publié le 14 novembre 2013
Le barrage syndical de ces derniers jours, contre les nouveaux rythmes scolaires, est vraiment étonnant.
Vincent Peillon avait pourtant le bon profil pour réussir :
Philosophe (sage, pensaient même certains)
Du sérail (contrairement à son prédécesseur que la plupart voulaient renvoyer chez L’Oréal)
De gauche
Vincent Peillon n’a pas été choisi au hasard. Il avait la gueule de l’emploi.
Et il a su s’y prendre, pour séduire les syndicats.
Il avait commencé par une concertation nationale.
Il n’avait à la bouche que le mot « recruter ».
« Plus de maîtres que de classes » était un slogan du SNUipp-FSU, principal syndicat d’enseignants du primaire.
En le reprenant comme l’une de ses principales réformes, Vincent Peillon donnait un gage de sympathie.
Mais voilà qu’à nouveau, les syndicats sont dans la rue.
Et le premier à appeler à la grève est le SNUipp-FSU.
Les rythmes scolaires ne sont pas si importants
Un tel vacarme, pendant tant de mois, pourrait laisser penser qu’il y a un enjeu majeur pour l’école, pour les enfants.
Et pourtant : la réforme des rythmes scolaires n'est pas la plus importante.
40 % des élèves ne sauront toujours pas bien lire ni bien compter en sortant du système scolaire.
1 élève sur 10 (3 par classe !) continuera d’être harcelé dans l’abandon total des adultes, parfois jusqu’au suicide.
Toute notre énergie devrait être focalisée sur l’exigence dans les classes, pour la réussite de tous.
Alors, ce bras de fer ne cacherait-il pas d’autres enjeux, plus politiques ?
Les syndicats bloquent tout le monde
SOS Éducation avait déjà réagi, il y a deux ans lors des grèves de rentrée des enseignants, par une pétition accompagnée d’une vidéo.
Elle dénonçait l’opposition aveugle des syndicats qui demandent « toujours plus de postes ».
Et aujourd’hui, c’est la même prise de pouvoir qui se renouvelle. Car ce n’est pas le ministre qui dirige l’Éducation nationale, et depuis longtemps !
C’est simple : à la fin des années 60, l’Éducation nationale a été vendue par le gouvernement de l’époque à la puissante Fédération de Éducation Nationale, censée modérer les ardeurs des autres syndicats.
Depuis, aucun gouvernement de la Ve République - y compris socialiste - n’a eu de force suffisante pour affronter la FEN (devenue UNSA éducation).
Toutes les grandes réformes ont été décidées dans l’ombre de l’administration et les ministres s’y sont cassé les dents.
Vincent Peillon compris.
Les syndicats bloquent tout, et depuis longtemps.
Comment avancer
Si un ministre de l’Éducation veut vraiment reprendre les rennes, il lui faudra vendre sa réforme à tous les partenaires - parents, enseignants, éducateurs, grands-parents - bien avant d’arriver au ministère, quand il n’est encore que député.
C’est ce qu’ont fait les Anglais.
Les vrais réformateurs de l’éducation se sont démasqués alors qu’ils n’étaient encore que simples élus et ils ont travaillé avec le terrain, hors syndicat.
C’est la condition pour avancer.
Or en France, aucun politique, ni à gauche, ni à droite, ne fait de l’éducation son cheval de bataille, son vrai combat, loin des effets d’annonce.
Par exemple, pourquoi la commission éducation du Parlement ne s’occupe-t-elle jamais de sujet de fond ?
PISA va encore nous rappeler notre échec
Les résultats de PISA seront dévoilés le 3 décembre prochain.
Cette grande enquête menée auprès de plus de 55 pays mesure les compétences des jeunes de 15 ans.
Encore une fois, la France va se prendre une claque.
Et encore une fois, personne ne fait entendre une voix claire pour sortir nos écoles de l’impasse.
Les syndicats monopolisent le temps de tous avec les rythmes scolaires mais ce n’est pas ce qui nous permettra de remonter dans le classement, un peu de sérieux.
Et, pourtant, la leçon de l’histoire est là, devant nos yeux.
Vincent Peillon n’a au final rien proposé, ni dans sa loi, ni ailleurs et il s’apprête à plier bagage.
On ne retiendra rien de son passage, si ce n’est qu’il était sans doute l’un des mieux placés pour affronter l’hydre syndicale.
Comme dit la fable, rien ne sert de courir, il faut partir à point.
Et « à point », c’est maintenant !
Alors, Messieurs les Parlementaires, qu’attendez-vous pour vous sentir concernés par l’éducation ?
Cherche parlementaires intéressés par l’éducation
Si l’Angleterre a réussi à se redresser et à avoir à nouveau des écoles publiques au niveau des meilleurs écoles privées, c’est parce que des parlementaires intéressés ont pris le taureau par les cornes.
Ils ont décidé que ce n’était plus aux syndicats de dicter leur loi à l’Éducation nationale.
Pour ces parlementaires anglais qui se sont mis à se passionner pour l’école, pour leur école, il était nécessaire de regarder ce qui fonctionne, de l’appliquer et de sortir les enseignants de l’ornière où les syndicats les avaient mis.
En effet, à cause d’eux, à cause de leur immobilisme, les professeurs finissent par ne plus être appréciés de personne et notre école est constamment décriée.
Olivia Millioz et Paola Carruolo
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