtant pas un imbécile, parle carrément de « rebond spectaculaire » qui « efface la économique ».

En réalité, fait de la politique, pas de l’économie.

Retournons sur les bancs de l’école quelques instants. En 2020, le chiffre d’affaires (PIB) de l’entreprise France s’est effondré de 8 %. Sur cette période, une partie du chiffre d’affaires non réalisé par les entreprises a été compensé par des aides publiques. Salaires et charges de millions d’employés ont également été pris en charge jusqu’à 90 % par l’État. Des aides publiques versées avec de l’argent emprunté sur les marchés (une dette rachetée ensuite par la BCE, j’en reparlerai à la fin).

Sans le soutien massif de l’État, le PIB de l’entreprise France n’aurait donc pas reculé de 8 %, mais de beaucoup, beaucoup plus. De combien ? Il se trouve que le français nous donne lui-même la réponse ! Le total des aides mobilisées est estimé sur le site officiel « vie-publique.fr »  à 9 % du PIB pour la période mars 2020-mars 2021.

Non, le PIB français n’a pas reculé de 8 % en 2020. Le fossé est beaucoup plus profond, peut-être de 17 % ! c’est ce que l’on obtient en additionnant le déficit de PIB constaté par l’INSEE, à la part de PIB sauvée ou remplacée par les aides, dixit l’État lui-même.

Vous l’avez compris, ce calcul est parfaitement valide pour le PIB 2021. Une grosse part des fameux 7 % de croissance est en réalité la conséquence d’un de chiffre d’affaires, de salaires et de charges, financés par Bercy.

Les n’ont pas vocation à aller sonner à la porte de chaque entreprise du secteur du tourisme, de l’événementiel ou du commerce pour ne citer qu’eux. Mais il est avéré que certains ont survécu grâce aux aides, et c’est tant mieux. D’autres sont même très contents, et en sortent gagnants. Je n’occulte évidemment pas le cas des nombreux autres, entrepreneurs, commerçants, indépendants, professions libérales, intérimaires, qui ont mangé leur pain blanc (réserves de trésorerie, économies personnelles ou crédits), et souffrent comme jamais depuis bientôt deux ans. La chute sera très, très dure demain.

Il n’empêche : on m’a demandé de commenter les chiffres historiques de la croissance française mesurée en 2021, du « jamais vu » depuis 52 ans en France, et l’une des meilleures en et au monde. Cocorico !
Oui, c’est vrai, cette « croissance » est historique. Mais elle est bidon. Au même titre que les records olympiques des athlètes de la défunte République Démocratique d’Allemagne (RDA), dont on sait aujourd’hui qu’ils étaient tous dopés dans des proportions inimaginables… avec des conséquences dramatiques sur leur santé. Des victoires politiques, destinées à masquer la triste réalité d’un pays économiquement exsangue, qui ne produisait plus rien à la fin, survivant grâce aux prêts d’urgence accordés par la RFA.

Aujourd’hui, la France occupe une autre première place en Europe, et de loin. Celle du premier emprunteur, et celle du pays dont la dette a le plus augmenté pendant la pandémie.

Une dette financée en dernier ressort, par la BCE, dont le siège, clin d’œil à l’histoire, se situe à Francfort, en RFA.

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