Translate

dimanche 10 décembre 2017

Laïcité : la croix du portail de ce cimetière en Creuse va être enlevée


 
Laïcité : la croix du portail de ce cimetière en Creuse va être enlevée
    
Claude Guerrier veut remplacer le portail du cimetière pour appliquer la loi de 1905. © Photo Élodie Richert 

    Publié le 09/12/2017 
       
La municipalité de Saint-Sulpice-le-Guérétois (Creuse) souhaite se conformer à la loi de 1905 et retirer la croix du portail du cimetière communal.
 
La laïcité met une croix sur le portail

Sous l'église de Saint-Sulpice-le-Guérétois (Creuse), la porte du four de l'ancienne boulangerie tient lieu de décoration.
Un peu plus haut, devant ladite église, on peut apercevoir une pierre reposoir surmontée d'une croix, tout comme sur une pierre au pied de l'église on peut voir se dessiner une autre croix…
Plus loin dans la rue, le cimetière se dresse, et à l'intérieur, de nombreuses sépultures sont, elles aussi, surmontées de cette croix symbolique…
Cette démarche ne se veut pas polémique, ce n'est pas contre le catholicisme, mais le cimetière est un espace public partagé où tout le monde a accès
Le portail de la partie haute du cimetière, certainement installé entre les années 1930 et 1960 d'après le maire Claude Guerrier, dispose lui aussi d'une croix, que la municipalité souhaite enlever.
Les devis sont envoyés, la croix sera retirée et un nouveau ventail sera mis en remplacement, sans croix.
« Cette démarche ne se veut pas polémique, ce n'est pas contre le catholicisme, prévient Claude Guerrier, mais le cimetière est un espace public partagé où tout le monde a accès, quelles que soient ses croyances, convictions ou absence de croyances ».
D'ailleurs, lorsqu'il a été rendu évident que le portail avait besoin d'un rafraîchissement, le maire avait tout d'abord pensé peindre ladite croix d'une autre couleur…
« Mais quitte à remettre en état, on s'est dit qu'il fallait qu'on remplace pour le même type de portail avec le ventail à côté », explique le maire.
Dans un souci d'appliquer la loi de 1905, tout simplement, sans nuire à un quelconque patrimoine.

 
Un endroit "neutre"
 
« Il faut bien distinguer ce qui est de la responsabilité publique républicaine, la neutralité du service public, continue Claude Guerrier.
Ce que prévoit la loi de 1905, c'est que tout le monde puisse vivre ensemble, que chacun puisse cohabiter ».
Il prend exemple sur l'enseignement laïque prépondérant en France, une des particularités françaises au sein de l'Europe, une école non dirigée par une instance religieuse : c'est l'Histoire de France qui est ici prise en compte, la laïcité et la neutralité comme base de la République.
« Le cimetière est un espace public, la croix a forcément un sens religieux, elle n'est pas synonyme de cimetière. Aujourd'hui, si on va dans un crématorium, il n'y a pas de signe religieux, il y a des fleurs, des oiseaux, mais aucun élément avec une interprétation religieuse directe, en conformité avec la loi », étaye Claude Guerrier.
La municipalité s'appuie donc sur des textes précis, la préfecture a d'ailleurs renvoyé récemment la réglementation en vigueur dans les cimetières, et on y retrouve un article clair : « la neutralité du cimetière ».
Sur les conditions décentes d'inhumation de toute personne décédée « sans distinction de culte et de croyance », mais surtout sur l'article 2213-09 qui « prohibe toute distinction particulière mais ne s'oppose pas à la liberté des religions et coutumes des différents cultes ».
 
Les signes sur les sépultures autorisés
 
En clair, si les signes religieux sont autorisés sur les sépultures, en témoignent les nombreuses croix et chapelles qui émaillent le cimetière, ils ne le sont pas sur l'espace public que représente le cimetière.
Claude Guerrier fait le rapprochement avec l'église, dont la municipalité doit assurer l'entretien extérieur mais pas intérieur.
D'ailleurs, ils envisagent un programme de réhabilitation de l'église, mais « en terme de mémoire pour les générations futures ».
Comme ils continueront d'entretenir le Christ de granit à l'intérieur du cimetière, qui est un élément du Patrimoine, ou encore la croix de Banassat qui « est un élément de l'histoire du village. Mais quand un élément n'est pas à sa place, il faut remédier à la situation qui n'est pas conforme à la loi ».
 
Bref, une simple croix sans histoire enlevée pour « s'en tenir à la loi et pouvoir s'appuyer dessus en cas de besoin ».
 
Virginie Lorthioir

source

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.