Un rapport de 600 pages, que le Sénat a rendu public ce mardi, décrit la France comme submergée par le narcotrafic.
Cette publication intervient alors qu’un convoi pénitentiaire a été attaqué à la voiture bélier dans l’Eure, et fait au moins deux morts parmi les agents de surveillance, pour libérer le détenu transporté. Mohamed Amara, alias La Mouche, s’avère justement être un acteur du narcotrafic. (…)
“Combien de procédures judiciaires ont été ouvertes après les opérations ‘Place nette’ de Marseille ou d’ailleurs ? Quel a été ensuite le sort réservé à ceux qui ont été traduits devant des juridictions lors des opérations qui sont un peu récents ?”
“On ne peut pas se contenter de cela”, assène Etienne Blanc. “Ce n’est pas inutile, il faut le dire, mais ça n’est pas suffisant pour lutter contre le trafic”
(…) Alors que depuis quelques années le terme de « narco-État » est parfois employé à l’adresse de certains pays d’Europe du Nord, tels la Belgique et les Pays-Bas, pour la première fois une commission d’enquête tentait de dresser un bilan global en France. Celui-ci n’est guère réjouissant quant à un phénomène qui touche tout le territoire, des métropoles à la « France des sous-préfectures ». « Le pays est submergé », pointe le rapporteur LR Étienne Blanc, citant un chiffre d’affaires estimé entre 3 et 6 milliards d’euros par an pour le trafic de stupéfiants en France. (…)
Parmi la batterie de mesures préconisées figure la création d’un Parquet national antistupéfiants, sur le modèle du Parquet national financier (PNF) et du Parquet national antiterroriste (Pnat), afin de « spécialiser » et « incarner » la lutte contre les trafics.
Sur le volet répressif, les parlementaires souhaitent la création d’une « DEA [Drug enforcement administration aux États-Unis, NDLR] à la française » en renforçant les moyens de l’Office antistupéfiants (Ofast), qui deviendrait « chef de file » en cette matière en ayant autorité sur les autres services d’enquête. (…)(…) Les auteurs du rapport expliquent avoir “découvert l’ampleur, la complexité et l’enracinement” de ce “fléau” débouchant parfois sur de véritables scènes de guerre. C’est la situation à Marseille qui a déclenché le travail de la commission d’enquête, mais “le phénomène est national, précise Jérôme Durain. Il n’épargne aucun territoire, des grandes villes aux sous-préfectures”, sous l’effet notamment des réseaux sociaux qui ont accéléré “l’ubérisation” du trafic.
Selon le sénateur socialiste, la “mesure du risque” n’a pas été prise à temps : “si cela avait été le cas, la France serait déjà dotée des moyens suffisants”. (…)
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