Un militant LGBT mérite-t-il plus d’égards qu’un soldat mort pour la France ?

Le 14 novembre 2013

Gabrielle Cluzel pour boulevard Voltaire

 

 

Il paraît que c’est une sorte de onzième commandement que tout le monde est censé connaître : « Ton Président, le 11 novembre, ne sifflera. »

 L’œil grave et la mine sévère, nombreuses ont été les personnalités politiques à condamner le sacrilège.
 À gauche, bien sûr : François Hollande parle « d’outrage » et Manuel Valls évoque une action « inacceptable » commise par ceux qui « n’ont pas voulu respecter ce moment de recueillement et de rassemblement ».

Mais aussi à droite, où l’on a fait chorus : pour Michel Barnier, siffler le Président en ce jour est « méprisable », Jean-François Copé juge ces attaques envers le président de la République un 11 novembre « regrettables ».

 Via Twitter, Valérie Pécresse estime « franchement déplacées, ces huées un jour de mémoire et d’hommage à nos morts », tandis qu’Éric Woerth affirme que « siffler le président de la République le 11 novembre, c’est siffler ceux dont le nom est gravé sur nos monuments aux morts. »

 C’est beau, cette unité, dans le respect dû à nos morts.

« Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie,
Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie. »

Sauf à Jussy, dans l’Aisne, tout près de la Somme, où le maire UMP Richard Trépant ne partage pas du tout, mais pas du tout, l’avis de Victor Hugo.

 Le Courrier picard, alerté par des témoins choqués, rapporte que Richard Trépant aurait refusé la minute de silence qui était proposée en mémoire des sept soldats français tués au Mali cette année, avec cet argument inébranlable : « Je refuse de me recueillir pour ces mercenaires. »

 Puis, selon plusieurs sources, le maire aurait ensuite traité en vrac de « cons » les gradés de 14-18, concluant qu’il faudrait « arrêter les commémorations ».

 Propos qu’il n’a pas démentis, puisqu’il a refusé de répondre au Courrier picard.

Ohé, du bateau ! Michel, Jean-François, Valérie, Éric, où vous cachez-vous ?

 Parlez plus fort, on vous entend mal.

 Ces propos, tenus par l’un des vôtres, ne sont-ils pas méprisables, regrettables, franchement déplacés ?

 

 Et toi, Manuel, si prompt à convoquer les maires et à les menacer quand ils refusent de célébrer un mariage gay, ne trouves-tu donc rien à redire contre ceux qui refusent d’honorer la mémoire des Français tombés au champ d’honneur, et pire, qui les insultent ?

 

Un militant LGBT mériterait donc plus d’égards qu’un soldat mort pour la France ?

On s’inquiète, en haut lieu, de la montée de l’exaspération dans notre pays.

 Dont pâtirait, au premier chef, le gouvernement, mais dont ne profiterait pas non plus vraiment, ce qui serait le plus angoissant, l’opposition.

Mais comment pourrait-il en être autrement, en l’absence de la plus élémentaire cohérence ?

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