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lundi 9 mars 2020

Télévision : corona-ci, corona-là

 
 


Qu’il est loin, le temps du virus de la réforme des retraites, guéri en quelques heures grâce à une injection de 49.3 :

Qu’il est loin, le temps de Martinez et Berger, les Laurel et Hardy du syndicalisme, toujours prêts pour une nouvelle facétie !

Qu’il est loin, le temps du pornographe Griveaux et de son one-man-show, qui consterna ses deux admiratrices, Ruth et Apolline, cette semaine, et comme la précédente, les télévisions ne parlaient que du virus !
Et comme le célèbre Figaro de l’opéra de Rossini, elles ne savaient plus où donner de la tête, tant il y avait à dire sur l’épidémie en marche.
Corona-ci ! Corona-là ! On était passé de la paranoïa à la psychose avec, bientôt, un quatrième décédé, un jeune homme de 94 ans…
Les journaux faisaient quotidiennement le décompte des cas de contamination et des morts – sept pour la France, à l’heure où j’écris ces lignes -, pourtant loin derrière ceux du cancer, des accidents de la route ou de la bêtise humaine.
Ici et là, le nouveau ministre de la Santé faisait une apparition et un discours pour dire qu’il n’y avait rien à dire, ce qui est déjà beaucoup, pour un ministre.

Les reportages sur le sujet étaient innombrables : l’un nous montrait un marché déserté par des Français morts de peur à l’idée de mourir du coronavirus, et l’on entendait un malheureux charcutier, tout seul dans son camion, se plaignant de ce que les gens préféraient aller dans les supermarchés où les risques étaient pourtant plus grands.
Dans un autre, on interviewait une aide-soignante en train de badigeonner de gel un vieux monsieur torse nu, tout en expliquant les précautions qu’elle prenait.
Elle avait enlevé son masque pour l’entretien mais il était bien entendu qu’elle le remettrait aussitôt après.
Et, de toute façon, point n’était besoin de ses conseils puisque, plusieurs fois par jour, des spots télévisés nous informaient de toutes les précautions à prendre : bien se laver les mains avec du gel, ne pas serrer celles du voisin, porter son masque, regarder la télévision pour être tenu informé, etc.
On voyait aussi une médecine (femme médecin) désinfecter les poignées des portes après le passage d’un patient…
Mais après la vie quotidienne des Français sous l’Occupation par le coronavirus, un autre thème faisait l’objet de multiples variations : l’économie.
Chaque jour, on nous expliquait les méfaits du virus sur l’économie et la croissance, un chef d’entreprise ou un expert économique, voire le ministre lui-même nous disaient leur inquiétude devant les pertes importantes, secteur par secteur.
Moins de touristes, des musées, des ateliers, des administrations fermés en raison du droit de retrait des salariés craignant d’attraper le virus, avions à l’arrêt, Chine en quarantaine…
Après l’économie, c’était au tour de la culture.
Devant le Louvre, on nous montrait deux visiteurs qui ne pouvaient entrer et qui exprimaient leur colère légitime, eux qui avaient bravé le danger pour venir jusque-là et qui ne pouvaient refuser de serrer la main à la venus de Milo.
Enfin, chose étrange, on apprenait que le virus avait résisté au 49.3 puisque à l’Assemblée un député LR et le tenancier de la buvette étaient frappés à leur tour.
Mais l’un des effets les plus dévastateurs, et qui provoquait la stupeur, nous était annoncé en fin de semaine : la campagne des Restos du cœur risquait d’être touchée, on s’attendait à une baisse important des dons !
Or, on le sait, cette sainte institution, au service des Français les plus pauvres, a vu ses activités monter en flèche ces dernières décennies en raison du nombre croissant de pauvres dans notre pays, et encore plus depuis que Macron est Président, car ils atteignent un chiffre record.
Et, déjà, de mauvais esprits se mettaient à dire qu’on n’avait qu’à demander aux milliardaires du cinéma et du show-biz qui se font appeler « Les Enfoirés » de compenser les pertes.
Eh oui, il est des tas de gens qui croient encore qu’y a qu’à-faut qu’on !

Jean-Pierre Pélaez

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