Le 24 juillet dernier, au lendemain de l’ouverture des Jeux olympiques de Tokyo, le Président Macron annonçait qu’en France, lors des Jeux de Paris 2024, la cérémonie aurait une autre dimension et serait organisée sur la Seine : « Cela fait maintenant quelques mois qu’il y a une volonté d’avoir une cérémonie d’ouverture vraiment unique et révolutionnaire.
[…] Donc je peux vous confirmer que cette cérémonie aura lieu sur la Seine. » Promesse, pour une fois, tenue !
Le 13 décembre, le COJO (Comité d’organisation des Jeux olympiques) a présenté le projet. Pour la première fois dans l’Histoire, les athlètes ne défileront pas dans un stade mais se prêteront à une mise en scène inédite : à la tombée de la nuit, les délégations des quelque 200 nations participantes descendront la Seine sur des barges, du pont d’Austerlitz au Trocadéro, dans un décor de carte postale, sous des ponts et entre des monuments animés et illuminés. Un spectacle féerique !
Question mesquine : ça va coûter combien ? Metteur en scène de l’événement, Thierry Reboul a confié (dans L’équipe du 14 décembre) qu’il n’en savait rien : « C’est une question à laquelle on va répondre avec précision en 2022. » Ben voyons, on conçoit, mais on n’évalue pas le coût…
Anne Hidalgo, maire de Paris, s’est d’ailleurs inquiétée de cette pharaonique mise en Seine. Selon l’AFP, elle a adressé un courrier au Premier ministre Jean Castex pour savoir qui paierait l’addition en cas de naufrage financier. Elle peut être rassurée. Macron a déjà sorti le carnet de chèques (en blanc)…
Officiellement, le COJO (présidé par le triple champion olympique de canoë Tony Estanguet et « surveillé » par des représentants de l’État, de la ville de Paris, de la région Île-de-France, du département de Seine-Saint-Denis…) dispose, pour orchestrer les Jeux, d’un budget global de 3,9 milliards. Qui, en théorie, ne devrait rien coûter au contribuable. Sur son site, le COJO l’affirme : « Les Jeux financent les Jeux », en attestant que « le budget d’organisation de Paris 2024 est financé en quasi-intégralité (97 %) par des recettes privées, c’est-à-dire du CIO [Comité international olympique, NDLR], des entreprises partenaires [les sponsors, NDLR], de la billetterie des Jeux ou encore des licences [sur la vente des produits dérivés, NDLR] ». Mais en cas de dérapage budgétaire ? C’est là que l’État et Macron entrent en « Jeux ».
L’article 158 de la loi de finances 2022 (validée par l’Assemblée le 15 décembre) stipule que tout déficit du COJO sera couvert par l’État : « Cette garantie est accordée en principal et intérêts, à titre onéreux, dans la limite de 3 milliards d’euros. » Une disposition ainsi justifiée dans le document budgétaire soumis aux parlementaires : « L’État français s’est par ailleurs engagé auprès des présidents du CIO et du COJO à garantir un éventuel déficit budgétaire du comité. Il est proposé de reprendre ces engagements dans la loi, en autorisant l’octroi d’une garantie de l’État dans l’hypothèse où le solde du COJO serait déficitaire. Le plafond de la garantie est fixé à 3 Mds €. » Voire plus : « Si, au vu des révisions budgétaires pluriannuelles du COJO et de l’avancement opérationnel du projet qu’il porte, une modification du montant de ce plafond s’avérait nécessaire, un tel ajustement pourra être effectué par une disposition en loi de finances. »
Bref, le COJO a une autorisation de découvert de 3 milliards, un déficit possible qui sera payé par le contribuable ! Il ne s’agit pas ici de critiquer les milliards dépensés pour organiser un événement qui doit rehausser le prestige de la France, mais de dénoncer l’hypocrisie des dirigeants qui assurent que cela ne coûtera pas un centime aux Français.
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