Ce que je voudrais aborder ici, ce ne sont pas les aléas du système auquel la France « tient tant » : beaucoup de choses ont été dites et les politiques, de droite comme de gauche, gardent leurs distance avec cette « patate chaude ».
Non, ce que je souhaite dénoncer, c’est le racket effectué par l’État et les caisses de retraite sur les retraités encore en activité, appelés « les retraités actifs ».
Depuis pas mal d’années maintenant, les Français ont le droit, après avoir fait valoir leurs droits a la retraite, de continuer une activité (salariée ou indépendante).
Ils sont assez nombreux à le faire, soit pour compléter de très petites retraites ne permettant pas de vivre, soit, comme les médecins, pour continuer leur mission nécessaire au pays du fait de la grande pénurie de soignants.
Jusque-là, tout va bien : ces retraités actifs touchent leur retraite et travaillent un peu (ou beaucoup pour certains).
Durant cette activité complémentaire, ils continuent de cotiser au système social « obligatoire et solidaire ».
C’est là que le bât blesse.
En effet, s’il est normal que ces travailleurs cotisent au système social obligatoire pour la santé, bien qu’ils aient déjà cotisé plus de 42 ans, ils sont obligés de continuer à cotiser pour une retraite déjà prise et pour laquelle aucune augmentation ne peut être possible.
De fait, quand un Français prend sa retraite, il reçoit un courrier lui disant que s’il continue de travailler, ses cotisations « obligatoires » ne donneront plus aucune révision de la retraite acquise, elle est définitivement gelée et ne pourra en aucun cas augmenter.
Voilà l’arnaque : le Français est obligé de payer des cotisations qui ne généreront plus aucun droit, l’excuse nationale étant la solidarité entre les générations.
Nous étions déjà devant un système dont les principales difficultés résident dans son organisation, une pyramide de Ponzi, qui fait face aujourd’hui à plus de retraités que de cotisants (ou presque), système en faillite à court terme.
Pour les retraités actifs, c’est l’arnaque suprême : vous êtes obligé de payer sans aucun espoir de recevoir quoi que ce soit en plus.
La solidarité nationale est certainement une bonne solution globale, c’était même le socle des ordonnances de 1945.
C’est seulement le racket sur ceux qui ont participé plus de 42 ans à cette solidarité qui est à dénoncer.
Depuis plusieurs années, des députés ont été informés de cette situation anormale et tous, de tous bords politiques, ont répondu la même chose : « Il faudrait faire quelques chose », mais jamais personne n’a rien fait.
Aujourd’hui, Macron est arrivé, cette question a sans doute été posée aux députés fraîchement élus sous l’étiquette LREM, nous ne savons pas leur position.
Par contre, la réforme des retraites en cours, même si ce n’est pas clairement avoué, va supprimer le système par répartition voulu en 1945.
La retraite par points montre le bout de son nez.
Jean-Paul Delevoye, qui reconnaît ouvertement que les cotisations des retraités actifs « à fonds perdus », dit-il, sont anormales, affirme que ce ne sera plus le cas.
Le système par points « pourrait permettre d’obtenir des points supplémentaires », confiait-il au JDD.
Encore une usine à gaz bien difficile à concevoir, avec sa cohorte de questions en suspens, et notamment : que se passera-t-il entre aujourd’hui et 2025, date probable du changement de système ?
Il est légitime de craindre que les retraités actuels et ceux qui prendront leur retraite d’ici la réforme continuent à payer à fonds perdus pour continuer à travailler.
Patrick Crasnier
Pareil en Suisse
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