Par Michel Negynas.
Les effets d’annonce politiques et médiatiques sur le Diesel font partie du monde fantasmé de l’écologie émotionnelle, mais on voit qu’ils ont bien des effets sur l’économie réelle.
Il serait responsable de 40 000, voire 60 000 morts par an en France, surtout dans les grandes villes.
Tous les professionnels de santé, les environnementalistes et les épidémiologistes sérieux savent que ces chiffres sont pour le moins douteux : les études à la base du calcul sont problématiques, les chiffres sont obtenus par règle de trois sans que l’on sache si c’est scientifiquement fondé, il n’y a pas que le diesel qui pollue en particules fines, le chauffage aussi ; enfin, l’air des grandes villes n’a jamais été aussi pur.
De plus, les moteurs diesel récents, en particulier équipés d’injection d’urée, ne polluent pas plus que les nouveaux moteurs à essence hyper-dopés pour diminuer les émissions de CO2.
En fait, l’administration française et européenne combattent non pas les constructeurs automobiles, mais le principe de Carnot : pour diminuer la consommation, il faut augmenter la température de fonctionnement des moteurs, ce qui produit physiquement davantage de particules et d’oxyde d’azote.
Les objectifs sont a priori incompatibles.
C’est d’ailleurs en forçant les constructeurs à progresser trop vite compte tenu des contraintes technico-économiques que l’on a abouti au dieselgate.
Pour l’instant, seuls les vieux diesel sont déjà touchés réglementairement, mais les annonces d’interdiction totale éventuelles à 2024 ou 2025 font des ravages.
La réaction du monde réel
Les ventes de véhicules neufs s’effondrent : de 60 % des ventes, elles sont passées à 30 %.
Les prix sur l’occasion chutent, évidemment : les « vieilles » voitures de plus de 6 ans sont quasiment invendables, et tout laisse à penser que cela va s’accélérer.
Le prix moyen a baissé instantanément de 15 %, au dire des vendeurs, et cela va s’accentuer rapidement si l’avenir reste flou.
Essayons-nous à un petit calcul, à base d’hypothèses plausibles :
Le parc de véhicules français est de 50 millions ; 60 % sont du diesel ; l’âge moyen toutes catégories confondues est de 9 ans, probablement moins pour le diesel qui s’était développé durant les dernières années sous l’effet de l’amélioration considérable des moteurs…
Hypothèse de prix de vente, avant l’hystérie antidiesel, pour une occasion diesel : quasi neuve 20 000 euros, âgée 3 000 euros, moyenne 11 000 euros.
Ce qui fait une estimation de la valeur totale du parc de 330 milliards d’euros (avant annonces et réglementation).
Depuis l’attaque sur le diesel :
Estimation à terme de la dépréciation sur la base des ventes déjà constatées : 100 % pour les voitures anciennes, 30 % pour les neuves de haut de gamme, 40 % en moyenne, à terme.
Ce qui fait une perte instantanée de valeur pour la France de 130 milliards sans compter les stocks de voitures neuves, de moteurs et de pièces déjà fabriquées, car les constructeurs automobiles ont été complètement pris de court par les annonces.
Cette perte se reportera sur les particuliers, mais aussi sur certaines sociétés ayant un parc important : transport, loueurs…
C’est une véritable perte de richesse pour les Français, même si elle est peu visible.
Comme toujours, ce sont les classes les moins aisées qui perdent proportionnellement le plus : leur voiture est souvent leur seul patrimoine.
Évidemment ce n’est pas tout : il faut reconvertir des usines, et la France étant un champion du diesel fournissant toute l’Europe, les transferts ne se feront pas sans pertes d’emplois français.
Certains estiment que 15 000 emplois sont menacés, avec les coûts de dédommagement nécessaires et les pertes pour les entreprises concernées, mais aussi pour l’État en rentrées fiscales.
Tout ça pour rien ?
Le parc moyen étant de 9 ans, on peut considérer qu’après mise en action des dernières normes alignant les mêmes contraintes sur le diesel et l’essence, le parc moyen serait aux normes actuelles en 2028.
Le « problème », si problème il y a, n’existerait quasiment plus.
Ce qui va se passer effectivement reste flou.
Les effets d’annonce politiques et médiatiques sur le diesel font partie du monde fantasmé de l’écologie émotionnelle, mais on voit qu’ils ont bien des effets sur l’économie réelle : perte sur la balance commerciale, pertes d’emploi, en un an perte de valeur d’actifs français de plus de 100 milliards…
En réalité, c’est la plus grande opération d’obsolescence programmée de tous les temps.
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