Madame,
secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée de la biodiversité, vous venez donc, en quelque sorte, de publier un faire part sur les réseaux sociaux “#carnet rose Sorita et ses trois oursons nès dans le #Béarn cet hiver, une très bonne nouvelle pour la sauvegarde de l’espèce, tout juste 25 ans après la réintroduction de l’#ours brun dans les Pyrénées.”
Une “nouvelle” accueillie avec beaucoup moins d’enthousiasme par les éleveurs pyrénéens qui vous ont répondu in petto : “Notre réalité Mme Abba, c’est le « Carnet Noir » des centaines d’animaux (ovins, bovins, équins, caprins, ruches, chiens patous…) qui vont perdre la vie cet été, sous les griffes des ours réintroduits et leur descendance.”
Vous en conviendrez peut-être, madame, pour comprendre vos points de vue respectifs il faut, avant tout, tenir compte des distances. Et, en l’occurrence, de celle qui vous sépare de ce massif Pyrénéen où vous ne vivez pas puisque vous exercez votre activité à 1 000 kilomètres de là. La nuance est importante car vous prenez fait et cause pour un plantigrade que, et nous vous le souhaitons, vous n’aurez jamais l’occasion de côtoyer. Pas plus que l’ursidé en question ne viendra dévorer, effrayer ou mutiler vos moutons puisque vous n’avez pas besoin d’en élever afin d’assurer votre revenu depuis ce ministère où vous officiez.
Car si le message est touchant, voire attendrissant, puisqu’il évoque l’ourson de l’enfance tel que des millions de Français sont enclins à l’idéaliser, la réalité pastorale n’a rien à voir avec l’image bucolique que vous souhaitez promouvoir.
J’ai cherché dans le dictionnaire et c’est le mot “mépris” qui me paraît le plus approprié à cette situation :
“Fait de ne tenir aucun compte de quelque chose. Attitude, sentiment par lesquels on s’élève au-dessus de ce que généralement redoutent les autres hommes…”
En résumé, vous vous foutez complètement de l’avis des gens du cru, des autochtones, des éleveurs. Et vous préférez obéir aux tendances environnementales du moment qui font table rase des réalités économiques et du combat mené par les anciens pour lutter contre les prédations. Jusqu’au jour où quelques randonneurs croiseront la route de ces oursons devenus grands, jusqu’au jour où les hélicoptères viendront récupérer ce qu’il restera de leurs dépouilles au fond de ces ravins ou sur le flanc de ces sommets que vous semblez si bien, depuis vos immeubles lutéciens, savoir gérer.
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