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dimanche 9 novembre 2014

Combien d’aéroports sacrifiés sur l’autel de Notre-Dame-des-Landes ?


aeroport-deauville


Le 8 novembre 2014


   
Jean-Marc Ayrault veut Notre-Dame-des-Landes. C’est un hochet de consolation que ses amis pourraient être tentés de lui accorder.
 
Le 28 octobre dernier, Manuel Valls, droit dans ses santiags, affirmait dans une lettre « la détermination de l’État » à construire l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
« Les travaux ne s’engageront qu’une fois les recours contre le projet jugés », écrit le Premier ministre.
Les militants de l’association Des Ailes pour l’Ouest à qui il s’adressait sont rassurés.
 Ils prennent cela pour un ferme engagement.
 Sauf que les procédures judiciaires ne devraient êtres closes qu’en 2017, et d’ici là, hein, il peut s’en passer, des choses…
Alors, NDDL ou pas NDDL ? Et si oui, pour qui, et surtout pour quoi ?
Sur le site consacré au projet, on nous l’assure, le nouvel aéroport a pour objet de « répondre à la croissance du trafic ».
 Et d’avancer des chiffres : +8,24 % de trafic en 2013 sur l’aéroport de Nantes-Atlantique.
Vu comme ça, on peut admettre qu’il faille le délocaliser 25 km plus au nord, pour le « développement du Grand Ouest ».
 Mais alors il faut fermer toutes les dessertes alentour, tous ces aéroports régionaux qui vivotent de la subvention publique ?
Parce que la France, là encore, est une exception européenne.
 Le vilain Jean-Vincent Placé râlait hier sur France Info : « Il y a déjà un aéroport à Nantes, comme y en a à Angers, comme y en a à Rennes, à La Rochelle… enfin c’est absurde, il y a déjà 144 aéroports dans ce pays ! Et c’est zéro, ça produit rien. »
Il a tort : il n’y a pas 144 mais 170 aéroports commerciaux en France.

 Comme l’analysait Antoine Krempf en décryptant « le vrai du faux » : « La France compte un aéroport pour 358.000 habitants, c’est trois fois plus qu’au Royaume-Uni, six fois plus qu’en Italie et douze fois plus qu’en Allemagne […] La seule région Normandie compte par exemple cinq aéroports dont trois dans un rayon de 50 km. »
Pour les golfeurs, sans doute…
Tout cela figure dans le rapport que vient de remettre le député socialiste Bruno Le Roux à Manuel Valls.
En France, 56 % du trafic aérien est assuré par les aéroports parisiens, les 44 % restant allant à la petite quinzaine d’aéroports régionaux qui dépassent le million de passagers annuels.
Soit 17 aéroports rentables sur 170.

Les autres « sont en déficit chronique faute de passagers et ne survivent que grâce aux subventions publiques ».
Comme le relevait déjà la Cour des comptes en 2008 : « Dans plusieurs cas, les subventions d’exploitation ont représenté chaque année des montants supérieurs à 100 euros par passager en moyenne entre 2000 et 2006. »
Et ça n’a pas dû s’arranger depuis.

Jean-Marc Ayrault veut Notre-Dame-des-Landes.

C’est un hochet de consolation que ses amis pourraient être tentés de lui accorder.
Si tel est le cas, la logique voudrait qu’alors on fermât les aéroports de Rennes, Lannion, Quimper, Brest, La Rochelle, Dinan, Lorient, Angers, Poitiers et sûrement d’autres encore.

Si François Hollande avait été un poil plus intelligent, il aurait commencé par rendre Nantes à la Bretagne.

 En récupérant la Loire-Atlantique et l’historique château de leurs ducs, les Bretons auraient sans doute accepté ailleurs quelques coupes sombres.

 Pour la satisfaction de quelques barons, on préfère la guerre.

Bref, les siècles passent mais rien ne change.

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