Pour
son déconfinement, la Macronie a opté pour un véritable festival off.
Et, pour une fois, le spectacle n’est pas assuré par la porte-parole
Sibeth Ndiaye.
Marlène Schiappa a apporté sa pierre.
Et le très sérieux
Gilles Le Gendre, patron des députés LREM, a pris le relais.
Qu’ont-ils dit ? De banales vérités.
Mais, quand cela sort de la
bouche de représentants autorisés du macronisme, cela mérite d’être
souligné.
Ensuite, on n’ira pas jusqu’à parler, comme
Le Monde, de
« propos chocs »…
Marlène Schiappa, donc.
« Plus personne ne pense qu’Agnès Buzyn va être élue maire de Paris. »
Ben oui, une évidence pour 90 % des gens.
Une évidence depuis l’affaire
Griveaux.
Une évidence depuis sa gestion de l’épidémie.
Une évidence
depuis le premier tour et ses aveux sur la
« mascarade » de sa campagne.
Il paraît qu’il fallait dégriser quelques militants marcheurs.
Mais le vrai scandale – car il y a un scandale Buzyn -, ce n’est pas
ces aveux internes de défaite anticipée avec tous les effets
démobilisateurs qu’on imagine, car ceci est en fait relativement
classique dans la vie politique.
Souvenez-vous des LR qui lâchaient
Fillon pour préparer leur intronisation dans le monde d’après.
Le
véritable scandale Buzyn est triple :
– primo, le seul fait qu’elle soit encore candidate, qu’elle n’ait pas
eu la décence de se retirer, quelques semaines après la catastrophe
sanitaire, après sa « mascarade » ;
– deuzio, notre, votre léthargie devant ce scandale énorme, notre
passivité, notre incapacité à crier, descendre dans la rue pour lui dire
de faire ses bagages ;
– tertio, le fait qu’Agnès Buzyn va tout de même recueillir autour de 20
% des suffrages des Parisiens, selon un sondage réalisé pour le
Journal du dimanche et
Sud Radio par IFOP-Fiducial.
Ainsi, la population parisienne, pourtant l’une des plus exposées à
l’épidémie, continuera donc de déposer un bulletin « Buzyn » dans l’urne
après tout ce qui est arrivé ?
Est-ce si difficile de se déprendre de
cette candidate-miroir d’une sociologie parisienne huppée et
intellectuelle ?
Mais dont l’incompétence fut patente et dangereuse ?
Cela laisse songeur.
Gilles Le Gendre, lui, a l’esprit résolument tendu vers l’avenir.
L’acte 2, 3, 4 du quinquennat ? On ne sait plus ?
Le « se réinventer »,
quoi. Le remaniement.
Et Gilles Le Gendre n’a pas peur de mettre les
mains dans le cambouis : d’après ses « notes secrètes », révélées par
Marianne, il verrait deux
« favoris » pour remplacer Édouard Philippe à Matignon : l’ex-socialiste Jean-Yves Le Drian, qui
« saura gérer la majorité » mais
« appuiera peu l’élan que nous souhaitons donner », et le ministre de l’Économie
Bruno Le Maire, ex-LR, qui
« porterait parfaitement la reconstruction » malgré un
« faible charisme ».
Ces plates vérités, comme celle de Marlène Schiappa, ont déclenché une
tempête chez les députés LREM dont certains demandent la tête de leur
chef.
Tempête dans un flacon de gel hydroalcoolique.
Car, une fois de plus, le scandale n’est pas là, dans leur manque de
charisme, leur façon très ancien monde de faire de la politique, leurs
scènes de ménage dominicales dans le
JDD ou sur leurs plateaux favoris, mais dans la crise sanitaire, économique, sociale qu’ils ont créée.
L’autre scandale – et là, les Français ne peuvent s’en prendre qu’à
eux-mêmes -, c’est que le Premier ministre responsable de tout ça –
crises et mascarade comprises – gagne 5 points de popularité, à 39 %,
dépassant le Président !
À ce stade, une ovation de tous les Parisiens à
20 heures, sur leurs balcons, en son honneur, devrait être envisagée.
Peut-être les Français n’ont-ils pas encore pris conscience, par peur, que la crise politique sera
inévitable.
Frédéric Sirgant
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