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jeudi 3 décembre 2020

Où est passé M. Vaccin?

 

Louis-Charles Viossat, choisi à la mi-octobre par l’Élysée et Matignon pour être le M. Vaccin du gouvernement, vient de s’évaporer de la surface des écrans. 

Le gouvernement se serait-il aperçu que le pédigrée du bonhomme risquait d’attirer les regards sur les hauts fonctionnaires, leurs adhésions à des partis politiques et leurs liens incestueux avec Big Pharma ?

Louis-Charles Viossat est un résumé de la nomenklatura française, de ces pseudo-élites, déconnectées des gens ordinaires, de ces intelligences qui ne se mettent jamais au service des Français, tellement elles adorent être à leur propre service.

C’est cela, l’estime de soi ?

Louis-Charles Viossat, Monsieur Vaccin, a donc soudain été rétrogradé, quasiment effacé.

« Il n’est qu’un rouage parmi d’autres, dit-on à l’Élysée. La stratégie est d’abord décidée par une instance parfaitement indépendante, la “Haute Autorité de Santé”. » 

La communication du ministère de la Santé le présente comme un pion de plus en Absurdistan : « Il a une mission d’appui à la task force interministérielle nommée par le Premier ministre sur proposition d’Olivier Véran. » « Il n’est pas Monsieur Vaccin… mais pilote coordinateur. »

Autant dire qu’on ne sait plus quelle est sa fonction, à part sans doute celle de recevoir un salaire conséquent.

L’homme est un beau spécimen de nos élites : Prépa au lycée parisien Louis-Le-Grand, Sciences Po, ENA. À sa sortie de cette dernière en 1992, l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS). Il est également membre du Siècle, ce club dont il ne faut pas parler sauf si on veut être désigné comme “complotiste”, nouveau mot à la mode par lequel la classe dominante espère éliminer les critiques.

Et puis des allers-retours incessants entre la haute fonction publique, la politique et ses cabinets ministériels, et les laboratoires pharmaceutiques.

Après avoir œuvré à la Banque mondiale, à Washington, on le retrouve “corporate affairs manager” dans le laboratoire pharmaceutique américain Lilly (2001-2002, puis 2009-2014). Un autre voyage entre public et privé plus tard, le voici Directeur des affaires gouvernementales pour l’Union européenne et le Canada de Abbott, devenu AbbVie, un autre grand labo.

Viossat et Big Pharma, une belle histoire d’amour. Salaire et bonus.

Côté politique : Parti Socialiste, sensibilité rocardienne, dans sa jeunesse. En 1996, cabinet de l’UDF Jacques Barrot, ministre du Travail et des Affaires sociales, puis conseiller d’Hervé Gaymard, secrétaire d’État à la Santé et à la Sécurité sociale. Cinq ans plus tard, le voici directeur de cabinet du ministre de la Santé Jean-François Mattei. Comme son patron, il brille par son absence durant l’épisode caniculaire de 2003.

En 2005, directeur de cabinet de Dominique de Villepin, Premier ministre. Il coule avec lui sur l’épisode Contrat première embauche (CPE).

En 2007, Nicolas Sarkozy le recase comme ambassadeur français chargé de la lutte contre le sida, administrateur d’Unitaid, organisation internationale chargée de centraliser l’achat de médicaments à destination des pays les plus pauvres. Unitaida alors à sa tête un certain Philippe Douste-Blazy.

Que d’amitiés !

Entre le travail pour les labos, la politique, il y aussi l’IGAS, un excellent refuge en cas de trou d’air.

En 2015, il corédige un rapport sur l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille (IHUM) dirigé par… Didier Raoult. Et ce rapport pointe des problèmes de management et la concentration du pouvoir dans les mains du directeur. Celui que les amis de Louis-Charles Viossat traitent de “charlatan”.

Ah ! les réseaux.

Selon L’Obs, un connaisseur des labos aurait dit : « Olivier Véran a fait une énorme connerie en le désignant. Dans une crise sanitaire comme celle que nous traversons, il faut des personnalités iconoclastes, prêtes à passer outre les lenteurs de l’administration française si nécessaire. Tout le contraire de Viossat ! Lui, c’est plutôt ceinture et bretelles. »

Ne pas oublier les pantoufles !

Le 26 novembre dernier, à la tribune de l’Assemblée nationale, François Ruffin (La France Insoumise) a lancé qu’il voyait en Louis-Charles Viossat un « petit soldat de Big Pharma ou plutôt un grand général des labos américains ».

Le gouvernement a compris.

M. Vaccin a été exfiltré. Il n’est plus M. Vaccin, mais Mister Nobody.

Louis-Charles Viossat est peut-être une allégorie du vaccin : une affaire à étouffer, avant qu’elle ne se transforme en catastrophe.

Marcus Graven

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