C’est une petite phrase qu’aucun média n’a relevée mais qui vaut son pesant d’or.
On la doit, contre toute attente, au recteur de la grande mosquée de Paris (GMP), Chems-Eddine Hafiz. L’homme répondait, il y a quelques jours, aux questions du média communautaire Mizane TV et s’exprimait sur le besoin d’aumôniers dans certains lieux, comme les hôpitaux et les prisons. « On sait très bien aujourd'hui que dans les prisons, on dit, il y a 70-80 % de musulmans », déclara-t-il sur un ton badin, sans se rendre compte de la bombe qu’il venait de lâcher.
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris demande un "Plan Marshall" pour les aumôniers musulmans car "on sait très bien aujourd'hui que dans les prisons, on dit, il y a 70-80 % de musulmans" https://t.co/KhGL5x4gyU pic.twitter.com/2mrMgMsTXj
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Une surreprésentation connue mais taboue
La « stigmatisation » des musulmans vient du grand recteur himself. Bonne chance aux dénégateurs habituels pour l'accuser d’islamophobie.
Il faut dire, cependant, que la surreprésentation des musulmans en milieu carcéral n’est pas un scoop. En 2016, l’administration pénitentiaire avait ainsi indiqué que 18.630 détenus, « soit 27,5 % de la population carcérale », avaient sollicité le plateau-repas spécial ramadan. Plusieurs organisations de presse américaines comme le Pulitzer Center et le Washington Post étaient ensuite allées plus loin et avaient estimé entre 60 et 70 % la part des musulmans dans la population carcérale en France. Cette proportion – également avancée dans un rapport parlementaire de 2014 - est d’autant plus saisissante que, selon le très sérieux Pew Research Center, la communauté islamique compte pour moins de 9 % de la population totale française…
Le lien insécable entre immigration et délinquance
À l’heure où certaines évidences continuent d’être niées effrontément, Chems-Eddine Hafiz a plié le match avec sa proportion de « 70-80 % » de musulmans dans les prisons. Mais des critères autres que la religion permettent d’attester du lien insécable entre immigration et délinquance. À commencer par la nationalité. Dans de très nombreuses catégories de crimes et de délits, les étrangers sont surreprésentés. Ils comptent ainsi pour 39 % des délinquants interpellés à Lyon et 55 % à Marseille. Le phénomène est plus marqué encore en Île-de-France, où 63 % des agressions sexuelles et 93 % des vols commis dans les transports en commun sont le fait d’étrangers. La surreprésentation des étrangers parmi les condamnés se retrouve aussi chez les délinquants mineurs, largement composés de « mineurs non accompagnés » (MNA). Ces derniers peuvent constituer parfois plus de 50 % des établissements pénitentiaires ou des maisons d’arrêt, selon un rapport sénatorial déposé en septembre 2018.
Outre la religion et la nationalité, l’origine ethnique est le troisième outil à notre disposition. Certains chercheurs sont parvenus à contourner l’interdiction statistique et ont obtenu des résultats parlants. Dès l’an 2000, une enquête menée par le sociologue Sébastian Roché, professeur à l’IEP de Grenoble, et reprise dans un rapport du Sénat, attestait de la nette surdélinquance des jeunes d'origine étrangère et surtout maghrébine par rapport à ceux d'origine française. Directeur de recherche au CNRS, Hugues Lagrange affirmait même que « les adolescents éduqués dans des familles du Sahel sont 3 à 4 fois plus souvent impliqués comme auteurs de délits que les adolescents élevés dans des familles autochtones ; et ceux qui sont éduqués dans des familles maghrébines, deux fois plus ». L’anthropologue Didier Fassin avançait lui que « 77 % des personnes détenues appartiennent à des minorités ethniques ». Pile-poil l’ordre de grandeur donné par le recteur, cette semaine.
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