Translate

lundi 16 décembre 2024

[ÉDITO] Macron : il est venu le temps des chrysanthèmes

 

Capture d'écran KTO
Capture d'écran KTO

 

Ainsi donc, ce lundi matin, François Bayrou reçoit Marine Le Pen et Jordan Bardella à l’Hôtel de Matignon.

 Le tandem Rassemblement national sera d’ailleurs le premier à inaugurer les consultations que le tout nouveau Premier ministre lance avant la constitution de son gouvernement. Il recevra aussi LFI. L’Élysée avait pourtant fait savoir, la semaine dernière, que le maire de Pau avait reçu pour mission de « dialoguer » avec toutes les formations politiques, sauf avec le Rassemblement national et la France insoumise. Histoire, sans doute, de contenter les socialistes, tout du moins pour ce qui concerne le RN...

Louis Aliot : « Macron ne devrait plus s'occuper de politique »

Et au troisième jour à Matignon, Bayrou n’en fait déjà qu’à sa tête ! Vendredi, il a tordu le bras d’Emmanuel Macron en imposant sa personne à la tête du gouvernement et voici qu’il s’assoit sur la feuille de route du Président. Bayrou – on s’en doutait, on le voyait venir, on le savait – ne sera pas un collaborateur du chef de l’État. Un chef de l’État à qui Bayrou peut dire « Qui t’a fait roi ? ». Bayrou qui n’est pas Barnier. Ce dernier, au fond, n’a jamais vraiment eu envie d’avoir envie de l’Élysée. Sa candidature à la candidature à la magistrature suprême, en 2022, ne convainquit pas grand monde, lui, sans doute en premier. Bayrou, c’est autre chose. Il a été deux fois candidats à la présidentielle et pour de vrai. Il avait même eu le culot de vouloir s’inviter au second tour en 2007 qui opposa Sarkozy et Royal ! Barnier a (eu) une carrière, Bayrou croit depuis toujours (et sans doute encore aujourd’hui) qu’il a un destin.

Nuance. Victor Hugo voulait être Châteaubriand ou rien, Bayrou veut être Henri IV. Ou rien ? Et Henri IV, son truc ça été la réconciliation des Français. Drôlement ambitieux à l’époque. Comme aujourd’hui. Et ce n’est certainement pas avec une feuille de route macroniste (dialoguer avec toutes les formations politiques… sauf avec !) que l’on va y arriver. Donc, à travers cette décision de recevoir Marine Le Pen et Jordan Bardella, Bayrou envoie un message fort et clair à l’adresse de Macron. Il se positionne en homme d'État et non en chef de parti. Le monde à l'envers entre Matignon et l'Élysée ! Le temps est donc peut-être venu pour Macron de se mettre en retrait de la vie politique, comme le suggérait le très patelin Louis Aliot, ce dimanche midi, au Grand Jury RTL-M6-Le Figaro-Public Sénat. En clair, pour Emmanuel Macron, il est venu le temps, non pas des cathédrales, mais des chrysanthèmes. Il fait ça très bien du reste. En témoignent les cérémonies de réouverture de Notre-Dame ou encore le salut très protocolaire au pape avant son départ de Corse, ce dimanche soir.

La France penche sérieusement à droite

Mais cette réception à Matignon de Marine Le Pen et Jordan Bardella, forts de leurs onze millions d’électeurs, outre la dimension symbolique qu’elle prend en réparant l’affront qui, selon eux, leur a été fait par Michel Barnier au début de son ministère, rappelle une loi d’airain à ceux qui prennent leurs désirs pour des réalités et vivent hors-sol car c'est plus confortable. Cette loi d'airain, c’est celle, non pas de la gravité, mais de la gravitation universelle. Le poids du Rassemblement national et de son allié Éric Ciotti continue et va continuer de peser dans ce maelstrom politique français. Bayrou, qui fait du judo politique depuis quarante ans, en bon connaisseur des rapports de force, sait très bien que le déplacement, ces derniers jours, du centre de gravité vers la gauche, avec la promesse plus ou moins ferme de non censure de la part du PS, ressemble plus à une illusion d’optique qu’à une réalité physique. La France penche sérieusement à droite. Preuve en est, Gérard Larcher, fine mouche, qui demande à François Bayrou (pas à Emmanuel Macron) que Bruno Retailleau reste à l’Intérieur. Dans ces journées de dupes que furent les dernières semaines, on a cru peut-être un peu vite que le RN s'était sorti lui-même du jeu en votant la censure. A voir... Pour l’instant, semble-t-il, c’est Macron qui prend le chemin du banc de touche. Avec fleurs et couronnes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.