A mon âge, je dois concéder que de nombreux Présidents m’ont aidé à éteindre les bougies, sans cesse plus nombreuses, de mes gâteaux d’anniversaire.
De Gaulle a participé à souffler celles de mes sept ans puis de mes quatorze, Pompidou celles de mes dix-huit, tandis que Giscard, lui, a marqué de l’aube de son mandat les festivités de mes vingt-trois et, de ce fait, mon tout premier vote.
Mitterrand consacre, tout à la fois, mes trente ans et mon mariage puis, plus tard, mes trente-sept et mon divorce, sans qu’il faille, d’ailleurs, y chercher la moindre relation de cause à effet.
Ensuite, c’est Chirac qui souffle avec moi sur les nombreuses lumières qui garnissent le crémeux dessert de mes quarante-quatre ainsi que celui de mes cinquante et un printemps pour le voir décider que, dorénavant et nonobstant une intoxication tabagique commune, il décide de m’accorder moins de temps pour reprendre mon souffle et ce ne sera que cinq petites années plus tard que Sarkozy, lui, m’aide à laisser planer une odeur de paraffine fumante autour du symbole chocolaté de mes cinquante-six années de, presque, bonne vie et mœurs mais, surtout, de bonne mémoire.
Et c’est enfin Hollande qui, cette fois, m’assiste pour souffler sept bougies. Six grosses représentant les dizaines et une, plus petite, dont je laisse le soin au lecteur de deviner la symbolique…
Ce long préambule pour exprimer le fait que des Présidents et des gouvernements… j’en ai vu, mais jamais, absolument jamais et aussi loin que je remonte, je n’ai vu des personnalités brillantes et de valeurs, parce que c’est le cas, former une équipe gouvernementale et aboutir à une dynamique de groupe telle qu’ils en viennent à paraître « incompétents » pour une bonne partie de leur propre électorat et les faire passer pour des « amateurs » aux yeux de nombre de haut-fonctionnaires, pourtant socialistes !
Jamais, au terme de seulement dix-huit mois d’exercice du Pouvoir, je n’ai entendu l’Homme de la rue employer de tels noms d’oiseau, ouvertement, sans retenue et, bien plus grave, avec la certitude de voir ces appréciations partagées, pour qualifier des élus de la République au point, d’ailleurs, qu’il semblerait que, pour nombre de candidats, le symbole de la « Rose » ne constituerait plus le sésame électoral nécessaire et suffisant qu’il fut par le passé.
Jamais je n’ai assisté à une rupture entre l’Opinion et une Présidence qui semble atteindre un tel point que le divorce semble proche et inéluctable, à l’image de ces vieux couples dans lesquelles les rancœurs sont devenues telles que, même si l’époux tente une manœuvre de « séduction » pour tenter de recoller les morceaux, le simple fait d’offrir un bouquet de fleurs [sans analogie aucune avec la libération de nos otages, ndlr] n’entrainera rien d’autre qu’un irréparable « qu’as-tu encore à te faire pardonner ? » au motif bien connu que « quand c’est cassé… c’est cassé ! ».
Jamais je n’ai assisté à une telle fronde de la part de l’ensemble du corps social et une fronde à laquelle s’associent bien des élus, même de leur propre bord politique, puisque le Sénat, pourtant majoritairement à gauche, a de fortes chances de refuser de voter le volet « recettes » du budget 2014, ce qui en interdirait l’adoption, tandis que, de son côté, le texte de la réforme des retraites vient d’être réécrit dans un axe UMP-Centriste-Communiste-Ecologiste constituant une forme de « majorité improbable » et contre nature mais, indiscutablement, anti-gouvernementale !
Jamais je n’ai assisté à une telle nécessité, pour un gouvernement, de retrouver un minimum de crédibilité pour ne pas employer le terme, très grave, de « légitimité ».
Que peut-il faire d’autre que remanier ou dissoudre et, le tout, dans une urgence inavouée qui n’est jamais de bon augure ni bonne conseillère ?
Un remaniement est, évidemment, probable mais en changeant toutes les têtes ou quelques unes seulement, en se contentant d’un temporisateur jeu de chaises musicales avec la même équipe ou bien, encore, en franchissant le Rubicon d’un changement complet de ligne politique et, dans ce cas, prisonnier qu’il est de son aile gauche, quelle choix possède-t-il ?
Une dissolution de l’Assemblée nationale verrait, à n’en pas douter, le retour d’une majorité de droite, mais je ne suis pas intimement convaincu qu’un nouvel épisode « cohabitation » serait véritablement souhaitable à notre pays.
J’en suis à me demander, dans un tel cas de figure, s’il ne vaudrait pas mieux, avec un certain machiavélisme, voter délibérément, et majoritairement, à gauche pour laisser les socialistes boire le calice jusqu’à la lie, une bonne fois pour toutes, et les contraindre à abandonner, pour l’avenir et définitivement, leurs vieilles lunes économiques !
Jamais je n’ai vu un parti politique, et le gouvernement dont il porte les couleurs, être à ce point certain d’entrer dans l’Histoire, mais sans très bien savoir encore quelle image il va y laisser.
Sans changer de politique économique, sans tourner le dos à l’idéologie, à la lutte des classes et au dogmatisme, ce sera la faillite de la France et, simultanément, celle, durable, du « Parti Socialiste » tel que nous le connaissons, car il ne faut pas oublier que si l’Europe nous a accordé un répit de deux ans, ce n’est pas sans quelques contreparties dont, bien sûr, l’engagement formel de procéder à de profondes réformes structurelles et de combler nos déficits, ce dont je ne suis pas sûr que nous prenions le chemin !
Si, par contre, avec un gigantesque courage, François Hollande, assumant ce qu’il est, devenait le premier Président Social-Démocrate que la France aurait connu, ce serait l’entrée dans l’Histoire, avec un grand « H » et par la grande porte.
Avec une telle orientation, comparable à d’autres Sociaux-démocrates Européens, lui seul serait en mesure de procéder à ces réformes libérales, donc avec des conséquences sociales positives pour tous, dont la France a le plus grand besoin et qui, proposées par la droite, sont par avance, et sans même réfléchir, refusées !
Source photo : Michel Grégeois Son site ici
Note de la rédaction : illustration en video de ce dessin !
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