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mercredi 3 septembre 2014

Les people lâchent Hollande : mieux vaut tard que jamais !

 
 
FIGAROVOX/TRIBUNE -
 
 Les soutiens «People» de François Hollande, comme Noah, Balasko ou Ruquier se disent déçus mais sincères. Christian Combaz n'est cependant pas certain que ce repentir sera accepté par les Français.

Quand on a subi dans sa jeunesse les errements des intellectuels français à propos du Parti communiste, quand on s'est appuyé les fadaises de 1978 sur le pacifisme de Brejnev, quand on s'est tapé les discours des «compagnons de route», quand on a vu la Gauche mitterrandienne faire ses affaires en bourse, donner ses rendez-vous à l'île Maurice, dîner chez Fidel Castro, quand on a vu débarquer les trotskystes à la Mamounia, on pensait avoir tout connu en matière de reniement, mais il restait à être témoin de la punition.
 Non, nous ne parlerons pas de la punition ultime, biblique, qui consiste à voir se retourner le bateau, il est question ici du retournement de l'équipage mais le reste est en route .
 Bizarrement les officiers de quart les plus fidèles qui vantaient sans arrêt les mérites du capitaine, ceux qui n'hésitaient pas à se boucher les oreilles quand on en disait du mal, ceux qui s'exprimaient en sa faveur dans le bulletin de bord, ceux qui poussaient la chansonnette avant ses discours lors des dîners de gala, ceux qui nous parlaient de son «cap», de son caractère de «fin manoeuvrier», de son goût si plaisant pour les jolies femmes, sont presque unanimes à nous dire que la nation va connaître le sort du Concordia, ce géant qui s'est couché dans trois mètres d'eau devant l'Europe entière .
 
Il est indécent d'avoir attendu deux ans et demi pour s'aviser que la vitesse, le rayon du virage, le tonnage, l' inertie, l'étourderie du commandant sont en train de précipiter notre navire sur les rochers.
D'autres l'avaient prévu longtemps avant le drame.
 Il est trop tard pour téléphoner à la presse en disant je le savais.
 D'autant que la presse elle-même n'a rien publié de sévère au sujet de François Hollande pendant de nombreux mois.
Les lecteurs ont dû se rabattre sur internet pour lire les premiers commentaires sur sa mollesse, son incapacité à dire oui ou non (à moins que ce ne soit dans la même phrase), son indécision corollaire dans le privé, sa parole sans éclat et son humour à peine digne d'un chef de service un jour de départ à la retraite.

Est-il permis de suggérer au lecteur de taper, dans son moteur de recherche, les mots «M. le Président, méfiez-vous du train», titre d'un article livré à un webzine par un auteur de ma connaissance au creux du mois de juillet 2012, période durant laquelle les commentateurs ne se bousculaient pas pour exprimer leurs doutes au sujet de «M. Normal»?
Cet article comparait le premier personnage de l'Etat à son lointain prédécesseur Paul Deschanel.
Ce dernier était tellement normal qu' après avoir commis l'erreur de battre l'impétueux Clémenceau à la présidentielle, il est tombé d'un train en pyjama.
Ridicule, il est devenu dépressif et il a démissionné.
 Il a compris qu'on ne gouvernait pas un pays exposé à la guerre et à la faillite avec des calculs de sous-préfet.
 
A l'automne 2012 la moitié du PAF, chanteurs, éditorialistes de plateau, acteurs engagés, était pourtant ravie de voir François Hollande arriver aux affaires.
 Curieusement c'est elle que nous retrouvons en ce moment dans les émissions matinales pour critiquer celui qu'elle a adoré hier, en commençant d'ailleurs toujours de la même façon: «Vous savez je suis comme tout le monde, au début j'avais une certaine amitié pour le personnage, mais désormais vous comprenez...»

Il est temps de dire, de rappeler, de clamer bien haut que non, «tout le monde» n'a pas partagé leur indulgence pendant les premiers mois.
Essayer de noyer sa propre responsabilité dans une illusion commune pour sanctifier tous ses errements, se récuser en public au nom de la sincérité, de la générosité de coeur, de l'engagement social est une méthode qui a beaucoup servi mais qui ne prend plus depuis Yves Montand.
 
 Nous avons été très nombreux à avoir protesté, au lendemain des élections, contre la faiblesse du commandant Hollande.
 
Il se trouve que le micro était fermé, c'est tout.

Christian Combaz est écrivain et essayiste. Son dernier livre, «Gens de Campagnol», est paru en 2012 chez Flammarion.
Lire également ses chroniques sur son blog.
 

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