Au
lendemain de la catastrophe de Beyrouth, Macron s’est précipité sur
place pour rencontrer le peuple libanais et constater les dégâts.
Adoptant, en cela, une posture mitterrandienne : le Président socialiste avait derechef pris l’avion pour se rendre sur les lieux de l’attentat du Drakkar, en 1983.
Sauf que cet attentat visait l’armée française, et le Président avait ainsi accompli avec majesté son devoir de Président, comme tous les partis l’avaient salué à l’époque (et jusqu’au FN de Jean-Marie Le Pen).
Dans la situation présente, rien ne s’imposait.
D’autant que Macron a largement outrepassé le cadre de sa fonction en pointant sur place les manquements du gouvernement libanais, alors même que les circonstances du drame sont encore assez floues : l’éventualité d’un attentat ne peut être écartée.
Dans ce cas, en quoi le gouvernement libanais pourrait-il être tenu pour responsable du drame ?
N’y a-t-il pas de la précipitation déplacée de la part de notre Président ?
Pour éclairer sous un autre angle les circonstances de cette suractivité présidentielle, il serait peut-être bon de rappeler certains faits, assez mal connus du grand public.
Dans mon dernier livre, OPA sur l’Élysée, je révélais que parmi les 1.800 grands donateurs qui ont contribué à sa campagne de 2017 en lui apportant 9 millions d’euros, 180 étaient des Libanais : les virements partaient directement de comptes bancaires ouverts dans ce pays.
Par ailleurs, Bernard Mourad, ancien du groupe Altice (groupe de Patrick Drahi propriétaire de SFR, BFM TV et RMC) et franco-libanais de nationalité, faisait partie de l’équipe de campagne du candidat Macron et était notamment chargé de la collecte de fonds.
On peut alors tout de même s’interroger sur l’empressement d’Emmanuel Macron à venir sur place, et surtout à humilier le président Aoun et le gouvernement, se poser en solution de recours si les choses n’avançaient pas comme il le souhaite : une telle posture a été largement dénoncée comme du néocolonialisme dans la presse française, mais également libanaise.
On nous dira que Macron a déjà souvent, par le passé, fait preuve d’une attitude cavalière à l’endroit des dirigeants étrangers sur leur propre sol : voir la visite au Burkina Faso, en 2018…
On ne peut, aussi, tout à fait oublier ses liens avec des intérêts privés, qui l’ont puissamment soutenu en 2017.
Affaire à suivre…
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