15.11.2022
Une unité militaire européenne - la force de réaction rapide - doit, dans l'avenir se spécialiser dans l'évacuation et la stabilisation.
La disponibilité opérationnelle de cette nouvelle force militaire est prévue pour 2025. Une première mission pourrait assurer un futur cessez-le-feu en Ukraine, assure Die Welt. Mais, c'est sous le commandement politique et militaire de Berlin que tout doit se dérouler. Et, c'est avec l'accord de l'Otan qu'il a été décidé de mettre en place la force de réaction rapide.
Face à la situation sécuritaire de plus en plus précaire dans le monde, l'Union européenne travaille d'arrache-pied sur une nouvelle force d'intervention militaire rapide pouvant compter jusqu'à 5 000 soldats. En novembre 2021, Observateur Continental précisait que «l'UE valide la défense paneuropéenne». Selon les besoins, la force de réaction rapide devrait inclure non seulement des troupes terrestres, mais également des forces aériennes et navales. Selon les informations de Die Welt, les ministres de la Défense de l'UE veulent prendre ce mardi une décision fondamentale: les deux premiers des cinq scénarios prévus pour l'opération militaire doivent être adoptés.
L'Allemagne veut diriger la force de réaction rapide de l'UE. Le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a expliqué le projet au média allemand dont la rédaction se trouve à Berlin: «Dans un premier temps, nous avons créé deux scénarios de déploiement possibles pour [la force de réaction rapide de l'UE]: des opérations de sauvetage et d'évacuation et, dans un deuxième scénario, le début (phase initiale) d'une mission de stabilisation. Ces scénarios de déploiement nous aideront à mieux définir les capacités requises pour [la force de réaction rapide de l'UE] et à organiser le premier exercice militaire au second semestre 2023».
Die Welt souligne que cela se «déroulera en Espagne» et que «l'Allemagne veut être le premier pays à diriger la nouvelle force d'intervention après son lancement en 2025», mais que, «cependant, cela n'a pas encore été décidé».
Une mission d'évacuation consiste principalement à secourir les citoyens européens des régions en crise en cas d'urgence, fait valoir Die Welt. C'est qu'il ne faut pas, de nouveau, voir un autre retrait en grande partie non planifié de l'Afghanistan comme à l'été 2021. L'UE veut se préparer à de tels cas en temps utile, et la Somalie ou la Libye seraient envisageables comme pays cibles pour un tel scénario.
Les soldats de la force de réaction rapide de l'UE seront mis en Ukraine et en Moldavie. La force de réaction rapide de l'UE a une mission de stabilisation. Cela signifie que les forces de réponse aux crises, si nécessaire avec des moyens militaires robustes, apportent la stabilité et assurent la paix à court terme. Les soldats de cette force européenne pourraient être lourdement armés, martèle Die Welt et fait savoir que, malgré le conflit en Ukraine avec la Russie depuis février dernier, «les emplacements possibles pour cela pourraient être l'Ukraine ou la Moldavie».
Markus Kaim, l'expert en sécurité de la Fondation Science et Politique (Stiftung Wissenschaft und Politik) basée à Berlin, a déclaré que le nouveau groupe de travail pourrait également être utilisé pour sécuriser une «zone de protection en Ukraine» - par exemple, si l'Onu accepte un futur accord de cessez-le-feu entre Moscou et Kiev, comme mandat pour une force de maintien de la paix. Lors de l’adoption de ce document stratégique historique pour l’Union européenne (la boussole stratégique) Emmanuel Macron a insisté sur le fait qu’il souhaitait définir une «souveraineté stratégique européenne» et que «ce concept, qui paraissait impensable il y a quatre ans, permet d’ancrer que nous, Européens, que nous soyons membres de l’Otan ou pas (…), avons des menaces communes et des objectifs communs».
Le financement n'est toujours pas clair. Les précurseurs de la nouvelle force de réaction rapide de l'UE sont les groupements tactiques. Cependant, ils n'ont jamais été utilisés, d'où des problèmes de financement considérables, et leur déploiement a souffert de la réticence des Etats membres à envoyer suffisamment de troupes. Cette situation devrait changer maintenant. La formation de la force de réaction rapide est considérablement intensifiée, avertit Die Welt. Il devrait, en plus, y avoir différents «modules» qui peuvent être combinés en fonction des besoins de déploiement, par exemple, lors d' une vague de réfugiés politiquement organisée comme cela fut le cas de la Biélorussie vers la Pologne fin 2021 et au début de cette année. Autre nouveauté, les Etats participants n'auront plus à supporter eux-mêmes les coûts de formation et de déploiement des soldats. Cependant, la manière exacte dont le nouveau groupe de travail sera financé fait toujours l'objet d'un débat intense. Une partie importante des fonds proviendra probablement d'un fonds spécial pour les opérations de crise mondiales de l'UE: la Facilité européenne pour la paix.
Le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a déclaré, comme précisé par le média Die Welt, que la nouvelle force est «cruciale pour permettre à l'UE de réagir rapidement, vigoureusement et efficacement aux conflits et aux crises, tant dans notre voisinage immédiat qu'au-delà». Et, selon lui, «l'unité est l'un des résultats les plus importants de la boussole stratégique qui a été décidée en mars 2022». Il faut évoquer de nouveau qu'une priorité particulière de la présidence française est de renforcer les capacités de défense de l'UE.
Observateur Continental faisait savoir qu' «en marge, des diplomates français notent que l'adoption de la boussole stratégique - lancée sous présidence allemande - début 2022 est une tâche fondamentale, faute de quoi le processus risque d'être complètement enterré». Aussi, en toute conscience de la volonté de Berlin d'établir sa domination militaire et politique sur la défense de l'UE, la France a validé ce nouveau projet.
Ne pas concurrencer l'Otan. Le chef de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, David McAllister (CDU), a souligné que cela rendrait l'UE «plus capable d'agir» à l'avenir: «A en juger par les obstacles que la coopération européenne en matière de politique de sécurité et de défense a rencontrés à surmonter ces dernières années, cette force d'intervention est un jalon» ; «Le concept doit être mis en place d'ici 2025 au plus tard». Pour Die Welt, la force de réaction rapide est destinée à mieux faire respecter les intérêts de sécurité de l'UE, mais elle n'est expressément pas destinée à concurrencer l'Otan. Un document de l'UE de mars déclare: «L'Otan est et restera le fondement de la défense commune de ses membres».
La répression aussi dans le domaine civil. Observateur Continental avertissait que les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l'Union européenne ont salué le 16 novembre 2021 le projet d'une nouvelle stratégie de défense (boussole stratégique) qui débouche maintenant sur cette force de réaction rapide pour l'aspect militaire, mais que les responsables de l'UE visent aussi via ce projet, notamment, des systèmes pour la répression dans le domaine civil.
Olivier Renault
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