En août 2022, Birmingham accueillait en grande pompe les jeux du Commonwealth. “Un moment mémorable” pour la ville, s’enthousiasmait alors la presse britannique. Douze mois plus tard, les paillettes de la compétition sportive – sorte de Jeux olympiques organisés par cette association politique constituée principalement d’anciennes colonies britanniques – ont disparu. La deuxième ville du Royaume-Uni s’est déclarée en faillite, mardi 5 septembre. “En conséquence, toutes les dépenses non essentielles sont suspendues”, précise l’hebdomadaire The Spectator. Dans le même temps, ajoute le Birmingham Mail, les autorités ont ouvert auprès des 10 600 agents de la collectivité un plan de départs volontaires. “Mais les syndicats craignent une vague de licenciements dans la foulée.”

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Les difficultés financières rencontrées par cette ville de plus de 1 million d’habitants puisent en partie leur source, d’après la presse britannique, dans le rattrapage d’importantes inégalités salariales. “Les employées municipales s’estimaient lésées parce que, entre 2006 et 2012, les métiers majoritairement féminins, comme le ménage, ne bénéficiaient pas des primes accordées aux métiers majoritairement masculins, comme le ramassage des ordures”, détaille The Guardian. En 2012, le tribunal “leur a donné raison et condamné Birmingham” à rectifier le tir, retrace le Financial Times.

“La ville a déjà payé 1,1 milliard de livres [1,3 milliard d’euros] en compensations, mais les pouvoirs publics se disent incapables d’assumer le reste de la note, évalué à 760 millions de livres [890 millions d’euros], y compris en puisant dans les réserves.”

“Les conservateurs ont rapidement pointé du doigt le fait que Birmingham était géré par les travaillistes, mais cet événement pourrait en réalité être symptomatique d’un malaise plus profond, et présager de nouvelles faillites”, s’inquiète le Spectator. Depuis 2018, dix collectivités locales se sont retrouvées dans la même situation que la ville des Midlands, incapables d’équilibrer leur budget sans intervention du gouvernement. En cause, notamment, la baisse drastique des dotations depuis 2010. “Celles-ci ont été divisées par deux, précise le magazine proche des conservateurs au pouvoir. En parallèle, la hausse de la démographie et de la demande en matière de services publics place les finances locales sous une pression énorme.” Ajoutée à la crise des écoles, dont les plafonds risquent de s’effondrer, et au scandale des eaux usées rejetées directement dans la mer, la détresse des collectivités locales “semble conforter l’impression d’une nation sur le déclin”.