Tous les jours ou presque, un nouveau fait divers implique des mineurs ou de jeunes adultes.
Le 13 décembre, une élève de 12 ans a menacé d’un couteau son professeur d’anglais dans un collège à Rennes (lire l'article de Pierre-Marie Sève) ; le 9 décembre, c’est à Aubagne qu’un jeune homme de 14 ans a proféré des menaces de mort à l’encontre du directeur de son collège ; quelques jours plus tôt, à Nice, un policier a été attaqué au mortier par un adolescent de 17 ans dans la nuit du 18 au 19 novembre ; les jeunes impliqués dans le meurtre de Thomas avaient une vingtaine d’années…
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La machine politico-médiatique aimerait faire croire que les familles de ces jeunes ne sont au courant de rien, responsables de rien. Ce discours est mis à mal par plusieurs élus confrontés à la délinquance dans leurs communes. La première à avoir jeté ce pavé dans la mare est Marie-Hélène Thoraval, le maire de Romans-sur-Isère, ville d’où venaient les suspects dans l'affaire du meurtre de Thomas à Crépol. Dans une interview accordée à RMC-BFM TV, l’édile n’a pas mâché ses mots. Elle explique que le quartier de la Monnaie est gangréné par un « noyau dur » qui souhaite le transformer en « zone de non-droit ». Elle précise : « Ce noyau dur, c’est un ensemble d’individus issus de parents qui étaient déjà délinquants. Quelque part, c’est une culture qui se transmet. »
Le phénomène dépasse largement Romans-sur-Isère. Une policière marseillaise interrogée par BV le confirme : « Il y a des familles connues pour être entièrement dans le réseau de drogue, le père, le grand-père, le fils, l'oncle… C’est comme des dynasties. » Dans le cadre de perquisitions, elle a vu de « l'argent caché dans les peluches des petits frères ou dans les boîtes de chaussures des enfants ». Avec l’aval des parents.
Ce jeudi 14 décembre, Robert Ménard, le maire de Béziers, était invité par Sonia Mabrouk sur Europe 1. Il y a fait le même constat : « Il y a des familles où tout va à vau-l’eau. » Selon lui, si certaines sont réellement « dépassées », d’autres sont « complices ». Le maire prend l’exemple biterrois pour préciser son propos : « Dans certains quartiers de Béziers, le trafic de drogue, ça ne nourrit pas (si j’ose dire), ça ne donne pas que de l’argent de poche. Ça fait vivre une partie de ces familles-là. Tout le monde le sait. »
Un gouvernement aveugle
Tout le monde le sait mais tout le monde ne le dit pas. Dans les rangs du gouvernement, Aurore Bergé a commencé à soulever le problème. Le ministre des Solidarités et des Familles a récemment pointé du doigt les « parents défaillants ». Dans les colonnes de La Tribune Dimanche, elle a annoncé vouloir mettre « en place des travaux d’intérêt général » ainsi que « le paiement d’une contribution financière pour les parents d’enfants coupables de dégradations auprès d’une association de victimes et une amende pour les parents ne se présentant pas aux audiences qui concernent leurs enfants ».
Le ministre parle de parents « dépassés, déboussolés » et dit vouloir les aider à restaurer leur autorité. Elle ne voit qu’une partie du problème. À aucun moment elle n’envisage que les parents puissent profiter des délits de leur progéniture, voire les aider à les commettre. Derrière ceux qui sont réellement perdus, elle ne voit pas ceux qui tirent parti de la délinquance de leurs enfants. Non identifiées par les gouvernants, ces lignées de voyous sont plus que jamais intouchables.
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