L’interview d’Emmanuel Macron accordée au Parisien a fait l’effet d’une bombe, mardi soir, tant le propos est violent. Et vulgaire : « Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder, donc on va continuer à le faire. »
Ça a le mérite d’être clair. D’aucuns diront qu’il ne se contente que de mettre les mots sur une réalité quotidienne depuis des semaines, des mois : l’étau se resserre autour des non-vaccinés, montrés du doigt, proclamés boucs émissaires de cette crise sanitaire.
Si ça va mal, c’est à cause d’eux, toujours à cause d’eux, rien qu’à cause d’eux. Leur indignité masque comme un rideau occultant les manquements, les errances, l’impéritie politique en matière de gestion hospitalière. On ne les fait pas brûler sur des bûchers pour apaiser les dieux, mais on les traque. On leur pourrit la vie. On les exclut d’espaces de plus en plus nombreux, en réduisant peu à peu les échappatoires. On les emmerde, quoi.
Il est d’usage, après les élections, que lors de son premier discours, le nouveau Président se dise Président de tous les Français, qu’il aient voté pour lui ou pas. Emmanuel Macron, lui, met de côté une partie de la population, qu’il désigne comme minoritaire, et exprime son désir de lui nuire au quotidien. Parce que c’est son « envie ». Son bon plaisir, en somme. À deux doigts de la définition du sadisme.
Où est-il, celui qui, le 31 décembre, disait: « Restons unis, bienveillants, solidaires » ? Et quelques jours avant, encore, le 15, lors d’un entretien fleuve, d’un ton contrit : « J’ai appris […]. Je pense que dans certains de mes propos, j’ai blessé des gens […] On peut bouger des choses sans blesser des gens et c’est ça que je ne referai plus » ? On voit…
Sur certaines petites phrases polémiques
E. #Macron : « J’ai appris (…) Je pense que dans certains de mes propos, j’ai blessé des gens (…) On peut bouger des choses sans blesser des gens et c’est ça que je ne referai plus »
https://t.co/QhqGFUZqde
#MacronTF1 pic.twitter.com/Wlj3ZjhSby— TF1LeJT (@TF1LeJT) December 15, 2021
La formule rappelle celle de Vladimir Poutine à l’endroit des terroristes : « Je les traquerai jusque dans les chiottes. » Sauf que là, c’est de Français dans la légalité qu’il s’agit… puisque le vaccin n’est pas obligatoire.
Cette dureté triviale, Emmanuel Macron n’en a, lui, jamais fait montre avec les délinquants.« Un Président ne devrait pas dire ça, a tweeté Marine Le Pen […] en avril, je serai Présidente de tous les Français. » « Président, j’arrêterai d’emmerder les Français » a quant à lui réagi Éric Zemmour, paraphrasant Georges Pompidou.
Un Président ne devrait pas dire ça. Le garant de l’unité de la nation s’obstine à la diviser et assume vouloir faire des non-vaccinés des citoyens de seconde zone. Emmanuel Macron est indigne de sa fonction.
En avril, je serai la Présidente de tous les Français. pic.twitter.com/MKvaxsneec— Marine Le Pen (@MLP_officiel) January 4, 2022
Président, j’arrêterai d’emmerder les Français. Le Président sortant, lui, parle ouvertement d’emmerder une catégorie de Français. https://t.co/hXPz2LHIv5
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) January 4, 2022
On imagine que, durant des jours, le service après-vente de LREM va ripoliner l’entretien, nous démontrer par a plus b qu’Emmanuel Macron ne veut emm… les non-vaccinés que pour leur plus grand bien, et que ceux-ci devraient donc le bénir et le remercier en lui tressant des couronnes de laurier. Mais aucun habillage cosmétique n’y fera rien : la brutalité de cette phrase décomplexée est prodigieusement inquiétante.
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