L’Algérie a décidé de rappeler son ambassadeur en France « pour consultation ».
Une façon, pour ses dirigeants, de manifester leur mauvaise humeur après les déclarations d’Emmanuel Macron rapportées par Le Monde : il estimerait qu’après son indépendance en 1962, l’Algérie s’est construite sur « une rente mémorielle » entretenue par « le système politico-militaire ».
Il évoque aussi « une Histoire officielle » qui « ne s’appuie pas sur des vérités » mais sur « un discours qui repose sur une haine de la France ». Il va même jusqu’à s’interroger sur la réalité d’« une nation algérienne avant la colonisation française ». Tout cela est vrai mais, dans la bouche de Macron, manifeste une propension au racolage intellectuel.
Il est, en effet, difficile de croire à la sincérité d’un Président qui, durant tout son quinquennat, et même avant, a tenu des positions contraires. Faut-il rappeler que, le 15 février 2017, lors d’un déplacement en Algérie, il a qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité » ? Ou qu’il a confié à l’historien controversé Benjamin Stora une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie » en vue de favoriser « la réconciliation entre les peuples français et algérien » ? Sans doute le pense-t-il vraiment, tant il est imprégné des préjugés de la pensée unique, mais il voulait alors plaire à la gauche de son électorat et, plus généralement, à la bien-pensance qui omet de penser.
Aujourd’hui, alors que débute une seconde campagne présidentielle, il joue une autre partition pour tenter d’élargir son électorat sur sa droite.
Il a récemment, au nom de la France, demandé « pardon » aux harkis et annoncé un projet de loi de « reconnaissance et de réparation » à l’égard de ces Algériens ayant choisi de combattre aux côtés de l’armée française. Il a apparemment oublié que son ministre de l’Intérieur a rendu hommage aux « martyrs » du FLN en déposant une gerbe tricolore devant le mémorial du Martyr d’Alger. Oublié, aussi, qu’il a lui-même effectué ce geste en 2017. La politique du « en même temps » a ses limites, quand elle en vient à dire tout et son contraire.Toutes ces palinodies s’apparentent à du racolage politique et ne font guère honneur aux politiciens qui y recourent, sans jamais rectifier leurs erreurs. Bien sûr, ils ne confessent pas qu’ils font le trottoir pour ratisser des électeurs. Ils prétendent, le plus sérieusement du monde, poser un regard objectif et équilibré sur l’Histoire de France, mais ce regard est influencé par leurs intérêts électoraux. Il suffit de voir comment la Macronie se soucie, depuis quelques mois, des questions de sécurité, d’immigration et d’islamisme : durant le reste du quinquennat, non seulement elles étaient mises sous le boisseau, mais les audacieux qui les mettaient en avant étaient considérés comme des trublions racistes et xénophobes.
Qu’on l’appelle opportunisme, « girouettisme », électoralisme ou racolage, cette attitude déconsidère la démocratie dont elle pervertit le fonctionnement. Au lieu d’être la recherche de la vérité et de l’intérêt général, au lieu de favoriser la confrontation des idées dans le respect de l’opinion d’autrui, elle se plie au gré des vents dominants et des intérêts personnels. Les Français, que leurs dirigeants cherchent à endormir pour mieux les dominer, pourraient bien se réveiller et balayer ces charlatans prêts à vendre n’importe quelle camelote pourvu que ça leur rapporte gros.
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