La ville de Maraussan (Hérault) et l'association Les Maraudes 34 se mobilisent depuis un mois, pour que Georges, un ancien maçon de 86 ans ne passe pas un nouvel hiver dans sa voiture.
Le retraité rejeté par son fils n'a que 900 euros par mois pour vivre et refuse l'aide apportée. Son état inquiète.
La situation précaire de Georges ne laisse pas insensibleLa solidarité s'organise et s'amplifie dans cette commune proche de Béziers pour lui venir en aide. Des habitants lui apportent spontanément à manger. Sandra et Laurence, deux restauratrices (Au Bonheur des Papilles) touchées par cette précarité, lui offrent quotidiennement le couvert à midi. "Le soir nous revenons lui faire une soupe pour qu'il ait un repas chaud". L'association d'entraide aux plus démunis Les Maraudes 34, tout comme la municipalité de Maraussan, se démènent pour lui trouver un toit au plus vite.
Dans la rue depuis l'automne 2016Cet ancien patron (propriétaire d'une entreprise florissante à Cazouls-lès-Béziers) n'a plus que 900 euros par mois pour vivre. Cet ancien habitant de Cazouls-lès-Béziers a aujourd'hui tout perdu. Son fils, ayant repris l'entreprise familiale, lui a tourné le dos comme il l'explique à France Bleu Hérault, tout comme son ex-femme après 41 ans de vie commune. "Ma retraite ne me permet pas de vivre dignement", explique l'octogénaire.
"Maintenant, j'attends que le bon Dieu m'appelle."
''Cette voiture, c'est mon habitation personnelle. Je ne dérange personne'' dit Georges.
Une détresse humaine et psychologique
Dans sa voiture, ses vêtements s'entassent les uns sur les autres à l'avant côté passager au milieu de papiers personnels. Sur la banquette arrière, plusieurs couvertures sous lesquelles Georges se faufile la nuit venue pour se protéger du froid nocturne. Dans le coffre tout le matériel de cuisine.
"Pour me laver c'est simple, j'ai un réchaud. Je fais chauffer de l'eau dans la bassine et je me nettoie dedans comme à l'ancienne."
"On s'en occupe. Nous avons un logement à lui proposer" dit le maire de Mauraussan.
Mais cette mobilisation, y compris sur les réseaux sociaux inquiète le maire de Maraussan. "Il ne faudrait pas que Georges décide de quitter la commune" dixit Serge Pesce, "et que toute cette agitation lui fasse peur et qu'on ne sache plus où il se cache. Nous sommes très attentifs à sa précarité. La police municipale passe de manière régulière non pas pour le contrôler mais surtout vérifier s'il va bien. Le C.C.A.S se démène. Mais ce n'est pas si simple.''
Pas si simple, en effet, car Georges né en octobre 1935, qui se déplace difficilement avec une seule béquille refuse l'aide proposée. "Il est dans sa bulle. On dirait qu'il se punit", explique Soazic Maréchaux la présidente de l'association biterroise les Maraudes 34. Le Biterrois, tout sourire, très avenant, semble meurtri, affecté par son vécu.
Le plus grand soutien est sans doute psychologique. L'intervention d'un professionnel permettrait de comprendre pourquoi Georges est si dur contre lui-même et pourrait sans doute le convaincre d'accepter l'aide proposée.
Ce mardi matin, Robert, un habitant de Maraussan est venu lui proposer de dormir chez lui. "J'ai deux chambres qui ne sont plus utilisées. Je vis seul. J'ai envie de faire pour les autres ce que j'aimerais qu'on fasse pour moi." Comme les fois précédentes le retraité refuse, "c'est gentil, mais je resterai dans ma voiture. C'est tout ce qui me reste."
"Cet Homme ne veut pas déranger. Il doit y avoir des blessures profondes"
"Elles sont exceptionnelles" dit Georges, qui s'inquiète pour leur activité. "C'est dur pour elles vous savez en cette période de pandémie". Georges retournera ensuite se coucher dans sa voiture. À moins que d'ici là, il prenne conscience qu'il est important pour sa santé, de se réfugier au chaud. Mais sa tristesse semble plus profonde qu'il ne la laisse transparaitre.
"Vous savez, confie Georges, tout sourire, je supporte le froid. Je gère. J'étais maçon. J'en ai construit des maisons. J'ai passé de nombreux hivers dans le froid pour les autres et leur bien-être quand j'étais maçon. Je me suis endurci", conclut ce père de famille n'ayant plus aucun contact avec son propre fils.
"Il y a quelques mois, je suis retourné voir mon fils. J'ai sonné à l'interphone de sa maison. Il m'a dit de fuir sans quoi il me tuait."
Georges a été patron d'une entreprise florissante, d'abord créée par son père à Cessenon-sur-Orb avant d'être délocalisée à Cazouls-lès-Béziers.
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