Éric Zemmour ressemble de plus en plus à la bille du flippeur (parlons français !) et notre vie politique au billard électrique.
Sur le plateau - sur les plateaux, plutôt -, la bille est lancée.
C’est elle la vedette, qui retient toute l’attention en pulvérisant les records d’audience. En arrière-plan, sur le fronton, s’allument les slogans et les critiques des concurrents. C’est le décor qui ne change pas depuis de nombreuses parties où la bille ne s’appelait pas Zemmour. On peut compter sur Pécresse pour débiter ses formules de disque rayé des campagnes précédentes, sur Marine Le Pen en progrès pour croire à son non-destin, sur Macron pour y aller de ses manipulations coutumières, sans compter la faune de gauche pour faire entendre cris de putois, hurlements et aboiements divers. La gauche affichée n’est plus qu’un fond sonore. La gauche décadente, dite « progressiste », aimée des milliardaires, est à l’Élysée, c’est l’essentiel. Mais le côté répétitif du spectacle est lassant et c’est pour cela que les yeux sont tournés vers la bille : au moins, avec elle, quelque chose se passe. On s’ennuie moins.
Dans le fond, la bille a la destinée du taureau dans l’arène. Et notre spectacle politique tient de plus en plus de la corrida. C’est le taureau qui en est le personnage principal, même si, après les escarmouches avec les toreros et les picadors, après les banderilles, c’est le matador qui sera élu au second tour. Cette fois, pas de doute, le scénario a été revu : au lieu de la mise à mort, devenue classique, du candidat réputé d’extrême droite, un taureau inattendu, plus petit mais plus vif que les autres, est rentré sur la piste et se bat avec une énergie rare. Pas étonnant que tous les toreros s’attaquent à lui : s’il venait à encorner le matador, c’est toute la profession qui serait humiliée, et le spectacle, de solennel et terrible, en deviendrait ridicule au point de cesser ses représentations. La politique pourrait redevenir ce qu’elle a été jadis : une occupation sérieuse d’hommes responsables face au tragique de l’Histoire.
Pour le moment, le taureau assume sa vocation. Il fonce dès qu’il voit rouge, avec des arguments pointus. Le rouge vif, c’est l’immigration, et déjà lors de l’entraînement, il avait blessé ici où là à ce sujet. Les juges de pistes lui font payer cela aujourd’hui qu’il livre son vrai combat. Les picadors, juges ou journalistes, sont autorisés à lui donner un petit coup de lance supplémentaire. Mais la chorégraphie des toréros consiste essentiellement à l’attaquer en meute pour frapper au même endroit. Zemmour parle de l’éducation des handicapés. Il connaît la diversité des handicaps, leur typologie et leur degré. Il a rencontré et écouté des familles. Il sait que bien des parents sont obligés de placer leurs enfants en Belgique, où la souplesse des institutions permet de s’adapter à cette diversité. Mais selon son habitude, il pourfend directement la rigidité idéologique française et son discours « inclusif », ignorant l’inégalité du réel, inefficace et hypocrite, puisque sous la générosité du laïus se cache la pingrerie des dépenses. Trop tard, le filet se referme : il a, une fois de plus, renversé un tabou sur son passage - l’inclusivité est sacrée. Comment a-t-il pu commettre ce sacrilège. Tous les toreros viennent planter leurs banderilles, de Marine Le Pen à Macron en passant par Pécresse, sans oublier un people ou deux appelés à la rescousse. Aucun argument de fond, mais un mot stimulus est brandi : « inclusif », qui clôt la discussion en mettant ceux qui le vénèrent dans le camp du bien, au paradis de la bien-pensance, tandis que ceux qui le contestent chutent en enfer. Ne pas accueillir « l’autre », le différent, ne pas vouloir que chacun soit l’égal de l’autre est une pensée de nazi. On voit resurgir l’opération T4 et le massacre des handicapés par les médecins SS.
Ne peut-on souhaiter cependant que ce soit cette politique-spectacle qui meure, non le taureau qui s’attaque à elle ? Car si le spectacle continue, c’est la France qui mourra. On peut aussi espérer dans une corrida que ce soit le taureau qui gagne, s’il est courageux, et le matador quelque peu tricheur.
Je considère et compare Zemmour à cet ancien esclave de Mésie, devenu gladiateur émérite ( jusqu'à devenir un "Juliani" de l'empereur Titus, idôlatré par les romains et invaincu dans l'arène puisque son dernier combat face au vaillant Priscus se termina par un match nul et la victoire des deux combattants, et par l'épée de bois les faisant "hommes libres".
RépondreSupprimerS'il en est un qui sortira vainqueur de l'arène médiatique et électorale, ce sera lui ZEMMOUR...mais qui sera son dernier compétiteur?...le proche avenir résultat des urnes les 10/24 avril 2022 nous le dira