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samedi 28 mars 2020

Coronavirus : « on vit un enfer dans les hôpitaux en Seine-Saint-Denis, il faut l’armée dans les rues »

 
 
Dans les hôpitaux de Seine-Saint-Denis, il n'y a plus de places en réanimation. Les patients se multiplient de jour en jour.
Dans les hôpitaux de Seine-Saint-Denis, il n’y a plus de places en réanimation. Les patients se multiplient de jour en jour. (©Adobe Stock)

Publié le 27 Mars
 
Depuis le début de l'épidémie de coronavirus Covid-19, les hôpitaux de Seine-Saint-Denis tentent de s'organiser pour gérer l'afflux de contaminés. Ils sont maintenant saturés.
 
« J’ai peur pour ce week-end, pour ce soir, pour demain. Chaque jour c’est un exploit », les mots de Stéphane Gaudry, médecin en réanimation à l’hôpital Avicenne (Bobigny) et à Jean-Verdier (Bondy), résument la situation catastrophique des établissements de santé en Seine-Saint-Denis. 
 
Il a accepté de témoigner en répondant aux questions d’Actu Seine-Saint-Denis.

Face à l’épidémie du coronavirus Covid-19, les soignants du département tentent tant bien que mal de gérer l’afflux de patients, le manque de lits en réanimation, le manque de respirateurs…

« La diffusion du virus est plus rapide ici »
Selon Stéphane Gaudry, la situation est bien plus critique en Seine-Saint-Denis que dans le reste de l’Ile-de-France.
En Seine-Saint-Denis, c’est plus compliqué, la diffusion du virus est beaucoup plus rapide ici à cause d’une part de la promiscuité des habitants et du non-respect du confinement mais d’autre part, des facteurs de risque qui sont plus fréquents. Par exemple, l’obésité, le diabète ou encore la tension artérielle.
Le médecin le constate tous les jours, avec un nombre de contaminés et de décès sans cesse croissant dans le département.
Le nombre important de patients entraîne un « dépassement des moyens ».
Il indique que les « moyens sont déjà dépassés en Seine-Saint-Denis.
Tout le monde est en difficulté mais encore plus ici ».

« Il faut l’armée dans les rues, ce n’est plus possible »
Heureusement, une solidarité s’est mise en place entre les hôpitaux de la région et des patients de Seine-Saint-Denis sont pris en charge ailleurs.
Ici on n’accueille pas de patient de l’extérieur du département car nous n’avons pas de places. C’est saturé. Par contre, il y a des dizaines de malades que nous envoyons en dehors du département.
Pour Stéphane Gaudry, les caractéristiques du département sont une raison mais il insiste sur une seconde qui est pour lui inacceptable : « les habitants ne respectent pas le confinement, maintenant il faut l’armée dans les rues. Ce n’est plus possible ».

« Les gens se tuent les uns les autres »

Ses mots sont forts tout autant que sa détermination pour que les habitants comprennent que la situation est très grave dans les hôpitaux du département.
Selon ce médecin, il faut que l’armée confine totalement les dionysiens pendant trois semaines complètes pour que le virus arrête de se diffuser.
Quand vous avez des personnes qui meurent tous les jours sous vos yeux, on s’en fout des histoires de « on est en démocratie on ne peut pas mettre l’armée ». Si ça peut permettre de sauver la vie de 100 gamins, il faut le faire coûte que coûte. »
Le médecin aimerait que son message soit bien entendu et que les habitants respectent ce confinement, cela faciliterait le travail des soignants.
« On vit un enfer ici. Il faut que ça s’arrête, les gens se tuent les uns les autres en sortant.
Oui, le coronavirus touche tout le monde », ajoute Stéphane Gaudry.

« Pour l’instant, il faut être là »

Epuisé physiquement et psychiquement, les soignants du département travaillent tous les jours pour sauver des vies comme ils peuvent.
« On verra notre épuisement après, pour l’instant il faut être là. Cette crise va laisser des traces psychologiques importantes », ajoute Stéphane Gaudry.
Il souligne la solidarité et le professionnalisme des équipes soignantes.
« Toutes les équipes sont très organisées, elles ont conscience de la mission qu’elle doivent accomplir ».
Désormais, ce médecin d’Avicenne s’inquiète de la diminution des effectifs dans les hôpitaux à cause de plusieurs cas de contamination parmi le personnel soignant.
« C’est le stress de ne plus avoir d’équipe. C’est un challenge parmi les autres challenges. »

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