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dimanche 16 janvier 2022

Valérie Pécresse, l’armée et les dealers : vous allez voir ce que vous allez voir…


 
 
 
 Arnaud Florac 15 janvier 2022
 
Connaissez-vous Valérie Pécresse ? Non ? Vous devriez. 
 
C’est une femme passionnante.
 
Une femme de convictions, d’abord, capable de signer une tribune progressiste avec Rokhaya Diallo, il y a dix ans, et de devenir la pasionaria de la droite dure il y a deux semaines. On n’aura pas la cruauté d’évoquer ses revirements sur la question du mariage homosexuel.
Une oratrice, ensuite, spontanée, naturelle, charismatique, semant les aphorismes définitifs. C’est Audiard en jupons. Enfin, elle aimerait. Son meilleur mot – « Les sondages, ça va, ça vient, c’est comme la queue du chien » – n’est même pas d’elle, mais de son mentor Jacques Chirac.

Valérie Pécresse est, enfin, une femme courageuse qui n’hésite pas, comme elle le dit dans une vidéo devenue virale, à se lever à cinq heures du matin pour aller dans le Doubs. Je ne sais pas si, en France, où les infirmières, boulangers, conducteurs de train et femmes de ménage se lèvent plutôt vers 10 h – 10 h 30, on se rend bien compte de ce que ça représente, cinq heures du matin.
Bref, c’est cette moderne Athéna qui, lors d’un déplacement en Provence, a jeté l’un de ses yeux d’épagneul blasé sur les « quartiers ». Elle y a vu de la misère et son cœur s’en est ému – de colère, s’entend. Valérie Pécresse, femme de convictions, oratrice, courageuse, a dégainé sur-le-champ l’une de ses propositions : faire intervenir l’armée dans les cités. Une idée reprise à Éric Ciotti, et à beaucoup d’autres…
Tout le monde, à droite comme à gauche, joue avec ce fantasme d’impuissant depuis des années, oubliant commodément que la dernière occurrence de maintien de l’ordre en France par l’armée, c’était la bataille d’Alger, et que c’était très efficace mais qu’on n’assumait pas vraiment à Paris. L’armée dans les « quartchiers », comme ils disent, c’est la guerre civile au bout du RER : je ne dis pas que c’est bien ou mal, mais c’est comme ça, c’est le nom que cela porte. Qu’un coup de feu parte et ce sera l’embrasement général. La condamnation par le camp du bien. Les sanctions financières à Bruxelles. L’ONU qui organise des ponts aériens pour ravitailler les tours diversitaires. Il faudra, en outre, définir des règles d’engagement, prévoir un cadre juridique, intervenir en liaison avec la police, les magistrats ou même les pays d’origine des hors-la-loi, si (par miracle) ils sont étrangers. Bref, il ne suffira pas de transformer la Courneuve ou la Castellane en parking poids lourds avec deux ou trois largages de bombes pour régler le truc. Ou alors, on passe de la guerre civile au massacre. On monte en gamme. C’est vous qui voyez.
Valérie, elle, ne voit rien de tout ça. Ou alors elle l’a bien vu mais elle fait semblant car on est en campagne. Elle aime les formules, de préférence ringardes et usées, on l’a vu : la queue du chien, le Kärcher™, tout ça. Des formules de droite classique, confortables comme les chaussons de ses électeurs. Des poncifs qui n’engagent à rien, comme des histoires qu’on se raconte entre potes, un peu arrangées, qui ne changeront rien, mais qui font passer le temps. L’armée dans les banlieues, par exemple, ça fait sérieux, solide. Cette fois, seulement, elle adapte un peu, elle change à la marge : l’armée interviendra dans les banlieues, oui, mais seulement pour mettre fin au trafic de drogue. Sous forme de « Task Force », probablement, c’est-à-dire d’une unité ad hoc composée de spécialistes, comme en opérations extérieures. La Task Force chichon, si on veut. Il y a bien un pays qui s’y est risqué : le Brésil. Les images des batailles rangées entre l’armée et les dealers sont faciles à trouver sur Internet. C’est impressionnant. Il faut simplement savoir ce qu’on veut.
Elle, ce qu’elle veut, c’est gagner à tout prix. Rien n’est chiffré. Rien n’est concret. Les militaires y sont hostiles. Les policiers aussi. Je ne vous parle pas des magistrats.
Décidément, rien n’arrête la candidate LR, condamnée à être caricaturale pour ratisser large. Élue contre Ciotti, dont elle méprise le programme, les idées et peut-être même les électeurs, Pécresse joue à la droitarde sans rien y connaître. Elle était meilleure en madame-je-sais-tout ultralibérale, déversant des millions dans les d’Île-de-France. C’était son style, c’était dans ses cordes. Pourquoi changer d’un coup ?

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