Une note, émanant d’une commissaire de police dans le Val-d’Oise, et largement reprise dans les médias, sonne comme l’annonce d’un renoncement officiel de l’État sur la question des rodéos urbains.
Pour bien comprendre le problème, il faut revoir les faits divers de plus en plus nombreux autour de cette pratique, celle de la « roue arrière » à moto, à grande vitesse et en bande organisée sur la voie publique.
Et jusque sur la place de la mairie de Lyon, comme cela s’est produit, il y a quelques semaines, dans la capitale des Gaules.
À Lyon, le rodéo avait une saveur particulière, quand on sait que la municipalité écologiste avait multiplié les velléités contre ce fléau, à la fois polluant, bruyant, dangereux, exaspérant pour les riverains : c’était, visiblement, une provocation destinée à narguer Grégory Doucet, maire de Lyon. Depuis, la question des rodéos revient à la une des réseaux sociaux et médias, elle illustre à grands coups de pétarades la question des territoires perdus de la République.
Et voilà, la messe semble dite, une fois de plus, la racaille va gagner : il est désormais demandé aux policiers de ne surtout pas poursuivre les auteurs de ce type de délits. Et cela, au nom de la défense absolue de la vie, celle des policiers, celle des délinquants, celle des passants qui risquent ainsi de devenir des victimes collatérales de la chasse aux « riders fous ».
La note ne le dit pas explicitement, mais le maintien d’une paix factice dans les quartiers entre probablement en ligne de compte dans cette orientation nouvelle, surtout à quelques mois de l’élection présidentielle… Le rodéo urbain est donc ainsi de facto autorisé, les autorités renonçant à faire appliquer la loi : pour combattre la nuisance, il est désormais conseillé de mener des enquêtes, en s’appuyant notamment sur la vidéosurveillance…
En rendant les armes aussi facilement, l’État reconnaît aussi sa défaite face aux racailles de cité, désormais maîtres des halls d’immeubles, mais aussi de la voie publique. Quand ce n’est pas des entrées d’écoles : dans le même temps, à Rennes, une école primaire est obligée de monter des palissades pour cacher le deal de stups aux enfants, les policiers reconnaissent qu’ils ne peuvent intervenir sans prendre des risques insensés pour des vies innocentes. L’État et ses services ont peur, et ils le montrent : comment donc imposer l’ordre, ce qui suppose que l’on fasse peur, alors que l’on affiche soit même sa faiblesse ?
À force d’affirmer une priorité au risque zéro, de placer la vie comme une valeur sacro-sainte, c’est donc la vie de millions de gens, ceux qui subissent le deal et les rodéos au quotidien, que l’on va continuer à polluer sans être en mesure de leur apporter la moindre réponse. Le tout pour protéger la vie des délinquants.
Tout ceci n’échappe, bien sûr, aucunement aux gangs, racailles et pègres en tous genres, qui doivent bien rire de la faiblesse affichée de l’État : ils ont désormais de beaux jours devant eux. Leur vie est sacro-sainte, celle de notre nation, elle, est subalterne, y compris aux yeux de l’État : car faute d’assumer son rôle premier (la sécurité), l’État se prive lui-même de toute légitimité et laisse la nation se défaire entre les mains de ses ennemis…
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