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Vendredi 9 août 2019
Sur la couverture, la candidate RPR d’Avignon et un sénateur du même bord étaient dépeints en train de s’accoupler.
Si Christophe Castaner se trouve au centre de nombreuses polémiques depuis sa nomination au gouvernement, l’une d’elle en particulier n’est que très peu mise en avant par les journalistes.
A l’époque, le ministre de l’Intérieur n’était qu’adjoint au directeur général des services de la mairie d’Avignon, et il débutait seulement sa longue carrière jalonnée de bévues.
Marianne s’est chargé de la remettre au goût du jour.
Une caricature de mauvais goût
L’histoire prend place le 9 juin 1995, à Avignon, en pleine campagne municipale.
Ce matin-là, les habitants font une drôle de découverte : dans leur boîte aux lettres, un tract, diffusé à 35 000 exemplaires dans la nuit, titré « La dinde enchaînée » et « Erections municipales ».
Sous forme de bande dessinée, la brochure dépeint la candidate RPR Marie-Josée Roig et le sénateur Alain Dufaut, elle grimée en dinde, lui en vautour.
Sur la couverture, les deux élus s’accouplent, bavant de plaisir.
Le scénario met en scène un certain « Duf-Duf », qui représente le sénateur.
Ce dernier fait appel au représentant local du « F-Haine », chauve et brassard noir autour du bras, qui lui présente Marie Josée-Roig.
Cette dernière est d’ailleurs dessinée au volant d’une voiture noire, qui arbore une bouche aux lèvres pulpeuses à la place des pare-chocs.
S’en suivent une dizaine de pages du même acabit.
Castaner se dédouane devant la justice
Cette campagne avait un but : voler au secours du maire socialiste Guy Ravier.
Peine perdue, Marie-Josée Roig sera élue cette année-là et ne quittera son poste qu’en 2014. Néanmoins, des plaintes sont déposées contre cette campagne d’un goût douteux, et la justice s’intéresse à cinq hommes, dont un certain Christophe Castaner.
Alors âgé de 29 ans, c’est lui qui sera choisi pour faciliter la diffusion de ces tracts.
Devant la justice, le futur ministre de l’Intérieur se défend comme il peut, reconnaissant avoir « péché » mais invoquant une « inattention pendant une durée de 20 minutes » qui l’a laissé passer ces tracts.
Un argument qui ne convainc pas le TGI d’Avignon : « Monsieur Castaner ne peut bénéficier d’une équivoque quelconque car lui a eu en sa possession l’ouvrage en entier et en couleur, et c’est par son intermédiaire que ces brochures ont été distribuées », tranchent les juges en octobre 1996, estimant aussi qu’il est « peu pensable qu’après avoir permis cette diffusion, il en eut arrêté celle-ci seulement vingt minutes après, en raison du nombre d’exemplaires répandus dans la ville d’Avignon ».
50 000 francs d’amende pour diffamations et injures publiques
Reconnu coupable, Christophe Castaner devra s’acquitter d’une amende de 50 000 francs pour « diffamations et injures publiques envers particulier, fonctionnaire ou citoyen chargé d’un service public par parole, écrit, image ou moyen audiovisuel ».
S’ajoutent aussi 51 000 francs de dommages et intérêts à régler avec les éditeurs improvisés de ces tracts.
Cette affaire n’empêche pas le futur ministre, l’année même de sa condamnation, de filer vers Paris où il devient directeur de cabinet du maire du 10e arrondissement Tony Dreyfus et conseiller technique puis directeur de cabinet de Catherine Trautmann, eurodéputée et future ministre de la Culture du gouvernement Jospin.
Il occupera par la suite le même poste, mais pour un certain Michel Sapin, futur ministre du Travail puis de l’Economie sous François Hollande.
En 2020, en sa qualité de ministre de l’Intérieur, il sera en charge d’organiser les élections municipales.
Merci à fabie
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