Pour s’adresser aux intermittents du spectacle en visioconférence, ce 6 mai, Emmanuel Macron
s’est confectionné à la hâte une tenue d’artiste.
Après tout, n’est-il
pas, lui-même, à la tête d’une troupe de comédiens, de jongleurs et de
clowns ?
Allez, on tombe la veste, on relève les manches, un coup de
main dans les cheveux pour faire décoiffé…
En quinze secondes chrono, le voilà transformé en technocrate surmené
devant une machine à café de l’ENA.
Le look artiste est raté mais il a
fait ce qu’il a pu.
La tentative pour apparaître en metteur en scène
torturé ou cultureux déprimé est méritante.
Qu’à cela ne tienne, le
showman gesticulant va se rattraper sur le langage.
Il parle trois
langues, dont le charabia !
Admiration des acteurs du théâtre
d’avant-garde présents devant les écrans.
Enfin un Président
compréhensible.
« L’été sera apprenant et culturel », déclare-il.
L’opacité
du message laisse babas les plus chevronnés.
Si le plumage laisse à
désirer, le ramage est, en revanche, à la hauteur des espérances.
Maître
Macron tient en son bec un fromage qu’il pourrait à tout instant
laisser tomber dans l’escarcelle de l’intermittent mis au chômage forcé
par le Covid-19.
Et grand bien lui fasse.
Nulle envie, ici, de déplorer
qu’une aide soit accordée à ce secteur d’activité.
Mais Emmanuel Macron ne voit pas d’un bon œil que les professionnels
du spectacle se dorent au soleil des plages rendues accessibles
exclusivement par la mer.
« Je n’aime pas cette idée d’une année blanche, parce que ça laisse entendre qu’on ne fait rien. »
À défaut de festivals et autres concerts, nos amis intermittents
devront s’éparpiller dans la nature afin de livrer du spectacle à
domicile.
Dans les écoles, les salles de bains, les halls de gare, les
cabines d’essayage…
« On va devoir réinventer un été différent. »
Les opérateurs de cinéma apprécient le flou artistique.
Puis la visioconférence entre dans sa phase lyrique.
Les jeunes des
quartiers défavorisés pourraient assister à des répétitions dans les
théâtres.
« On va changer leur vie si on arrive à faire ça », lance le poète de l’Élysée.
À coup sûr, les jeunes de Chanteloup-les-Vignes qui
ont incendié le chapiteau du cirque
venu les distraire sont impatients de découvrir le potentiel
pyrotechnique d’un théâtre.
Emmanuel Macron est passé à la relance des
professions du bâtiment.
D’une pierre, deux coups. Intermittents et
maçons entrevoient la sortie du tunnel.
Les marchands de matériaux
exultent.
Le monologue se termine sur une note d’espoir.
L’été sera
apprenant, à la fois culturel et tourné vers l’immobilier.
Macron a
quitté la terre ferme des réalités pour rejoindre la stratosphère de
l’énarque agité dont il avait l’air.
Jany Leroy
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