par Santiago Muzio, avocat inscrit aux Barreaux de Lyon et de Buenos-Aires et Edouard Husson, directeur de la rédaction du Courrier des Stratèges -
Le Conseil d'Etat se condamne à l'insignifiance
Autrefois, les pestiférés étaient tenus à l’écart des villes, souvent enfermés dans des léproseries. Pour en sortir, ils devaient porter des vêtements distinctifs et marcher en faisant du bruit avec leur crécelle. Ils étaient exclus de toute vie sociale.
Aujourd’hui, le même sort semble réservé à tous ceux qui refusent, pour une raison ou une autre, de se soumettre à l’obligation vaccinale, à peine déguisée, imposée par le gouvernement et validé, en sa totalité, par le Conseil d’Etat (cf. CE, avis n°404.676, 26 déc. 2021, cons. n°10) :
“Sur la nécessité et la proportionnalité du « passe vaccinal » en tant que tel : Il relève que si l’impossibilité d’accéder à ces activités au bénéfice du seul résultat négatif d’un examen de dépistage virologique ne peut par elle-même se justifier par l’objectif de limiter le risque de transmission par la personne concernée, elle contribue en revanche à l’objectif énoncé précédemment de limiter le risque de voir la personne développer la maladie, y compris une forme sévère de celle-ci, ainsi qu’à l’objectif indirect d’incitation à la vaccination. Dans le contexte sanitaire décrit au point 7 et compte tenu de son évolution prévisible, le souhait du Gouvernement de mettre en œuvre un dispositif de nature à limiter davantage encore que le « passe sanitaire » la possibilité pour les personnes fréquentant les lieux et établissements concernés de développer l’infection, afin de freiner autant que possible la propagation d’une nouvelle vague et ses conséquences sur le système de santé, n’apparaît pas inadéquate”).
L’objectif [indirect] d’incitation à la vaccination qui découle des mesures gouvernementales est ainsi, pour la première fois, reconnu par le Conseil d’Etat.
Conseil, soit dit en passant, qui semble vouloir se suicider en renonçant à ses fonctions de garde-fou juridique pour se convertir en simple caisse d’enregistrement de la toute-puissante volonté gouvernementale.
Que dire d’un gouvernement qui depuis le début de son hasardeuse gestion de la crise sanitaire n’a cessé de se contredire et de mentir aux gouvernés ? Quel crédit peut-on encore donner à ceux-là même qui, sans le moindre remords, imposent à sens et à contresens des décisions qui semblent plus nées de l’opportunité politique que d’une vraie volonté de mettre un terme réel à une crise qui décuple leur puissance et leur pouvoir ?
En décembre 2020, cela fait à peine un an, Emanuel Macron affirmait : “Je l’ai dit, je le répète : le vaccin ne sera pas obligatoire. Ayons confiance en nos chercheurs et médecins. Nous sommes le pays des Lumières et de Pasteur, la raison et la science doivent nous guider”.
Un an après, exit la science et la raison. Les contraintes du calendrier politique à l’approche des élections semblent peser plus que la recherche du bien commun. Jamais aucun autre président de la cinquième République n’aura réussi à diviser autant le pays réel.
La crise sanitaire n’est plus. Le taux de mortalité des variants du Covid-19 est aussi faible et banal que celui d’autres maladies chroniques. Comment expliquer, si crise il y avait, que le Gouvernement n’ait pas créé des lits supplémentaires, installé des hôpitaux de campagne et qu’il se soit même permit de luxe de renvoyer plus de 15 mil infirmiers, aides-soignants et médecins qui n’acceptaient pas le principe de la vaccination obligatoire ?
Il est bien que des mesures urgentes, motivées par l’urgence réelle, soient adoptées en période de crise. Mais que dire d’une crise qui dure depuis deux ans, si ce n’est que sa gestion est calamiteuse ? Peut-on continuer a accepter, en hochant bêtement la tête, que nous sommes en crise ? Ne faudrait-il pas plutôt considérer que nous sommes en décadence ?
Le rêve d’un peuple soumis et obéissant, est en train de prendre forme devant nos yeux ouverts. Le Grand Songe de Lénine, de Mao, d’Hitler, de tous les dictateurs de l’histoire, le songe de domination et de puissance est désormais à portée de main de n’importe quel apprenti-dictateur républicain.
Nous assistons depuis deux ans maintenant à un sabotage de nos libertés individuelles, base de toute société démocratique, jamais vu en Occident. Si nos gouvernants avaient un peu de décence et de respect pour la parole donnée au peuple au moment de leur élection, ils devraient assumer leur échec, reconnaitre leurs mensonges, demander pardon à leurs citoyens et remettre leurs démissions de toutes les fonctions qu’ils n’ont pas su honorer.
Mais cela n’arrivera pas. Le gouvernement préfèrera, sans doute, endosser la chemise du Comité de Salut Publique et, au nom de “l’objectif de santé publique”, il nous fera encore et encore avaler toutes les aberrations juridiques lui permettant de rester en place. Il n’est pas exclu, dans leur cécité idéologique, qu’une guillotine soit dépoussiérée et montée à nouveau sur une place parisienne pour y conduire les opposants à la troisième et suivantes doses des vaccins. Il est pour le moins paradoxal que, sous couvert de santé publique, le gouvernement renvoie à la mort sociale toute une partie du pays.
Le gouvernement sait que dans sa croisade vaccinale il peut compter avec la servilité des membres du Conseil d‘Etat, du Conseil Constitutionnel et de toutes les autres institutions à sa botte pour valider sa volonté. Nous avons bien vu que très peu de juges, sans doute craignant pour leur avancement et leur carrière, on dédit ce qui a été validé par les Hautes Juridictions. La servilité des hommes de lois est aussi à rechercher du côté de la voix silencieuse des ordres professionnels des avocats et autres corporations. Pas un seul bâtonnier en France n’a, à notre connaissance, osé lever le ton face au pillage institutionnalisé des libertés individuelles.
La mansuétude serait-elle donc la seule vertu républicaine ? A force de ne pas faire usage de notre liberté nous courons le grand risque de la voir disparaître. Nous sommes les héritiers d’une civilisation qui a su conquérir sa liberté au prix d’efforts, de sacrifices, de renoncements, de guerres et de peines. Allons-nous laisser dépérir notre héritage par soucis de confort et de servilité ?
Nous disions tout au début que le sort qui risquait de nous être réservé était celui des pestiférés. Il est encore pire que cela. Les pestiférés du Moyen-Age pouvaient encore compter sur les mains d’un roi guérisseur et sur la bienveillance et la douceur d’un Saint-Louis. Nous sommes, pauvres Français du XXI siècle, condamnées à entendre encore pour de longs mois les propos abscons d’un pauvre type comme Castex qui croit devenir un homme d’Etat en nous expliquant que dorénavant il faudra boire sa bière au bar assis et non pas debout.
L’image est savoureuse : le gouvernement préfère les Français assis et serviles à ceux qui sont debout et libres.
Le temps est venu de se débarrasser de ceux qui nous asservissent et de lutter pour reconquérir nos libertés perdues.
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