Translate

jeudi 6 août 2015

L’abominable vérité derrière les bombes d’Hiroshima et Nagasaki

                                                    


Le 06/08/2015
Il y a 70 ans, Harry Truman donnait l’ordre de bombarder le Japon avec l’arme nucléaire ; probablement la décision la plus lourde de conséquences, prise par un seul homme, dans toute l’histoire de l’humanité.


À l’approche de cette date anniversaire, l’institut de sondage YouGov a posé aux citoyens américains la question suivante : « Les États-Unis ont-ils eu raison ou tort de lancer deux bombes nucléaires sur le Japon ? »
 À 46 %, ils ont répondu « oui », à 29 % « non ».
 À l’heure où des milliers de leurs concitoyens s’émeuvent de la mort (ignoble) d’un lion au fin fond du Zimbabwe, le résultat de ce sondage semble incompréhensible.
L’explication est sans doute à chercher dans la propagande officielle relayée par Washington dès le lendemain des bombardements, à savoir un mal nécessaire pour écourter la guerre et s’épargner un nombre encore beaucoup plus important de vies humaines.
 Ce qui est choquant, c’est qu’après tant d’années, le peuple américain puisse croire encore à cette fable.
 Peut-être est-ce parce que le crime est trop abominable pour être regardé en face ?
La vérité, qu’il n’est plus possible de contester – tant sont nombreux les documents de toutes origines, aujourd’hui déclassifiés -, est la suivante.
 Deux jours après la première bombe sur Hiroshima, le Premier ministre Kantarō Suzuki s’adressa aux membres de son cabinet pour leur dire : « Dans les circonstances présentes, il ne nous reste plus qu’à demander une capitulation sans conditions. »
 Le script de la réunion fut rendu public immédiatement mais cela n’empêcha pas, le lendemain, le largage d’une deuxième bombe.
 Le Japon « était incapable de soutenir une invasion au-delà du mois d’octobre et l’état-major américain le savait », rapporte Paul H. Nitze, sous-secrétaire d’État à la Défense, dans son livre From Hiroshima to Glasnost (p. 44-45).
 Il s’était « résigné à une reddition sans conditions bien avant août », insiste Ralph A. Bard, sous-secrétaire d’État à la Marine, (US News & World Report, 15 août 1960).
 Le Japon « était prêt à capituler, il était totalement inutile de le frapper avec cette chose monstrueuse », avoue le général Eisenhower interrogé par Newsweek, en novembre 1963.


Pour expliquer l’injustifiable, l’historiographie sur cet événement retient deux thèses.
La première est résumée par le secrétaire d’État à la Défense, Henry L. Stimson, en ces termes : « Au département d’État, l’idée d’utiliser la bombe atomique comme une arme diplomatique (à l’adresse des Soviétiques) l’avait emporté. »
Une thèse à propos de laquelle Paul H. Nitze (déjà cité) a eu cette phrase assassine : « Pour impressionner les Russes, il aurait été hautement symbolique de larguer les bombes sur une de ces îles désertes du nord de l’archipel (nippon) que Staline comptait récupérer après la guerre. »


 La seconde nous est livrée par le général de brigade Carter W. Clarke, à l’époque responsable du contre-espionnage : « C’était inutile et nous savions que c’était inutile, nous voulions utiliser des Japonais comme cobayes dans une expérimentation en grandeur nature », écrit-il dans The Decision to Use the Atomic Bomb (p. 359). Sans commentaires.


Il y a quelques jours, sur Boulevard Voltaire, Philippe Bilger qualifiait d’exemplaire la condamnation d’Oskar Gröning à quatre années de prison.


Paul Tibbets, qui commandait l’Enola Gay duquel fut larguée la première bombe sur Hiroshima, lui, est mort en 2007 paisiblement, son uniforme bardé de décorations.


Le premier s’était repenti, le second avait déclaré il y a quelques années : « Si c’était à refaire, je le referais. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.