Le Grand débat aura été la machine à laver du quinquennat. Macron était arrivé avec un smoking blanc tout neuf pour inaugurer son quinquennat et redonner à la présidence de la République sa verticalité.
Il a fallu un an pour que les éclaboussures de l’affaire Benalla le salissent et quelques mois de plus pour qu’une pluie d’oeufs le macule de larges auréoles jaunes.
Le Grand débat a remis le costume dans la machine, a nettoyé le jaune.
Ce n’est toutefois plus un smoking.
Il a perdu son éclat… Près de deux millions de contributeurs auront fourni le savon avec leurs propositions.
Le Président avait fixé quatre thèmes : la fiscalité, l’organisation de l’Etat, la transition écologique, et la démocratie.
La question de l’immigration était diluée dans le dernier thème.
Il y a en France, parmi les nombreux fromages de la République qui participent à la dépense publique, une Commission Nationale du Débat Public qui aurait dû se charger de l’organisation.
Sa présidente a dénoncé une opération de communication (à hauteur de 12 millions d’euros).
Mme Jouanno avait pointé l’astuce : un débat public suppose que ce sont les Français qui interrogent le pouvoir sur les questions qui les intéressent, et non certains Français qui répondent aux questions du pouvoir, auxquelles celui-ci a déjà prévu des réponses.
Ce jugement pertinent se vérifie pleinement aujourd’hui : ceux qui avaient provoqué le débat, les Gilets jaunes n’y ont pas participé, et la revendication principale d’une introduction d’une part de démocratie directe avec le référendum d’initiative citoyenne a été balayée par le Premier ministre lors de sa restitution, tandis qu’il en profitait pour opposer la France sage et disciplinée qui s’est pliée à l’ordre du jour gouvernemental à la France violente des manifestants.
L’ennui pour lui, c’est que ces deux France coexistent, et que la colère de la seconde n’est pas près de s’éteindre.
Comme on pouvait s’y attendre, le Premier ministre annonce des mesures fiscales qui seront sans doute dans la continuité de celles déjà prises, comme la suppression de la taxe d’habitation, et peut-être de la redevance audiovisuelle qui l’accompagne.
Les dépenses des collectivités locales et du service public de l’audiovisuel devront cependant être financées, et ce n’est pas la suppression de la Commission Nationale du Débat Public qui pourra compenser le manque de recettes.
D’où viendront-elles ?
En second lieu, Edouard Philippe souhaite plus de proximité, de fraternité, et donc le maintien de services publics proches de tous les Français, avec le souci de rééquilibrer les « périphériques » par rapport aux « métropolitains » : nobles intentions dont on se demande bien comment l’Etat impécunieux pourra les mettre en oeuvre.
Plus à l’aise sur la démocratie que les Français souhaitent, paraît-il, plus délibérative et participative, mais pas trop directe, le locataire à titre gratuit de Matignon se prépare à recycler les mauvaises idées un peu démagogiques du début de mandat, comme de diminuer le nombre de parlementaires, et d’en faire élire à la proportionnelle, mais il évacue le référendum d’initiative citoyenne, pourtant la seule transformation réelle du système qui n’a rien d’impossible puisqu’il existe depuis 170 ans en Suisse et se propage aux Etats-Unis.
Enfin, cerise sur le gâteau, la transition écologique met une décoration verte sur le revers de la veste. La France est pourtant l’un des meilleurs élèves pour la production de CO2.
Il n’y a aucune urgence climatique en France quand bien même il y en aurait une dans le monde.
Les efforts des Français sont hors de portée d’agir sur le climat de la Terre.
Cette priorité est à la fois le vecteur du groupe de pression « écolo », important politiquement, et un attrape-nigauds destiné à détourner l’attention des vrais problèmes : il y a une urgence démographique provoquée par le vieillissement de la population, la chute de la natalité, et une immigration suicidaire ou criminelle, au choix.
La disparition de la politique familiale est infiniment plus grave que le maintien de la consommation de diesel !
Les Français se laisseront-ils berner ?
La fiscalité française est excessive et contre-productive, mais comme les plus fortunés peuvent y échapper, elle est terriblement injuste car elle frappe plus durement, par compensation, ceux qui sont, comme on a envie de dire, « assignés à résidence ».
C’est ce type de mécanisme qui suscite des « Gilets jaunes » !
Christian Vanneste
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