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samedi 8 mars 2025

Macron-Bayrou et Fillon-Morin : deux écoles, face à la menace russe

Capture écran LCI  Capture écran LCI


Macron et von der Leyen vont débloquer 800 milliards pour armer un pays lui-même convaincu que la guerre a assez duré...

Le président de la République a prononcé, ce mercredi, un discours qu’il voulait solennel.

 Un discours de clarification, mais qui lui permettait aussi d’endosser son costume préféré : celui de chef d’un État en guerre. Emmanuel Macron aime la rhétorique martiale : pour le Covid-19, il disait déjà « nous sommes en guerre ». Mais cette fois encore, ne va-t-il pas un peu loin ? Et est-ce fait exprès ou non ?


Une aubaine pour le Président ?

Pour le Président, la menace russe est aux portes de l’Europe. C’est géographiquement exact. Pour le Premier ministre, François Bayrou, c’est la menace existentielle la plus sérieuse depuis 1945. Le tandem exécutif en est persuadé – c’est, en tout cas, ce qu’il clame : Vladimir Poutine, si ça se trouve, réfléchit à une percée qui emmènerait les chars russes jusque sur les Champs-Élysées.

 

 

Commençons par convenir que cette menace est surtout une aubaine pour un Président qui, quand il n’a rien de régalien à se mettre sous la dent, n’a rien de mieux à faire que de rembarrer ses ministres (dont le premier d’entre eux), surtout s'ils veulent toucher aux accords de 1968 avec l’Algérie. Dans les moments de creux, quand il n’y a vraiment rien de tragique, rien qui permette à notre Gérard Philipe du pauvre de prendre sa voix de grande personne, Emmanuel Macron, qui ne peut pas s’empêcher de mettre son grain de sel partout, règle même les problèmes de télépéage des utilisateurs de X. C’était il y a quelques semaines, souvenez-vous. Et là, d’un coup, l’Histoire, la grande, s’invite de nouveau dans le paysage parce que l’Ukraine va devoir négocier une trêve. Poutine est pour, Trump est pour, Zelensky lui-même est pour… mais Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen sont contre.

Ils vont donc débloquer 800 milliards d’euros, en billets de Monopoly™ magiques, pour armer un pays qui est lui-même convaincu que la guerre a assez duré. Allez comprendre. Emmanuel Macron viserait-il, en 2027, la présidence de la Commission européenne ? On le dit… et il ne s’y prendrait pas autrement.


Fillon et Morin en embuscade

En face, bien peu de voix osent s’élever contre ces abus rhétoriques. Il y en a tout de même deux, venues de la « droite et du centre », selon la célèbre formule consacrée. François Fillon, d’abord : il a rappelé, cette semaine, que la menace de la Russie, pour réelle qu’elle était, demeurait tout de même moins existentielle que celle de l’islam radical, cette « idéologie pernicieuse », comme il le dit si bien. Et puis (plus étonnant), il y a Hervé Morin. Éphémère ministre de la Défense sous Sarkozy, il avait prétendu avoir vécu le débarquement américain sur les côtes de Normandie (région qu’il préside). Le budget de la défense avait été sabordé pendant qu’il était en exercice. On ne se souvenait plus de lui. Le voici qui revient avec des propos frappés au coin du bon sens, sur BFM TV. Pour Hervé Morin, un pays comme la Russie, exsangue et incapable de pousser jusqu’à Kiev, ne risque pas d’aller à Paris de sitôt. Ce n’est pas si bête. Comme Fillon, il a vu clair dans la surenchère délétère de l’exécutif : tout ça, comme toujours, c’est de la com'.

 

 


Il y a donc deux écoles, deux façons d’interpréter la menace (réelle) que représente la Russie pour l’Europe : il y a ceux qui jouent aux pompiers pyromanes et ceux qui ont le courage de ne pas entrer dans la danse des éléments de langage. Dommage que ce soient les premiers qui président à nos destinées.

 

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