Le 27/12/2017
Pascal Célérier
Pour la crèche, les Français devront encore attendre…
Il a osé.
Le Président Macron, contrairement à certains de ses prédécesseurs, a osé prononcer, le soir du 24 décembre 2017, les mots « fatidiques » : « Joyeux Noël ».
Mieux : il a osé les écrire.
Sublime : il les a tweetés.
Héroïque : il les a même adressés « à tous [ses] concitoyens ».
Pour les vacances de Noël, le Conseil d’État peut aller relire les Évangiles de l’enfance et se repasser en boucle tous les Te Deum de notre histoire pour réviser sa jurisprudence sur la laïcité.
Allez, encore un effort, Monsieur le Président, et l’an prochain, vous nous montrez votre crèche, hein, avec Nemo au pied du sapin ?
Laurent Delahousse est aussi impatient que nous.
Le Président a parlé. Il l’a fait.
Il l’a fait en s’associant à son épouse, Brigitte, à la fois dans les pronoms et la signature, mais aussi dans la photo tweetée.
Si, dans le texte, les mots « Président » ou « Élysée » n’apparaissaient pas, l’image ne parlait que de ça, en mettant bien en scène le couple présidentiel, dans une composition aussi étudiée que le portrait de nos mairies : couple centré flanqué de deux colonnes puissantes.
Symétrie partout, avec ce qu’il fallait de son contraire : un bras d’huissier sur la gauche et surtout : Nemo.
Nemo, le chien présidentiel.
Puissant, la queue joyeuse et dressé sur ses pattes arrière, cherchant la tape amicale de ses maîtres. Pourquoi Nemo a-t-il eu droit à ce privilège de nous souhaiter Joyeux Noël, avec le Président, du perron de l’Élysée, sur le tapis rouge ?
Pour briser la symétrie, apporter de la vie et du mouvement au marbre élyséen – « casser les codes », comme on doit dire chez les communicants.
Nemo, pour montrer, avec Brigitte, la vie privée du Président, l’humaniser.
Le couple présidentiel et son chien : une image familiale. Nemo nous a souhaité Joyeux Noël.
Nemo, le si bien nommé… Personne…
Quand j’étais enfant, le samedi après-midi, TF1 diffusait « 30 millions d’amis ».
Aujourd’hui, on a dû dépasser les 40 millions, tant la courbe démographique des chiens, chats, poissons rouges et autres hamsters est sensiblement plus en forme que le 1,9 enfant par femme de la démographie française, et le 1,2 de la femme française d’origine européenne.
Nemo, comme pour remplir un manque.
Et l’on se prend à rêver d’un jeune couple présidentiel entouré de bambins sur le perron de l’Élysée… Non, revenons à nos Nemo.
En général, autour de moi, on offre ou on s’offre chien ou chat quand le couple a décidé de ne plus avoir d’enfant : deux, c’est bien assez comme ça !
Ou quand les enfants grandissent ou partent, à 15, 18 ou 30 ans selon leur degré de « tanguyétude ». Ou quand on ne peut pas en avoir.
Ou lors d’un veuvage.
Ou d’une séparation, d’un divorce.
La dame au petit chien. Et parfois au gros. Et souvent au pluriel…
En matière animale, la famille nombreuse ne fait pas peur…
Le chien pour combler un manque. Rien que de très humain.
Et ce manque et ce chien prennent une telle importance qu’à Noël, selon une très sérieuse enquête réalisée auprès de plus de 3.000 maîtres en France publiée par le site Internet Wamiz.com, 71 % d’entre eux offrent un cadeau à leur chien ou chat à Noël.
Un véritable marché.
Une niche, aussi…
Et nous avions bien compris que M. Macron était d’abord le Président des niches.
Pour la crèche, les Français devront encore attendre…
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