À Pontoise, plus de 80 véhicules ont été brûlés dans le quartier des Louvrais depuis le début avril 2017.
| 31 octobre 2017
Pour reprendre le contrôle de leur quartier victime d’une vague de violences sans précédent depuis six mois, les habitants ont décidé de se mobiliser.
Depuis le mois d’avril 2017, plus de 80 véhicules ont brûlé dans les quartiers des Louvrais et des Cordeliers à Pontoise.
Un chiffre alarmant qui s’ajoute aux rodéos sauvages, aux poubelles incendiées ou aux trafics de drogues en bas des immeubles.
Autant d’événements qui rendent le quotidien des Pontoisiens de plus en plus pénible.
Dernièrement, ce sont les bus qui ont été victimes de plusieurs attaques, notamment des jets de pierres, mais aussi la mise à feu volontaire d’un pneu alors que le chauffeur était encore à l’intérieur. Ces incidents très graves avaient entraîné l’arrêt de la desserte des Louvrais par la Stivo pour préserver la sécurité du personnel et des usagers.
Au mois de juin, la mairie a réclamé la mise en place d’un groupe local de traitement de la délinquance (GLTD), ce que le procureur a approuvé.
Mais depuis cette date, les interventions des forces de l’ordre restent discrètes et rares aux yeux des habitants qui ne voient pas vraiment les choses évoluer.
Alors pour reprendre le contrôle de leur quartier, ils ont décidé de se mobiliser.
Une pétition pour dire « Stop aux incivilités dans les quartiers des Louvrais et des Cordeliers » est mise en ligne ce mercredi sur Change.org
La peur de dénoncer
Apeurés, fatigués et résignés, les habitants appellent à l’aide.
« Je n’ose plus laisser mes enfants seuls, j’ai trop peur qu’il leur arrive quelque chose », souffle une maman sur le banc du parc.
« Moi ça fait 10 ans que je vis ici et ça devient tellement invivable que je pense à partir », enchaîne sa voisine.
Alors que les dégradations continuent de plus belle, chacun y va de son diagnostic.
L’irresponsabilité des parents, le manque de travail, l’exclusion des écoles, la situation précaire… Autant de facteurs qui favorisent la dérive des jeunes du quartier.
« Ils sont rejetés de partout et ne savent pas vers qui se tourner, analyse un habitant du coin. Les parents sont dépassés. »
Parfois interpellés, les adolescents en cause seraient rapidement relâchés, créant un sentiment d’impunité.
« Ils narguent la police, le climat est très tendu », souligne un passant.
Autre problématique récurrente aux Louvrais et aux Cordeliers : la peur de dénoncer.
« C’est toujours les mêmes qui sont dehors à partir d’une certaine heure, reconnaît une trentenaire. Mais il y a la menace des représailles. »
« Si la police m’interrogeait je ne dirais rien, avoue une mère de famille. J’aurais trop peur qu’ils s’en prennent à ma voiture, mon mari ou mes enfants. »
Dans la rue personne n’est pointé du doigt. Pourtant tout le monde acquiesce timidement de la tête d’un air de dire « oui, on sait ».
Fatiha Bougara : « ce n’est pas possible qu’on ne puisse plus sortir en toute sérénité
Sœur de Redouane Bougara, champion du monde de boxe décédé en 1998 et qui a donné son nom à une rue des Louvrais, Fatiha Bougara est à l’origine de la mobilisation citoyenne.
Pontoisienne depuis 43 ans, c’est ici qu’elle a grandi.
Elle a même été conseillère municipale de 2004 à 2007.
En quoi consiste la réaction citoyenne concertée que vous initiez ?
D’abord on lance une pétition pour réclamer plus de moyens au préfet pour que le quartier retrouve sa tranquillité.
C’est aussi pour soutenir le maire qui fait ce qu’il peut mais qui ne peut pas tout résoudre tout seul. Ensuite, on pourra organiser des réunions publiques ou des manifestations sur le terrain pour montrer qu’on n’abandonne pas notre quartier.
Pourquoi avez-vous décidé de réagir contre ces violences ?
J’aime mon quartier.
Mais ça fait bien quatre ou cinq ans que la situation se dégrade ici.
Un soir en repartant de chez mes parents, j’ai ressenti la peur. Et je me suis dit : si moi qui a toujours vécu ici, je ne me sens plus en sécurité, ça devient grave.
