Macron : le président du « Décarbonistan »
Le 24 avril, Emmanuel Macron a prononcé un discours à la Sorbonne en tant que candidat à la présidence de l’UE, non pas comme Charles Michel, mais en tant que véritable président d’une future union fédérale. Dans un discours de près de deux heures, il a annoncé, sans le dire, qu’il fallait fusionner les États en une seule entité dont le président - lui ? - dirigera tout le monde. Ce sera démocratique, bien sûr, mais les décisions s’appliqueront à tous, même si elles ne correspondent pas à la culture, aux fondements des nations fusionnées. Car il veut fusionner les nations comme il a fusionné des entreprises. Il a parlé de souveraineté, mais jamais de souveraineté nationale ; elle sera uniquement européenne.
En ce qui concerne l’énergie et le climat, il a déclaré « C’est une force. Nous voulons le climat, avec l’énergie décarbonée, je le disais, mais nous sommes le seul espace géographique qui a pris les règles pour y arriver. Les autres ne vont pas au même rythme. » Entendez « tous les autres se trompent, c’est nous qui avons raison ». et d’annoncer que « Donc, oui, l’énergie décarbonée produite en Europe, c’est la clef de la réconciliation climat, souveraineté et création d’emplois. Et donc, il nous faut une stratégie combinée : efficacité énergétique, déploiement du renouvelable et déploiement du nucléaire. C’est ce qui fera de l’Europe une véritable puissance électrique. Et c’est ça la clef. » En fait, il se satisfait de la politique énergétique qui a fait grimper le prix de l’électricité et miné la compétitivité des entreprises, et il entend continuer à gaspiller nos impôts en promouvant des projets d’énergies renouvelables non rentables, mais qui profitent à la caste des profiteurs. Il a parlé de l’hydrogène, bien sûr. Je reviens de la conférence Flame 2024 à Amsterdam sur le GNL, et à quelques-uns nous avons ri des simplets qui rêvent de l’hydrogène-énergie.
Après sa conversion tardive à l’énergie nucléaire, on se demande si le président a persuadé les Autrichiens de modifier leur constitution, qui interdit l’énergie nucléaire.
Est-il assez insolent pour envisager de modifier la constitution d’un pays fusionné ? Est-il possible qu’il ne voit pas que sa stratégie énergétique est un échec ? La conférence Flame 2024 a confirmé l’extraordinaire développement de la production, du commerce et de l’utilisation du gaz naturel liquide, un combustible fossile que l’UE refuse de produire, mais qu’elle achète avec enthousiasme aux États-Unis. Le gaz américain a remplacé le gaz russe ; Macron se vante de ne plus acheter de gaz russe, sans mentionner que nous sommes dépendants du gaz américain, beaucoup plus cher.Il est difficile de continuer à rêver
Ailleurs, cependant, les mensonges de l’État sont de plus en plus visibles. Alors que M. Macron s’exprimait, la ministre britannique de l’Énergie, Claire Coutinho, écrivait sur X que « les pays du monde entier sont en train de se rendre compte qu’il n’est pas possible d’imposer des coûts aux familles en difficulté pour atteindre les objectifs climatiques ». Tout au long de cette campagne européenne, ce message devrait être répété sans cesse : les objectifs écologiques ne seront pas atteints parce que nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à appauvrir les gens.
Le gouvernement de coalition écossais vient de s’effondrer, les Verts ne pouvant accepter que le gouvernement de Humza Yousaf admette qu’il ne parviendra pas à réduire les émissions de carbone de 75 % d’ici à 2030 et de 100 % d’ici à 2045. Comment est-il possible d’annoncer des objectifs aussi extravagants ? Notez que l’objectif de 50% de l’UE est tout aussi extravagant, sans parler de l’objectif de 90% pour 2040 qu’Ursula von der Leyen a prévu si elle est réélue.
Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen, qui voulaient imposer les voitures électriques à partir de 2035, n’auront même pas honte de cet autre échec : les ports européens sont remplis de véhicules électriques chinois qui ne trouvent pas preneurs, car il est évident qu’ils n’en veulent pas, malgré les prix bradés. Cette semaine, Carlos Tavares, PDG de Stellantis, s’en est pris une nouvelle fois aux objectifs de vente arbitraires des véhicules électriques. Il a eu le mérite de dénoncer l’erreur - le mensonge - dès le départ, contrairement aux constructeurs allemands qui s’en mordent les doigts.
Le mensonge du ministre écologiste allemand
Dans un article publié dans le magazine allemand Cicero, le journaliste David Gräber révèle que des membres du parti des Verts, dont le ministre Robert Habeck, ont trompé le public allemand en affirmant que les centrales nucléaires sont trop chères et trop dangereuses, alors que l’analyse interne du gouvernement allemand montrait qu’elles produisent de l’électricité bon marché et que leur exploitation est sans danger. L’affaire est grave, car le mensonge, la manipulation, ont pris place en pleine crise énergétique à la suite de l’explosion du gazoduc Nord Stream.
J’avais intitulé mon dernier livre « Insécurité énergétique », mais à la lecture du manuscrit, l’éditeur m’a judicieusement suggéré de l’appeler « Énergie, mensonges d’état », car il y en a tellement dans le domaine de l’énergie. Il ne s’agit pas seulement de mensonges, il s’agit de notre avenir en tant qu’Europe, en tant que nations, en tant qu’industries et en tant que citoyens. La situation est si préoccupante qu’il est facile de comprendre pourquoi les hommes politiques n’osent pas regarder la réalité en face et se contentent de dire que le monde finira bien par nous suivre, alors même qu’ils ont résolument abandonné la décarbonation comme l’a montré la COP28.
Le 22 mai, le Club de Pan a invité Richard Lindzen à nous démontrer que ces mensonges d’État sont inutiles, car ils ne changeront rien à la croissance des émissions mondiales de CO₂ et que ce n’est pas un problème.
Il a l’autorité pour le dire, puisque Lindzen est professeur émérite de sciences atmosphériques au MIT et membre de l’Académie nationale des sciences des États-Unis depuis 1977. Son intervention montrera que le consensus des mouvements politiques qui se réclament d’une base scientifique conduit à des erreurs coûteuses qui ont des conséquences négatives sur le long terme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.