En Occident, nous connaissons depuis deux ans la campagne « MeToo » qui, malgré des excès notables, a permis de dénoncer des violeurs jusque-là impunis, même si certains accusés vont finir innocentés, tandis que d’autres trouvent des arrangements financiers avec leurs victimes : ils remettent ainsi en vigueur les antiques lois germaniques sur la compensation d’une agression sexuelle par une somme d’argent fixée par le code et la coutume.
À rebours de cette évolution (révolution ?), en Malaisie, un politicien du parti au pouvoir, Mohamad
Imram Abdul Hamid, est venu au Sénat soutenir un projet de loi destiné à défendre les hommes du « harcèlement » des femmes.
Il a déclaré, à la fin du mois de juillet 2019, devant la chambre haute : « Je propose une loi sur le harcèlement sexuel visant à protéger les hommes des actions, paroles et vêtments des femmes qui séduisent les hommes au point de les pousser à commettre des actes comme l’inceste, le viol ou regarder de la pornographie… C’est important que nous les hommes soyons protégés : les actions et les vêtements des femmes peuvent nous séduire, nous pousser à enfreindre la loi et nous causer des problèmes avec la justice […] Je demande au ministère de prendre en compte ma proposition, pour que les hommes soient en sécurité et le pays en paix. »
Ces propos sont donc sans ambiguïté.
Si une femme subit les derniers outrages, son agresseur devrait, selon ce parlementaire, être excusé si la tenue de sa victime était « aguichante ».
Mesdames, si vous portez une jupe, une robe ou si vous mettez des talons hauts, vous serez la seule responsable de ce qui vous arrivera !
Nous ne sommes pas loin du slogan « Voilée ou violée ».
En Occident, ce genre de discours a pu existé dans le passé.
Heureusement, les mentalités ont évolué mais tous les préjugés n’ont pas disparu.
En Irlande, en 2018, les magistrats ont imputé son viol à une adolescente de 17 ans car elle portait… un string !
Selon un sondage effectué en juin 2019, 42 % des Français estimeraient que la responsabilité d’un violeur était moindre si la victime s’était montrée provocante.
Il faut néanmoins prendre avec prudence les résultats étonnants de cette enquête, car suivant les questions posées, on peut faire dire ce qu’on veut aux sondés.
Imram Abdul Hamid a déclenché un tollé dans son propre pays et à l’échelon international, même s’il a reçu quelques soutiens : un vice-président du Sénat a notamment déclaré que ses paroles étaient de bon sens.
Il a vite retiré sa proposition de loi et s’est platement excusé : « Bien que mes intentions soient sincères, je ne m’attendais pas à ce que cela soit perçu comme une grave erreur offensant beaucoup de femmes et que des hommes se sentent insultés. »
La Malaisie est à 61,3 % musulmane, mais l’islam impose sa marque.
Dans un des États fédérés, le Kelantan, la charia est appliquée sans nuances.
Dans la capitale de cette province, un règlement municipal interdit même jupe, rouge à lèvres et hauts talons aux femmes.
Le contexte, dans ce pays, était donc propice à ce qu’un sénateur ose déposer un tel projet de loi.
Christian de Moliner
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