L'ex-ministre grec des Finances Yanis Varoufakis
La crise grecque, la politique d’austérité, les négociations infinies entre la Grèce et ses créanciers… Mais quel est le but de toutes ces actions depuis la BCE, le FMI et la Commission européenne avec l’Allemagne qui les soutient ?
Selon Yanis Varoufakis, la Grèce n’est qu’une bataille au sein d’une guerre bien plus large.
«Nous assistons à une confrontation majeure entre la France et l’Allemagne à propos du contrôle de l’union monétaire », estime-t-il.
Et l’ex-ministre des Finances est sûr que les créanciers de la Grèce cherchent tout simplement à contrôler le gouvernement grec en vue de neutraliser les autres pays susceptibles de défier l’ordre établi comme la France.
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Et d’après Varoufakis, c’est pour cela que les créanciers ne veulent pas aider la Grèce : le but de la «troïka» soutenue par l’Allemagne n’a jamais été de réformer ce pays, ni même de récupérer l’argent prêté à la Grèce.
«Elle a au contraire préféré nous imposer des conditions garantissant que nous ne serions jamais en mesure de la rembourser», a confié l’ex-ministre dans son interview.
Toutes ces actions ont pour but de provoquer le «Grexit», assume Varoufakis, et le but du «Grexit» est d’atteindre la France.
Il est assuré que l’Etat-providence français, avec son droit du travail et ses entreprises nationales sont la véritable cible du ministre des finances allemand.
Et le «Grexit» fera tomber ces «résistances françaises» tandis que la Grèce elle-même n’est considérée que comme «un laboratoire pour le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble.
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L’Union européenne «a créé un monstre» – l’Eurogroupe
La chose la plus étonnante à retenir de cette interview est que Yanis Varoufakis n’a pas eu même le temps de parler aux ministres des Finances de l’Union européenne en direct.
Il faisait seulement et toujours face aux représentants de la «troïka», alors que Wolfgang Schäuble, lui, assurait qu’il ne pouvait rien faire pour la Grèce et renvoyait aux institutions.
«L’Union européenne a créé un monstre, l’Eurogroupe, où les ministres des finances ne négocient pas vraiment les uns avec les autres», a expliqué Varoufakis.
Face à l’Eurogroupe, toutes les institutions européennes commencent à devenir l’ombre d’elles-mêmes : «Je ne considère pas que nous ayons de Parlement européen… C’est une collection d’intérêts nationaux qui insulte le concept même de démocratie», indique l’ancien ministre grec.
De même manière, la Commission européenne a également perdu son rôle, souligne Varoufakis en prévoyant le sort de cette institution : «Elle est faible et en voie de désintégration. Si la tendance actuelle se poursuit, elle sera bientôt remplacée par un Eurogroupe tout-puissant» qui sera dirigée par un président qui aura un droit de veto sur les budgets nationaux.
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Le troisième plan d’aide, une nouvelle faute ?
Yanis Varoufakis a toujours fait partie de ceux qui se prononçaient contre l’aide financière proposée par les créanciers et l’Eurogroupe et la politique d’austérité imposée par ces derniers.
Et le troisième plan d’aide financière n’est pas une exception : «Malheureusement, le premier ministre a fini par accepter ce troisième programme, qu’il a pourtant lui-même décrit comme mauvais», estime Varoufakis.
Il est convaincu que si la Grèce tente, en dépit du bon sens et des lois élémentaires de l’économie, d’appliquer ce mémorandum et les réformes qui l’accompagnent, elle ira tout droit vers le «Grexit» car ce programme est destiné à faire sombrer l’économie grecque.
Mais quelles seront les conséquences d’après l’ancien ministre des Finances grec ?
Il est sûr que la Grèce ne pourra tenir ses engagements et Wolfgang Schäuble pourra les pointer du doigt et couper les aides au pays.
«Le Grexit est très clairement l’objectif qu’il poursuit» - estime Varoufakis.
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