Remplacer un haut profil au pied levé, c’est compliqué.
Les chasseurs de têtes ont besoin de longues recherches pour identifier les personnes qui correspondront le mieux aux critères de clients exigeants pour occuper des postes à haute responsabilité dans les entreprises.
L’explosion en vol de la candidature de Benjamin Griveaux à la mairie de Paris a conduit la Macronie à jouer aux chaises musicales.
Agnès Buzyn, qui il y a deux jours se disait trop occupée pour briguer quoi que ce soit dans l’élection municipale parisienne, va finalement conduire les listes de candidats marcheurs.
Les conduire on ne sait où, en fait.
Nonobstant les louanges entonnées par une médiasphère officielle semblant acquise à la cause macronienne, l’amateurisme (tant vanté, récemment) et le charisme si bien caché de l’ex-ministre de la Santé et des Solidarités pourrait conduire à une Bérézina électorale.
Il semblerait que le retour sur expérience de Nathalie Loiseau n’ait pas été pris en compte.
Mais il faut, bien sûr, admirer la célérité du parti au pouvoir à identifier et proposer une solution.
Et puis, il faut remplacer la dame au gouvernement.
Là encore, c’est rapide.
Dans la même demi-journée, Olivier Véran, député de l’Isère, neurologue, rapporteur de la commission des affaires sociales, prend le job.
Cette fois-ci, pas question de patienter, le temps de vérifier qu’aucune indélicatesse avec le fisc n’est à craindre ou qu’une amnésie patrimoniale sélective viendrait altérer la fiabilité de ses déclarations ou encore qu’une phobie administrative de quelque nature pourrait apparaître au grand jour.
Il y a le feu et l’équipe en place sait se montrer réactive.
Les opinions de M. Olivier Véran sont tranchées, c’est son droit.
Comme acteur de la vie politique, elles sont connues.
Par exemple, quand il était député socialiste, il a fait voter une loi obligeant les mannequins à produire un certificat médical attestant qu’elles ne sont pas anorexiques et de mentionner quand des photos publicitaires sont retouchées.
C’est bien socialiste que de réglementer tout et n’importe quoi mais, au moins, c’est dans un souci légitime de santé publique.
Il est aussi favorable aux salles de shoot, au cannabis thérapeutique, à la mise sous condition de revenu des allocations familiales.
Comme nombre de socialistes recyclés ou non en marcheurs, il est bien méprisant pour les personnes qui répondent aux sondages.
Il disait au micro d’Europe 1, en janvier 2018, être surpris de « la capacité des gens à répondre oui ou non à des questions qui sont extrêmement complexes ».
Sans doute faudra-t-il, dans son monde rêvé, présenter des excuses si l’on a une opinion sans être diplômé.
Dans ce même entretien, il affirmait que « la question de la GPA par exemple n’appelle pas nécessairement une réponse binaire ».
Il y a donc, chez les marcheurs, mais ce n’est pas un scoop, un esclavage acceptable par opposition à un autre esclavage qui ne le serait pas.
Bref, monsieur le nouveau ministre est un progressiste assumé.
Il est surprenant de constater à quel point les leçons du passé ne servent pas à notre jupitérien Président et à son Premier ministre.
La France est fracturée, divisée, les tensions palpables, les antagonismes explosent et dispersent le corps social façon puzzle, les crises succèdent aux crises à la queue leu leu, mais ils trouvent le moyen de nommer une personne aux opinions très clivantes à un poste où il aura à gérer au moins trois dossiers de fond très chauds (retraites, urgences, bioéthique) et une crise sanitaire préoccupante. Est-ce du nihilisme que de ne pas chercher à identifier une personne qui rassemblerait, qui apaiserait ?
Rémy Mahoudeaux
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