Les bancs de l’Assemblée nationale n’étaient pas garnis, dans la nuit du 7 au 8 octobre, alors que les députés discutaient de la loi bioéthique, et tout particulièrement d’un amendement déposé par Philippe Berta, député et généticien.
Cet amendement visait à autoriser la détection de la trisomie 21 dans les embryons conçus par fécondation in vitro (FIV) avant leur implantation dans l’utérus.
Le diagnostic préimplantatoire est une méthode utilisée pour détecter des anomalies chromosomiques et génétiques susceptibles d’entraîner chez les embryons une maladie dont leur aîné était atteint.
On réserve cette technique aux couples présentant des antécédents médicaux lourds qui risquent de transmettre une maladie héréditaire, aux femmes de plus de 35 ans après plusieurs tentatives infructueuses de FIV ou à celles ayant fait de nombreuses fausses couches et porteuses d’anomalies génétiques.
La loi bioéthique ne prévoit pas d’étendre ce diagnostic prénatal aux anomalies chromosomiques telles que la trisomie 21.
Si nous nous engageons dans ce processus, « combien de temps serons-nous capables de résister à l’extension de la recherche d’anomalies sur d’autres maladies pour toutes les FIV », a déclaré Mme Buzyn, ministre de la Santé, lors des débats.
Elle eut raison de soulever ce problème car il fait partie des dangers de la dérive eugéniste que peut entraîner ce type de manipulation.
Il faut définir des normes et s’y tenir, sinon il faut interdire toute manipulation sur l’embryon humain. Cependant, pourquoi autoriser la recherche de certaines maladies héréditaires et pas celle de la trisomie 21, alors que cette recherche est fréquemment effectuée lors du premier trimestre de la grossesse et, si elle s’avère positive, donne souvent lieu à une IVG ?
Car, comme argumenta Philippe Berta, « quel est l’intérêt de faire supporter à des femmes un parcours de fécondation in vitro, puis un diagnostic prénatal, et une IVG ? »
Mais pour le ministre de la Santé, « passer d’un diagnostic prénatal à un diagnostic préimplantatoire change complètement la philosophie ».
La nuance est sans doute subtile, mais en réalité, il ne s’agit que d’une question de temps.
Pourquoi attendre plusieurs semaines pour supprimer légalement un fœtus qui présente une anomalie, alors qu’on aurait pu le faire au stade embryonnaire lorsqu’il n’était composé que de quelques cellules, et éviter ainsi le traumatisme d’une IVG pour la mère ?
Si on estime que cette recherche ne doit pas avoir lieu, on doit alors également interdire la recherche des trisomies chez les femmes enceintes !
Car si les règlements peuvent être détournés au bout de quelques semaines en toute légalité, c’est qu’ils n’ont pas lieu d’être.
La trisomie 21 n’est pas une maladie mais une anomalie génétique du fœtus dont la recherche est autorisée chez les femmes enceintes, alors pourquoi ne pas l’effectuer au stade préimplantatoire ? Question de bon sens.
On ne peut pas vouloir être vertueux à un moment et, ensuite, fermer les yeux sur les conséquences de ses actes.
Ce débat, bien que n’ayant pas mobilisé un grand nombre de députés, pose à nouveau la question plus générale de savoir jusqu’à quel point on peut s’éloigner d’un équilibre naturel sans tomber dans des outrances que permet la technique, mais nuisibles aux individus et à la société.
Dr. Jacques Michel Lacroix
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