Ce n’est pas possible qu’on ne puisse plus sortir en toute sérénité et qu’on ne se sente plus chez nous.
Qu’attendez-vous de la pétition que vous lancez ce mercredi à destination du Préfet ?
Déjà il faut que les forces de l’ordre soient plus présentes, qu’on les voit dans la rue pour que la population soit rassurée et ose sortir de nouveau.
Ensuite, il faudrait que l’Etat travaille avec les bailleurs pour sécuriser l’accès aux immeubles avec des portes blindées et des digicodes fonctionnels.
»
LPSœur de Redouane Bougara, champion du monde de boxe décédé en 1998 et qui a donné son nom à une rue des Louvrais, Fatiha Bougara est à l’origine de la mobilisation citoyenne.
Pontoisienne depuis 43 ans, c’est ici qu’elle a grandi.
Elle a même été conseillère municipale de 2004 à 2007.
En quoi consiste la réaction citoyenne concertée que vous initiez ?
D’abord on lance une pétition pour réclamer plus de moyens au préfet pour que le quartier retrouve sa tranquillité.
C’est aussi pour soutenir le maire qui fait ce qu’il peut mais qui ne peut pas tout résoudre tout seul. Ensuite, on pourra organiser des réunions publiques ou des manifestations sur le terrain pour montrer qu’on n’abandonne pas notre quartier.
Pourquoi avez-vous décidé de réagir contre ces violences ?
J’aime mon quartier.
Mais ça fait bien quatre ou cinq ans que la situation se dégrade ici.
Un soir en repartant de chez mes parents, j’ai ressenti la peur. Et je me suis dit : si moi qui a toujours vécu ici, je ne me sens plus en sécurité, ça devient grave.
Ce n’est pas possible qu’on ne puisse plus sortir en toute sérénité et qu’on ne se sente plus chez nous.
Qu’attendez-vous de la pétition que vous lancez ce mercredi à destination du Préfet ?
Déjà il faut que les forces de l’ordre soient plus présentes, qu’on les voit dans la rue pour que la population soit rassurée et ose sortir de nouveau.
Ensuite, il faudrait que l’Etat travaille avec les bailleurs pour sécuriser l’accès aux immeubles avec des portes blindées et des digicodes fonctionnels.
Le maire se félicite de la démarche
Le maire (LR) de Pontoise qui assure avoir fait « tout ce qui relevait de sa compétence » réclame que l’Etat prenne ses dispositions aux Louvrais.
Vendredi dernier, accompagné de six autres maires de Cergy-Pontoise, il a rencontré le préfet du Val-d’Oise.
« Nous avons tous évoqué la nécessité d’un dialogue plus approfondi entre les maires et l’Etat », souligne Philippe Houillon.
Après que chacun a relaté les difficultés auxquelles il est confronté dans sa commune, « il a été dit par le préfet qu’il fallait faire des efforts au niveau de la communication », poursuit le maire de Pontoise.
« En termes de réponses opérationnelles », l’élu avoue tout de même être « resté sur [sa] faim ».
Alors que les habitants s’engagent dans le combat contre les incivilités dans le quartier, Philippe Houillon félicite la démarche.
« C’est normal que les citoyens se manifestent, explique-t-il. Cela m’aide puisque ces personnes relaient mon message. Et je remarque que la mobilisation comment à faire effet. »
J.M.
Le maire (LR) de Pontoise qui assure avoir fait « tout ce qui relevait de sa compétence » réclame que l’Etat prenne ses dispositions aux Louvrais.
Vendredi dernier, accompagné de six autres maires de Cergy-Pontoise, il a rencontré le préfet du Val-d’Oise.
« Nous avons tous évoqué la nécessité d’un dialogue plus approfondi entre les maires et l’Etat », souligne Philippe Houillon.
Après que chacun a relaté les difficultés auxquelles il est confronté dans sa commune, « il a été dit par le préfet qu’il fallait faire des efforts au niveau de la communication », poursuit le maire de Pontoise.
« En termes de réponses opérationnelles », l’élu avoue tout de même être « resté sur [sa] faim ».
Alors que les habitants s’engagent dans le combat contre les incivilités dans le quartier, Philippe Houillon félicite la démarche.
« C’est normal que les citoyens se manifestent, explique-t-il. Cela m’aide puisque ces personnes relaient mon message. Et je remarque que la mobilisation comment à faire effet. »
J.M.
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