Deux événements significatifs viennent de se produire.
Le premier : le gouvernement s’est pourvu en cassation contre la décision de la cour d’appel de Paris ordonnant la reprise de l’alimentation de Vincent Lambert.
Le second : l’ambassade du Kosovo à Paris ayant été autorisée à fêter le 20e anniversaire de l’émancipation de cette province serbe à la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides, un appel à la prière musulman a été lancé en chaire, en un lieu tenu pour sacré par les catholiques.
Plus d’une centaine de militaires (généraux, officiers et sous-officiers) ont fait part de leur indignation.
Sur le premier sujet, le ministre de la Santé est mis en cause, sur le second, le gouverneur militaire de Paris.
Mais comment imaginer que de telles décisions aient pu être prises sans que le président de la République Emmanuel Macron en ait donné l’ordre ou, au minimum, les ait avalisées ?
Compte tenu du bruit médiatique considérable qui a entouré l’affaire, c’est vrai de la saisine de la Cour de cassation contre la continuation de la nutrition de Vincent Lambert – rappelons que le parquet est subordonné au garde des Sceaux, et lui-même au Président.
C’est également vrai de la fête organisée dans la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides.
Nos relations avec le Kosovo sont une question diplomatique importante qui ne pouvait être arbitrée qu’en haut lieu.
La faveur faite à cet État (non reconnu par l’ONU) est d’autant plus choquante que Hashim Thaçi, le président du Kosovo, a été accusé de trafic d’organes de prisonniers durant la guerre de Yougoslavie par le Conseil de l’Europe.
Il ne s’agit donc pas, comme on l’a entendu dire, d’une « erreur diplomatique » mais d’un acte délibéré.
Que le feu vert à la profanation du 22 mai ait été donné en haut lieu témoigne d’un singulier parti pris.
Ces faits prennent tout leur relief quand nous apprenons, la même semaine, que, selon un sondage, 43 % des catholiques pratiquants ont voté, aux élections européennes, pour la liste Loiseau-La République en marche.
Au premier tour de l’élection présidentielle, ce public avait plutôt voté pour Fillon, mais il a glissé vers Macron au cours des derniers mois.
Le paradoxe est d’autant plus grand que ces signes d’une hostilité profonde à l’héritage chrétien au sommet de l’État ne sont pas isolés : le maintien obstiné du projet de loi instituant la PMA pour femmes seules, malgré l’hostilité de l’Église, les efforts pour prolonger la guerre de Syrie si tragique pour les chrétiens de ce pays (et d’autres), une déclaration sur l’incendie de Notre-Dame de Paris ne mentionnant ni la destination religieuse de l’édifice ni les catholiques.
Dans le discours qu’il avait fait aux évêques de France, aux Bernardins (suivi d’une scandaleuse standing ovation), Macron n’avait d’ailleurs pas caché ses positions : au milieu d’une rhétorique pieusarde en accord avec le lieu mais qui ne relevait que de la forme, il précisait clairement qu’en matière sociétale, il avait ses idées et qu’il ne concédait à l’Église que le droit d’« interroger », pas de contredire.
On espère qu’au vu de évolutions récentes, les évêques de France auront un peu ouvert les yeux.
Mais à quel degré d’aveuglement a pu sombrer le public catholique, celui des paroisses ordinaires, de droite comme de gauche d’ailleurs, pour que l’actuel Président en devienne l’homme politique favori ?
À ce degré d’égarement, il est permis de penser qu’on n’est pas seulement confronté à un phénomène politique ou sociologique, mais à une crise spirituelle profonde.
Roland Hureaux
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